Le riz pour décontaminer l’eau, c’est le défi de ce chercheur de l’université de Pau

Un laboratoire semi-enterré et petits sachets de poudre blanche dans toute la pièce. Sans oublier l’accent hispanique : bienvenue dans l’antre d’Alba Rodriguez Otero. Ce n’est pas l’intrigue d’une série Netflix, mais peut-être le début d’une grande avancée pour la recherche. «C’est de la silice», explique la doctorante en continuant de secouer ses sacs en plastique. Alors pas de panique, « on l’obtient avec du riz. C’est l’aliment le plus consommé au monde. Quand on sait que la silice est inexploitée et qu’elle possède des tonnes de capacités, c’est vraiment dommage. Je voulais y travailler. »


« Avec un kilo de riz, on récupère 300 grammes de cosse. »

Jean-Christophe CHARTRE/SO

Baromètres, densimètres, thermomètres… dans ce laboratoire de l’université de Pau, sur le campus Hélioparc, Alba Rodriguez Otero réalise une thèse sur les bienfaits de cette matière précieuse qu’elle obtient à partir de la balle de riz, c’est-à-dire de ce qui entoure les céréales. « Avec un kilo de riz, on récupère 300 grammes de cosse. Il peut être utilisé pour les biocarburants, mais la silice qu’on y trouve présente également d’autres avantages. », précise l’étudiant d’origine madrilène. « Normalement, les producteurs brûlent la balle de riz. Avant de venir ici, j’ai récupéré un sac de 20 kg à Saragosse. »


Alba Rodriguez Otero a été lauréate du programme européen EDENE, pour la période 2022-2025.

Jean-Christophe CHARTRE/SO

Filtrer les polluants

Exit la fin de vie prématurée de l’enveloppe, c’est à partir de là que le chercheur entre en action. Par pyrolyse, il est capable d’extraire la silice qu’il utilise ensuite pour ses capacités de filtration. En effet – et dans un vocabulaire un peu moins technique que celui du chercheur – la silice agit pour retenir les polluants que les autres techniques de filtrage ne retiennent pas. “C’est comme du charbon actif!” » Mais là aussi précise Alba Rodriguez Otero, le travail qu’elle fait est encore plus concluant. « Le charbon ne retient pas tout. Et cela coûte beaucoup plus cher», argumente le doctorant. Pour ses travaux, la chimiste a été lauréate du programme européen EDENE, pour la période 2022-2025.

Dans le laboratoire de Pau où elle travaille, la jeune femme a installé une petite colonne en verre. Elle y place les eaux récupérées dans des stations de traitement. A la fin du processus de nettoyage, il analyse les matériaux récupérés. « Je passe mes journées à analyser les micropolluants. Il y en a vraiment beaucoup. Il existe 1 000, 2 000 micropolluants, mais on n’en connaît qu’une centaine. »


Le laboratoire est situé sur le campus Hélioparc.

Jean-Christophe CHARTRE/SO

Mettre en pratique

Jusqu’à l’année dernière, Alba Rodriguez Otero travaillait à l’Université de Copenhague, au Danemark. « Pour les soins à l’eau, ce sont les meilleurs », sourit-elle. Elle a pu suivre les conseils d’autres scientifiques spécialisés afin d’approfondir ses recherches. « Sortir ce que je fais ici du laboratoire et le mettre à grande échelle est faisable. Il faut revoir le processus, mais c’est réalisable », soutient la jeune femme. Ses recherches pourraient compléter le traitement des eaux usées pour récupérer des micropolluants auparavant difficiles à filtrer. Et autre avantage de la silice : « On peut la laver pour la réutiliser. »

La chercheuse présentera sa thèse à la rentrée de septembre, avant de poursuivre ses recherches sur le terrain.

 
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