Doctolib ou le désert médical pas si sec de Charente

Doctolib ou le désert médical pas si sec de Charente
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« Plutôt sept à dix jours chez nous », selon Étienne Michaud, médecin généraliste des Terres-de-Haute-Charente, qui compte à lui seul 1 832 patients pour lesquels il est déclaré médecin traitant. « Pour un renouvellement d’ordonnance ou un certificat, la moyenne observée sur notre territoire est même d’un mois. Et encore, il faut déjà être dans un parcours de soins», analyse Gilles Raymond.

C’est l’un des premiers biais de cette étude, analysé par les chercheurs eux-mêmes : elle ne prend pas en compte les patients non déjà suivis, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de médecin. traitement et ne trouve pas de place disponible au bureau. « Des gens qui, faute de médecin, abandonnent et qui se retrouvent ensuite dans une situation d’urgence avec des délais de prise en charge considérables », poursuit Gilles Raymond.

Plutôt sept à dix jours pour un rendez-vous chez un médecin généraliste

Ces « cartes de d’accès aux soins » montrent une nouvelle fois les colossales disparités territoriales du pays. Si la Charente ne semble pas être à la traîne, c’est aussi parce que le nombre de médecins référencés sur Doctolib est faible. C’est l’autre biais important de cette étude : seuls les patients qui prennent rendez-vous chez des praticiens référencés sur Doctolib sont comptabilisés. Soit, en Charente, seulement sept dentistes sur plus d’une centaine. Un quart des cardiologues. Et pas d’ORL.

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« Ce qui rend cette étude pas du tout représentative », selon Christelle Bonne, présidente de l’Ordre national des chirurgiens dentistes de Charente. « Trop résumé », pointe Jean-Luc Girault, de l’UFC Que-Choisir. « La réalité, c’est aussi les gens qui demandent à un proche ou à un voisin de prendre rendez-vous pour eux. Doctolib ou même Internet ne font pas partie de leur quotidien.»


Le médecin généraliste Gilles Raymond juge l’étude non représentative de la réalité de la situation en Charente.

Un constat confirmé par Xavier Rucquois, médecin généraliste à Massignac : « Il est impossible pour moi ou pour plusieurs confrères ruraux de passer à Doctolib. Cela exclurait encore davantage une grande partie de nos patients», souligne le médecin, qui rappelle que sa ville est privée d’Internet depuis début avril.

Doctolib, c’est un peu l’organisation Amazon de la médecine.

« La plateforme est un peu boudée, reconnaît Gilles Raymond. « Notamment à cause de son coût. Et puis Doctolib, c’est un peu l’organisation Amazon de la médecine. Si nous voulons que cela fonctionne bien, nous devons ajouter des options. «Leurs pratiques commerciales sont assez incisives», confirme Étienne Michaud. « Et il n’y a pas de contrat. Une fois que nous avons construit toute notre organisation autour de cet outil, la facture augmente et le piège se referme.

Faute d’un nombre suffisamment représentatif de médecins charentais, aucune date limite n’est prévue dans l’étude pour une majorité de spécialités médicales. Mais la réalité demeure. « 6 semaines à 2 mois pour obtenir un rendez-vous, et c’est pire chez mes confrères », annonce Jacky Cuzzi, pédiatre de La Couronne, contraint chaque jour de refuser des demandes. “Et je me garde quelques créneaux d’urgence puisque le service de pédiatrie Girac ne répond plus.”

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A Vars, l’ORL installé il y a quatre mois n’est plus disponible. Chez le dentiste de Saint-Fort-sur-le-Né, il faut attendre un à six mois avant une intervention. A Ruffec, « il faut rappeler en juin, mais vous n’aurez de rendez-vous qu’en septembre », précise le secrétariat du cabinet de dermatologie. Et si vous souffrez d’un problème cardiaque, d’un trouble bipolaire, ou des deux, mieux vaut vous faire transporter en Gironde, où les délais de livraison sont les plus attractifs de la région. «On ne peut rien faire d’autre qu’envoyer certains de nos patients consulter des spécialistes ailleurs», convient Étienne Michaud, dont le champ de pratique se situe dans la région de Saint-Junien et de Limoges. « Pour le suivi ORL des enfants, je dois les envoyer à Bordeaux, Saintes ou La Rochelle », confirme Jacky Cuzzi.

Médecine sans frontières. « Nous faisons aussi de plus en plus un travail de spécialistes », poursuit le médecin généraliste des Terres-de-Haute-Charente. « Grâce à la plateforme Omnidoc, j’ai par exemple pu être guidé par un hématologue pour un patient qui perdait du sang. C’est aussi l’une des conclusions de l’étude : la téléconsultation semble trouver sa place. «Mais cela se fait bien sûr au détriment des créneaux prévus au bureau», précise Gilles Raymond. « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part », écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Mais où ?

(1) L’étude est disponible sur https://www.jean-jaures.org/publication/

Agenda en ligne : un remède utile

Maiia, Ubiclic, Allodocteur, etc. Les plateformes de prise de rendez-vous médicaux en ligne sont légion, et permettent souvent de soulager les secrétaires pour apporter une assistance médicale dans certains cas. «On s’y lance, les familles aussi», reconnaît Étienne Michaud, médecin généraliste aux Terres-de-Haute-Charente. « Nous avons choisi Doctodispo car il était compatible avec notre logiciel de tracking initial. Les collègues de Confolens utilisent Keldoc.
Certains praticiens utilisent presque exclusivement ces outils de gestion de calendrier. Et avec succès. Ludwig Ait Slimane, ENT basé à Vars depuis janvier, n’a plus de créneau disponible sur Clickdoc. Pour prendre rendez-vous par téléphone, mieux vaut ne pas rater le créneau : c’est mardi de 9h à 10h. Le Dr Cuzzi, pédiatre à La Couronne, est très satisfait de Doctolib et de sa flexibilité. « J’ai à tout moment une soixantaine de personnes sur liste d’attente. En prenant rendez-vous pour deux mois, il est bien entendu possible que le patient ait finalement un empêchement. Lorsqu’il annule, tout le monde reçoit une alerte indiquant que le créneau devient disponible.

 
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