le dernier bulletin produit dans la région sera diffusé le 17 mai

C’est la première fois depuis l’ouverture du studio de télévision CJPM en 1963 qu’il n’y aura plus de production à Chicoutimi. C’est tout un pan de l’histoire médiatique régionale qui s’effondre, provoquant l’émotion chez plusieurs salariés et ex-salariés, qui vivent cet événement comme un deuil.

C’est également le cas de Sonia Lavoie, qui travaille à la station depuis 30 ans, mais qui a pris un congé de quelques mois sans solde pour enseigner à l’École supérieure en art et technologie dans les médias (ATM).

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Ces dernières semaines, des équipements tels que des écrans et des caméras ont été rapatriés vers les studios québécois. (Courtoisie)

« Je voulais venir voir quand le démontage avait commencé, mais j’ai changé d’avis, car je savais que la journée allait être difficile après, que ça allait me faire beaucoup de peine. J’ai parlé avec des collègues là-bas et ce fut une journée extrêmement difficile pour eux. Nous savions que ça allait se fermer, mais c’est comme si quelque chose de concret se produisait soudainement.

— Sonia Lavoie, présentatrice de TVA Saguenay-Lac-Saint-Jean

Même son de cloche chez sa collègue Kate Tremblay, journaliste depuis près de 16 ans à TVA. Elle a également pris un congé sans solde pour enseigner à ATM et reste attristée par ce démantèlement.

« Voir 60 ans d’histoire effacés du jour au lendemain me rend très triste. Je me sens mal pour ma profession, je me sens mal aussi de voir à quel point l’industrie des médias va mal au Québec», mentionne-t-elle, ajoutant qu’elle fait partie des chanceuses à avoir conservé leur poste. .

Dans le noir

En novembre 2023, le coup de marteau tombe. Quebecor annonce la mise à pied de 547 employés dans les salles de nouvelles de TVA, et le studio du Saguenay–Lac-Saint-Jean n’est pas à l’abri de ces coupures. A la fin de l’opération, il ne restait plus que quatre journalistes et deux cameramen pour constituer un bureau journalistique.

« La décision a été annoncée rapidement avant les vacances. Ça a surpris tout le monde», se souvient Sonia Lavoie.

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Sonia Lavoie travaille à TVA Nouvelles Saguenay-Lac-Saint-Jean depuis près de 30 ans. Elle occupe le poste de présentatrice depuis une dizaine d’années, mais a pris un congé sans solde pour aller enseigner à ATM. (Facebook)

La direction leur a alors annoncé qu’ils seraient prochainement informés des prochaines étapes, et ce n’est que ce mardi, lors de la venue des dirigeants, qu’ils sauront quoi faire.

« Moins d’un mois avant cette transition, nous saurons enfin quelles en seront les modalités. En cours de route, on ne nous a jamais dit comment ça allait se passer », raconte Kate Tremblay. Je suis content parce qu’on va enfin mettre les choses au clair et ça va me permettre de me positionner par moi-même dans ma réflexion personnelle sur mon avenir.

Il y a cependant une bonne nouvelle dans ce triste événement puisqu’il semble que tous les journalistes « en déplacement » de la station conservent finalement leur emploi.

«Les patrons ont réalisé que le Saguenay–Lac-Saint-Jean est une grande région et qu’il fallait des journalistes partout», souligne le présentateur. Son congé se termine le 3 juin et elle ne sait pas encore quel sera son poste lorsque les bulletins ne seront plus produits dans la région.

Une nouvelle façon de travailler

À compter du 20 mai, les nouvelles de la région ne seront plus lues par des visages familiers, mais par un lecteur québécois. Selon les informations dont dispose Sonia Lavoie, le nouveau format serait composé d’un bulletin avec une partie réseau et une section locale, alors que le format actuel offre 30 minutes d’information de la région, entrecoupées de quelques reportages nationaux.

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Lorsque les compressions ont été annoncées, de nombreuses personnes se sont rassemblées pour manifester leur soutien et leur inquiétude quant à l’avenir de l’information régionale. (Rocket Lavoie / Le Quotidien/Archives Le Quotidien)

“Je pense que l’information régionale sera préservée grâce à la puissance des équipes sur la route, car elles seront très nombreuses et comme elles ne produiront pas de bulletins d’information, je crois qu’elles auront plus de temps pour couvrir l’actualité”, elle dit. Mais nous aurons moins de temps d’antenne alloué au Saguenay–Lac-Saint-Jean dans le bulletin qui sera diffusé.

Moins de temps d’antenne pourrait aussi signifier que les journalistes produisent des contenus qui ne sont pas diffusés, mais l’enseignant ne s’en inquiète pas. Elle pense notamment que l’objectif derrière tout cela est que les journalistes traitent le contenu du jour pendant que d’autres travaillent plus en profondeur sur l’actualité pour produire des reportages plus documentés.

« Ce que nous n’avions pas le temps de faire car nous étions une petite équipe qui devait également assurer un bulletin d’information », ajoute-t-elle.

De son côté, Kate Tremblay espère que ces changements et cette centralisation n’auront pas d’impact sur la représentativité de la région dans la sphère médiatique.

« Depuis l’annonce, il n’y a eu aucun changement tangible. J’ai l’impression que les gens ont oublié, qu’ils se disent que rien ne va changer, alors qu’à partir du 17 mai, les choses vont changer.

— Kate Tremblay, journaliste à TVA Saguenay-Lac-Saint-Jean

Tristesse et inquiétude

Tristesse et inquiétude, voilà les deux mots qui résonnent lorsqu’on demande aux deux femmes ce qu’elles ressentent. Pour Kate Tremblay, c’est la fin d’une époque qui a bercé son enfance.

>>>Kate Tremblay est journaliste à TVA Saguenay-Lac-Saint-Jean depuis maintenant près de 16 ans. Elle est triste de la voir >>>

Kate Tremblay est journaliste à TVA Saguenay-Lac-Saint-Jean depuis maintenant près de 16 ans. Elle est attristée de voir disparaître sa « TVA traditionnelle ». (Kate Tremblay)

« Je vois ma TVA traditionnelle disparaître. C’était un peu ma famille, c’était le rêve de ma petite fille d’aller y travailler. Je n’aurai plus mon traditionnel TVA avec Sonia Lavoie qui vient me livrer mes informations dans mon salon, ce ne sera plus pareil. Et même si les journalistes restent, il y a un petit quelque chose qui ne sera pas là”, confie-t-elle.

En perdant cette proximité, elle craint aussi une diminution du sentiment d’appartenance et, par la même occasion, une perte d’audience.

« Depuis que je suis en permission, on m’arrête dans la rue et on me demande où je suis. Les gens nous reconnaissent, nous nous sentons proches d’eux car nous avons le privilège d’avoir une porte d’entrée dans leur cuisine ou leur salon. Vont-ils encore ressentir ce fort sentiment d’appartenance avec cette nouvelle production ? elle interroge.

Pour Sonia Lavoie, c’est la menace de nouvelles coupures qui plane sur ce nouveau bureau journalistique comme une épée de Damoclès qui lui fait craindre le pire.

« Tout le monde est inquiet. Puisque nous sommes un bureau de journalisme, si les affaires ne vont pas bien à TVA, que se passera-t-il ensuite ? On se pose des questions, est-ce la fin des coupes ou pourrait-il y en avoir davantage ? On se demande.”

— Sonia Lavoie

Quoi qu’il en soit, les deux confrères se veulent rassurants et affirment que les journalistes continueront à fournir une information de qualité et qu’ils feront tout pour maintenir une bonne couverture médiatique.

 
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