les enjeux de l’AT de Versailles

les enjeux de l’AT de Versailles
les enjeux de l’AT de Versailles

Le tribunal administratif de Versailles a tenu en mars dernier son audience solennelle conjointement avec la cour administrative d’appel. Après avoir baptisé la salle d’audience principale au nom de Marcelle Pipien, la présidente de la juridiction de Versailles, Jenny Grand d’Esnon a fait le point sur l’activité juridictionnelle de l’année 2023 avant de détailler les enjeux de l’année 2024 dont les Jeux Olympiques de Paris 2024. Une nouvelle année qui est aussi synonyme de transition pour la cour administrative d’appel. Son président, Terry Olson, a participé à sa dernière audience officielle, lui qui a quitté ses fonctions en avril. Le tribunal secondaire connaîtra également une réduction de son nombre de salles durant l’été.

Nicolas Dentri

L’heure était au bilan pour les juges administratifs de la Cité Royale. Le tribunal administratif et la cour administrative d’appel de Versailles ont tenu conjointement leur audience solennelle lundi 11 mars 2024. Face à de nombreuses personnalités et autorités de la sphère administrative, politique, judiciaire et civile des Yvelines, les présidentes Jenny Grand d’Esnon ( TA) et Terry Olson (CAA) sont revenus dans leur discours sur l’activité de leurs juridictions respectives en 2023 avant de se projeter sur les objectifs et les défis attendus pour l’année 2024.

Le président du tribunal administratif de Versailles a d’abord tenu à mettre en avant les échanges quotidiens entre la direction et l’ensemble des 88 personnes qui travaillent au tribunal. « La cohésion d’équipe fait l’objet de toute l’attention de l’équipe de direction du tribunal autour d’Isabelle Dely et de moi-même. Nous nous réunissons chaque mois. Et chaque mois aussi, le dialogue se poursuit avec nos collègues représentants syndicaux. Ce travail en commun conditionne la sérénité des équipes et donc la justice rendue », consacre Jenny Grand d’Esnon dès le début de son propos.

Tribunal administratif de Versailles : l’égalité professionnelle comme priorité

A l’image de la direction de l’institution judiciaire administrative de Versailles avec deux femmes à sa tête, 63 % des postes à responsabilité sont occupés par des femmes : cinq présidentes et quatre présidentes pour les neuf chambres existantes. Les deux corps du tribunal administratif sont majoritairement féminins, avec 39 femmes greffières sur un total de 44 et 25 femmes magistrats sur les 39 que compte le tribunal.

Pour accompagner ce mouvement, le Conseil d’État positionne cette question comme prioritaire en demandant aux tribunaux de mettre en place des dispositions sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. En marge de l’audience solennelle, le vice-président du tribunal administratif de Versailles a confirmé à la presse que cette thématique constitue un axe de travail majeur. « Le chef de juridiction est très attentif lorsqu’une personne demande un travail à temps partiel. Nous les accordons régulièrement. Tout le personnel n’est pas à 100%. Nous recherchons un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et sommes attentifs à la parentalité. Cette sensibilité à la qualité de vie au travail s’est développée au fil du temps », souligne Isabelle Dely.

Dans l’organisation du tribunal administratif de Versailles, la direction a décidé de ne programmer aucune audience le mercredi. Ils ont lieu le reste de la semaine : lundi, mardi, jeudi et vendredi. Si, au niveau national, plus de 8 % des femmes travaillent à temps partiel, il y en a 18 à Versailles, ce qui représente 28 % des femmes sur le territoire. « Lorsque les femmes prennent des congés ou travaillent à temps partiel, il y a un ralentissement de leur carrière et un écart salarial se crée car c’est le temps de travail qui est pris en compte. Ce phénomène explique aussi la différence de traitement dans les carrières des femmes », explique le vice-président de la justice administrative de la Cité Royale. Signe qu’il reste encore des défis à relever en matière d’égalité professionnelle.

Jenny Grand d’Esnon : « Le niveau global des saisines en urgence a plus que triplé depuis 2019 »

Après la gestion des équipes, le président du tribunal administratif de Versailles est revenu sur les chiffres du contentieux de l’année 2023. Avec près de 10 400 nouveaux dossiers enregistrés, le nombre de requêtes a augmenté de 12% par rapport à 2022. En revanche, les dossiers de plus de deux ans représentent 6% du stock total de la juridiction sachant que le délai moyen de jugement est de 7 mois et 16 jours. « En 2010, 25 % des litiges dataient de plus de deux ans », rappelle la présidente dans son discours. Au total en 2023, 10 184 dossiers ont été jugés, caractérisés par une augmentation de 63% des dossiers traités en urgence.

« Le niveau global des références urgentes a plus que triplé depuis 2019. La tendance est donc significative. Parmi les jugements en référé importants jugés l’année dernière, celui introduit par le barreau de Versailles relatif aux conditions de détention à la prison de Bois d’Arcy », précise Jenny Grand d’Esnon lors de l’audience formelle. Une activité quotidienne pour la salle numéro 3 de la juridiction. Globalement, les référés sont orientés vers les litiges portant atteinte aux libertés publiques. « La crise du Covid a grandement développé les connaissances des juges administratifs. Nous sommes un peu victimes de notre succès. Il faut analyser et juger ces dossiers très rapidement», précise Isabelle Dely. Toutefois, la grande majorité des dossiers traités en urgence concernent les droits des étrangers.

L’impact du droit de l’immigration sur l’avenir du contentieux des étrangers

En 2023, 50 % des contentieux au tribunal administratif de Versailles concernaient le traitement de la situation des étrangers avec des questions de permis de séjour et de travail, d’expulsions ou encore d’extraditions. Une activité à temps plein pour la salle numéro 2 de l’institution judiciaire administrative de Versailles. « Chaque jour, les procédures d’éloignement sont jugées, qui atteignent en 2023 un peu plus de 1.750 dossiers, soit 33 par semaine et 7 par jour ouvrable. C’est un axe fort de notre activité avec la présence de deux centres de détention sur le territoire : l’un à Plaisir et l’autre à Palaiseau », explique le président.

Les contentieux liés aux étrangers devraient évoluer en 2024, notamment suite au vote et à l’entrée en application de la loi n° 2024-42 du 26 janvier 2024 visant à contrôler l’immigration et à améliorer l’intégration. « Cela va bouleverser toute l’organisation et remettre en question la taille du tribunal, notamment la politique des convocations constantes qui est une inconnue, ce serait près de 60% des demandes d’éloignement concernant ceux dont le droit d’asile a été débouté, soit près de 10 %. de l’activité du tribunal qui passera d’un juge unique à une formation collégiale», souligne Jenny Grand d’Esnon dans son discours. Pour compléter les propos de son chef de juridiction, la vice-présidente, Isabelle Dely apporte certains détails : « Nous nous interrogeons car nous sommes au début de la mise en œuvre de cette loi. Nous aurons sûrement besoin de personnel supplémentaire au niveau des magistrats et du greffe. Une nécessité par rapport à d’autres contentieux, d’autant plus à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024.

L’enjeu des Jeux Olympiques de Paris 2024 pour le tribunal administratif de Versailles

Les Yvelines seront au cœur des Jeux Olympiques avec cinq sites olympiques : le Vélodrome National, la piste de BMX, la colline d’Élancourt, le Golf National et le Château de Versailles. Plusieurs épreuves auront lieu entre Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles dans ces lieux pendant la quinzaine olympique. Les services de l’État œuvrent jusqu’au dernier moment pour assurer la sécurité et permettre le bon déroulement de ces Jeux Olympiques dans les Yvelines.

Qualifié de « véritable défi » par la présidente Jenny Grand d’Esnon, il est difficile de prévoir aujourd’hui l’activité du tribunal administratif de Versailles, en amont de cet événement, au regard des différentes interdictions et restrictions qui seront mises en place par l’État. . « Il est encore difficile de connaître exactement les impacts et les conséquences de la présence des cinq sites olympiques sur la vie quotidienne des Yvelinois. Nous sommes néanmoins en ordre de bataille. Il y aura des questions sur la vidéosurveillance, sur les interdictions de circuler. De nombreux sujets devraient relever de notre compétence. Nous avons doublé les effectifs des équipes durant l’été pour pouvoir juger très rapidement», explique Isabelle Dely pour compléter le discours de sa présidente lors de l’audience solennelle. En 2023, les Jeux olympiques ont déjà eu un impact sur l’activité du tribunal, notamment avec le litige lié aux logements étudiants réquisitionnés par le Crous.

La transition de la cour administrative d’appel de Versailles

L’année 2024 représente une transition pour la cour administrative d’appel de Versailles. Tout d’abord, le président Terry Olson a passé le relais après sept années de service à la tête de la juridiction. Une période durant laquelle il a préparé le passage de six à cinq pièces à l’été 2024. Après avoir précisé que les chambres “avaient déjà été réduites de sept à six pièces en 2021”, suite à la décision du Conseil d’Etat, le chef de l’Etat la cour administrative d’appel de Versailles est revenue sur les préparatifs de cette évolution lors de sa dernière audience solennelle.

« Anticipant cette réduction, la cour a engagé une réflexion interne très approfondie qui a abouti à la rédaction d’un rapport explorant les différents modes d’organisation », précise le président qui a organisé une consultation des magistrats et des greffiers de la cour d’appel pour construire un projet de réforme interne baptisé CAP 25. Ce consensus a permis de répartir les affaires entre les cinq futures chambres et de renforcer le centre des affaires étrangères qui devra traiter en moyenne entre 1 200 et 1 700 dossiers chaque année.

Dans sa dernière intervention à la tête de la juridiction, Terry Olson est également revenu sur la démarche de la cour administrative d’appel de Versailles. Un dossier qu’il porte depuis son arrivée au sein de la juridiction qui envisage de construire un nouveau siège au sein du futur Campus Lesseps qui s’inscrit dans le cadre de la restructuration du site actuel du rectorat de Versailles. “Les discussions ont débuté en 2016. Il est donc plus que temps qu’un projet robuste soit retenu cette année donnant au tribunal un bâtiment approprié et digne en vue d’un déménagement effectif qui ne sera pas reporté au-delà de 2027”, souligne Terry Olson qui a ensuite rendu hommage. à tout le personnel de la Cour et du tribunal administratif pour ces sept années de collaboration quotidienne.

 
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