comment est mesuré le littoral chaque année après l’hiver, au centimètre près

comment est mesuré le littoral chaque année après l’hiver, au centimètre près
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L’L’écran de contrôle GPS différentiel rend son verdict. A quelque distance des vagues qui meurent sur le versant de la plage de la Pointe, au sud de Capbreton, elle a une altitude de 2,96 mètres. « La mesure est précise au centimètre près », assure Nicolas Bernon, chef de projet de l’Observatoire du littoral de Nouvelle-Aquitaine (OCNA) qui travaille au BRGM, Bureau de recherches géologiques et minières.

Ce 26 avril, une batterie d’informations est stockée sur ce profil de la côte du sud des Landes. Un profil ? En langage NACO, il s’agit d’une ligne droite perpendiculaire au rivage qui part du bord de l’océan et se termine dans la forêt, quelques deux cents mètres plus loin. Mètre par mètre, Marie Branelec et Zoé Bleunven, les deux techniciennes en charge du BRGM, enregistrent les données du signal satellite. Le pied de la dune côtière est soigneusement balisé. C’est lui qui marque l’emplacement du littoral. Sur les rivages rocheux, c’est le sommet de la falaise.

Chaque année à la sortie de l’hiver, l’Observatoire documente 185 profils côtiers, de la frontière espagnole au sud jusqu’à l’estuaire de la Gironde au nord : une soixantaine pour la côte sableuse, le même nombre pour la côte rocheuse, et pas moins de 66 pour le seul bassin d’Arcachon, dont onze sur l’Île aux Oiseaux. Cette année, la campagne se déroule du 8 avril au début juin, avec quelques profils par jour. En Charente-Maritime, l’Université de La Rochelle réalise des travaux similaires, en partenariat avec le Département.

Équipement arrière

L’OCNA a lancé des enquêtes systématiques de terrain depuis 1998. Elles sont mises en ligne sur le site Internet de l’Observatoire, à destination des équipes de recherche, des décideurs et du grand public. Avec une vision rétrospective de vingt-cinq années de données issues des mêmes profils, les experts peuvent déterminer les mouvements du littoral dans la région depuis le début du siècle. Sans surprise, il recule, à La Pointe comme ailleurs.


L’écran de contrôle affiche l’altitude précise du point de contrôle.

Nathalie GUIRONNET/SO

« L’érosion a été forte durant l’hiver 2013-2014. Il y a eu une phase calme, puis la baisse a repris depuis 2019-2020. Cet hiver, la combinaison des tempêtes et des coefficients de marée élevés a eu un impact important», estime Nicolas Bernon en tournant son regard vers la dune côtière qui présente par endroits un profil de falaise, signe des travaux de sape sur l’océan dont les vagues viennent heurter franchi l’obstacle et arracha des mètres cubes de sable.

Chargé de mission littoral à la commune de Capbreton, Cyrille Gayer suit les opérations avec intérêt. La mesure exacte du phénomène d’érosion est d’une importance capitale pour les communautés locales. A la Pointe, les compteurs rongés par l’océan sont d’autant plus scrutés qu’une station d’épuration est installée à quelques encablures de la plage. Elle traite la majorité des effluents de Capbreton et de Soorts-Hossegor. « Il faudra un jour le déplacer. Nous nous donnons un horizon 2040 », dit-il. Des études sont lancées sur le sujet depuis 2019. Plus en arrière, un lotissement et un camping seront un jour touchés par le déclin inexorable du littoral, qui s’aggravera sans doute dans les décennies à venir, en relation avec la montée du niveau de la mer. .

Observations visuelles

Une fois les travaux terminés à La Pointe, l’équipe de l’Observatoire a migré quelques kilomètres plus au nord, vers la plage de La Piste, pour y répéter les opérations. Là, la falaise côtière est encore plus évidente. Aux mesures satellitaires, Marie Branelec et Zoé Bleunven ajoutent des observations visuelles. Il peut s’agir d’une berme, d’une crête de sable, recueillie là par la houle, et qui s’épaissit au fond de la plage. D’un banc de sable au fond de la plage où une maigre végétation tentera de s’enraciner, à l’abri des vagues. L’état de la dune blanche, soumise à un transport incessant de sable, est constaté. Puis celle de la dune grise, plus stable et plus végétalisée.

En parallèle de l’inventaire du printemps, l’OCNA réalise chaque automne depuis 2016 un levé LIDAR de la côte sableuse de la région. Cet outil de télédétection par faisceau laser est embarqué à bord d’un avion. « Il a l’avantage de couvrir toute la zone côtière mais il ne nous apporte pas les informations géomorphologiques que l’on obtient en allant sur le terrain », résume Nicolas Bernon. les deux ans, à la fin du printemps, des photos sont également prises depuis un ULM dont le vol suit le ruban côtier. Dotée de cet arsenal, l’OCNA peut suivre l’évolution du littoral année après année et saison par saison.

Ce suivi à long terme est indexé sur le cycle du sable qui obéit à quelques grands principes. Le stock de plage est érodé par les houles très énergiques de l’hiver, puis il est ramené à terre par les conditions de mer plus calmes du printemps et de l’été. Les tempêtes qui surviennent tout au long de la mauvaise saison perturbent le jeu. Du coup, ils peuvent submerger les plages, entailler les dunes côtières sur plusieurs mètres et menacer les biens. Le réseau tempête OCNA les surveille de près. Il est désormais capable de calculer un « indice d’érosion » sur cinq jours, en prévision des dégâts qu’un événement produira sur la bande côtière. « Là aussi, c’est un outil d’aide à la décision. Pour émettre un ordre de danger sur un immeuble ou interdire l’accès aux plages avant l’arrivée d’une tempête par exemple », explique-t-on à l’Observatoire.


Zoé Bleunven, Nicolas Bernon et Marie Branelec sur la crête dunaire de la plage de La Piste, à Capbreton.

Nathalie GUIRONNET/SO

Un Observatoire depuis 1996

L’Observatoire de la Côte Aquitaine a été créé en 1996. Désormais à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine, la zone côtière étudiée s’étend jusqu’à la Baie de l’Aiguillon, limite nord de la Charente-Maritime. Le réseau scientifique est financé par l’Europe, l’État, la Région, les quatre départements côtiers (Charente-Maritime, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques), le Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (Siba), le BRGM et l’Office National des Forêts. (ONF). Le BRGM et l’ONF sont les deux opérateurs techniques. L’Observatoire travaille avec les universités de la région et les organismes publics comme le Conservatoire du littoral.

 
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