Un de nos photographes a parcouru les rues de Québec, en pleine nuit, et a capturé une série d’édifices gouvernementaux dont les bureaux brillaient encore dans l’obscurité.
La nuit, à travers les fenêtres de l’édifice où se trouve le Secrétariat du Conseil du Trésor, on pouvait voir les bureaux éclairés comme s’ils étaient en pleine journée de travail. Mais aucun responsable n’était en vue. (Steve Jolicoeur/Collaboration spéciale)
Dans la nuit de jeudi à vendredi, à 3 h 10, les lumières de l’édifice abritant le Secrétariat du Conseil du Trésor, sur la Grande-Allée, étaient allumées à presque tous les étages. À travers les fenêtres, on pouvait voir les meubles, les chaises, les ordinateurs et les plantes, éclairés comme s’ils étaient en pleine journée de travail. Mais aucun responsable n’était en vue.
Un samedi, à 3 h 45, l’édifice Honoré-Mercier, qui abrite le Conseil exécutif, sur le boulevard René-Lévesque, était tout illuminé. Les quatre étages étaient éclairés pour les travailleurs absents.
Un samedi, à 3 h 45, l’édifice Honoré-Mercier, qui abrite le Conseil exécutif, était tout illuminé. Les quatre étages étaient éclairés pour les ouvriers… absents. (Steve Jolicoeur/Collaboration spéciale)
À l’édifice de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), sur l’avenue d’Estimauville, la plupart des bureaux étaient encore éclairés un mercredi soir, à 23 h 10. De la rue, on pouvait voir des néons briller sur les plafonds des sept étages. Mais ici et là, quelques espaces de travail semblaient plongés dans l’obscurité ou camouflés par des volets noirs.
Lors de plusieurs autres visites de notre photographe en mars, les bureaux de la CNESST sont également restés éclairés plus tard dans la nuit.
Nettoyage, sécurité et éclairage de secours
La Société québécoise des infrastructures (SQI), qui gère le portefeuille immobilier du gouvernement, assure néanmoins fermer ses lumières la nuit, sauf lors des opérations d’entretien ménager et du passage des agents de sécurité.
Selon l’horaire en vigueur à l’édifice du Conseil exécutif et à l’édifice du Secrétariat du Conseil du Trésor, l’éclairage est normalement allumé jusqu’à 23 h 59, indique Anne-Marie Gagnon, porte-parole de la SQI. Par la suite, entre 24 heures et 6 heures, l’éclairage s’éteint automatiquement toutes les heures, lorsqu’il a été ouvert manuellement lors des rondes de garde.
La SQI assure prôner la réduction de la consommation d’énergie. Elle indique avoir déployé, dans la grande majorité de son portefeuille immobilier, des systèmes d’automatisation et de contrôle, notamment pour le chauffage, la ventilation, la climatisation et l’éclairage.
À l’édifice de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), la plupart des bureaux étaient encore éclairés un mercredi soir à 23 h 10. Lors de plusieurs autres visites de notre photographe en mars, les bureaux sont également restés éclairés plus tard. la nuit. (Steve Jolicoeur/Collaboration spéciale)
La CNESST, propriétaire de son siège social, indique que les lumières du bâtiment doivent demeurer allumées à certains étages la nuit. « Notamment pour les rondes de sécurité qui peuvent avoir lieu en alternance tout au long de la nuit et pour la maintenance qui s’effectue tout au long de la soirée, jusqu’aux environs de minuit », précise Antoine Leclerc-Loiselle, porte-parole de la CNESST.
Le siège social de la CNESST à Québec est équipé d’un système d’éclairage automatisé, qui régule l’allumage et l’extinction des lumières pendant la journée. Mais il n’y a pas de directive précise concernant l’éclairage la nuit, selon M. Leclerc-Loiselle.
Après avoir envoyé nos questions à la CNESST, notre photographe a remarqué que les lumières du bâtiment sont désormais éteintes beaucoup plus souvent la nuit.
“Casser”
En mars, le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déclaré que les Québécois sont « les derniers de la classe » en matière de consommation responsable d’énergie. « Il faut adopter des mesures d’efficacité énergétique et de sobriété », a argumenté le ministre.
Pour André Legault, ingénieur spécialisé en efficacité énergétique chez Martin Roy et Associés, le fait que les édifices gouvernementaux restent éclairés la nuit constitue une forte incohérence aux yeux des citoyens.
“C’est quelque chose que tout le monde peut observer et se rendre compte qu’il y a un petit écart entre ce qui se passe sur le terrain et les orientations politiques.”
— André Legault, ingénieur spécialisé en efficacité énergétique
Cependant, ajoute-t-il, la charge énergétique de l’éclairage dans les bâtiments gouvernementaux est relativement faible par rapport à celle du chauffage et de la climatisation, par exemple. « La partie éclairage, je la vois un peu comme la partie visible, précise-t-il. C’est la pointe de l’iceberg en matière d’efficacité énergétique.
L’éclairage représente entre 10 et 20 % des coûts énergétiques d’un bâtiment, explique-t-il. «Il n’y a pas de gains énormes à faire là-bas», a déclaré M. Legault. “C’est simplement le signe que l’exploitation des bâtiments peut être grandement améliorée.”
André Legault réclame une plus grande transparence des bâtiments en matière de performance énergétique au Québec.
Il cite l’exemple de New York où, depuis octobre 2020, près de 40 000 bâtiments de plus de 2 300 m² doivent afficher une classe énergétique allant de A à F, basée sur leur performance ENERGY STAR. Les bâtiments les plus performants reçoivent la lettre A, tandis que les bâtiments les moins performants reçoivent la lettre F.
Depuis cette année, les bâtiments new-yorkais doivent respecter les limites d’émissions de gaz à effet de serre sous peine de lourdes amendes.
Les édifices fédéraux brillent à Ottawa-Gatineau
À Ottawa et à Gatineau, où travaillent de nombreux fonctionnaires fédéraux, la situation diffère d’un édifice gouvernemental à l’autre. Certaines émettent très peu de lumière le soir. D’autres, comme la phase IV de la place du Portage et de la place Vincent Massey, dans le secteur de Hull, font partie des bâtiments qui brillent assez intensément dans le ciel la nuit.
À Gatineau, la phase IV de la Place du Portage fait partie des édifices fédéraux qui brillent la nuit. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)
Un porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada affirme que l’éclairage s’éteint automatiquement vers 18 heures « dans la plupart des bâtiments ».
Le ministère fédéral affirme éteindre « les lumières non essentielles, si possible, en dehors des heures de travail ».
L’éclairage peut également être maintenu pour des activités en dehors des heures normales de travail, notamment des travaux de construction ou d’entretien.
Les lumières sont allumées sur la plupart des étages de la place Vincent Massey à Gatineau, où se trouve Environnement Canada, jusque tard dans la soirée. (Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit)
Dans le cas précis de la place Vincent Massey à Gatineau – où est basé Environnement Canada – les lumières « sont généralement allumées jusqu’à 23 heures, car le nettoyage du bâtiment a lieu le soir », indique Services publics et Approvisionnement Canada. Une fois le nettoyage terminé, les lumières de secours restent allumées.
“Ces lumières sont situées le long du périmètre de chacun des étages, ce qui peut donner l’impression, de l’extérieur, que toutes les lumières sont allumées, alors que ce n’est pas le cas”, précise-t-on. .
Les autorités fédérales indiquent également que les exigences techniques actuelles en matière de « conception économe en énergie » des systèmes et commandes d’éclairage ne s’appliquent pas rétroactivement aux bâtiments existants.
