« Nous entrons dans le 21e siècle, il était temps ! » – .

Sous un soleil de plomb, aux Abymes (commune du centre de la Guadeloupe), pendant que les tractopelles s’affairent sur le futur parking des visiteurs (645 places, 1 330 pour le personnel), les ouvriers, juchés à une dizaine de mètres de hauteur, sur d’imposants bras articulés, finaliser deux façades : peinture d’un blanc éclatant pour l’une, pose d’un immense parasol pour l’autre. Le chantier “hors norme” de 85 000 m2 pour 618 lits attendus, a accueilli, depuis début 2024, 370 travailleurs, contre près de 550 au pic d’activité.

Sept bâtiments « interconnectés »

« Là, c’est la rue Caraïbe » annonce, casque sur la tête, et vêtu d’une chasuble jaune fluo, Jean-Claude Suédois, cadre supérieur, membre de “l’équipe d’ouverture”, en s’engouffrant dans une immense ruelle couverte et aérée. “L’ancien hôpital universitaire était tout en hauteur, et maintenant c’est tout long” avec « des bâtiments interconnectés. Ici à droite vous avez l’accueil, à gauche le centre parents-enfants. Le directeur de l’hôpital connaît par cœur les sept bâtiments du nouvel hôpital universitaire. Sa mission particulière est de faire visiter les locaux aux agents.

Parmi les nouveautés : « une entrée spécifique pour les patients couchés qui arrivent en ambulance […], deux ascenseurs qui leur sont réservés et un guichet unique dédié. Et à côté, une salle de sortie pour libérer un peu plus rapidement les places dans les différents services lorsqu’on annonce à un patient qu’il part. » poursuit le cadre de santé.

La rue Caraïbe, l’artère centrale et couverte du nouveau CHU de Guadeloupe. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT
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La rue Caraïbe, l’artère centrale et couverte du nouveau CHU de Guadeloupe. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT

“Aujourd’hui, les conditions d’accueil ne sont pas optimales”

« La première image qui me vient à l’esprit quand je pense au nouvel hôpital universitaire est celle du passage au 21e siècle et effectivement, il est temps. » reconnaît, dans son cabinet de Pointe-à-Pitre, le directeur de l’actuel CHU de Guadeloupe, Eric Guyader. “ Aujourd’hui les conditions d’accueil et de prise en charge des patients ne sont pas optimales, elles se sont encore dégradées après l’incendie de 2017. Pour les professionnels aussi c’est important. »

L’ancien CHU, datant de la fin des années 1970, pointé du doigt par de nombreux acteurs pour sa vétusté, avait en partie incendié en 2017. L’offre de soins et les conditions de travail des soignants avaient été durablement perturbées dans l’archipel. Début avril 2024, un incendie de poubelles provoque l’évacuation des urgences.

Jean-Claude Suédois, cadre soignant, membre de l’équipe d’ouverture, devant le nouveau CHU. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT
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Jean-Claude Suédois, cadre soignant, membre de l’équipe d’ouverture, devant le nouveau CHU. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT

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« Une certaine démesure dans ce projet »

Le nouvel hôpital universitaire dispose d’un plateau technique modernisé construit « sur 216 plots pour absorber les tremblements de terre les plus forts qui soient ici. Le bâtiment ne bougera pas : chaque bloc pèse 700 tonnes », explique Luc Cornuat, directeur de projet chez Icade promotion, représentant du CHU, qui évoque “une certaine démesure dans ce projet”.

Le projet, prévu sur quatre ans pour une livraison initialement prévue fin 2022, a pris du retard. Pendant la crise du Covid notamment. Outre les reports, “il a fallu gérer la hausse du prix des matières premières ou de l’octroi de mer”, explique l’agent.

Le coût total s’élève à « 550, 560 millions de travaux, auxquels il faut ajouter environ 128 millions de matériels », explique le directeur, avec probablement recours à des financiers supplémentaires.

Eric Guyader, directeur de l’actuel CHU de Guadeloupe. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT
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Eric Guyader, directeur de l’actuel CHU de Guadeloupe. | OUEST-FRANCE, CÉCILE RÉMUSAT

Salle de bain, climatisation, eau chaude dans les chambres

Certains bâtiments, comme le centre logistique et administratif ou la maison parents-enfants (PPE), seront mis à disposition en avance. Les premiers équipements devraient arriver ce mois-ci, et les équipes prendront possession des locaux pour accueillir les premiers patients en EPI en septembre, selon les prévisions.

Le nouveau CHU disposera d’une salle de bain par chambre – alors que les douches étaient courantes dans l’ancien –, d’eau chaude, ainsi que de la climatisation. “alors que la tour sud de l’hôpital universitaire actuel n’est pas climatisée, c’est donc un changement radical pour les patients”, précise Bruno Jarrige, chef de service et anesthésiste-réanimateur. Le projet a également été « pas mal réajusté face aux crises », souligne-t-il.

Avec ce nouvel outil, la direction de l’hôpital espère attirer de nouveaux professionnels de santé, comme les urgentistes, dont le recrutement demeure “problème aux Antilles”, selon Eric Guyader, le réalisateur. « Nous comptons bien sûr sur l’effet nouveauté […] attirer de nouveaux praticiens et surtout les fidéliser. » Le CHU de Guadeloupe emploie aujourd’hui “environ 3 800 professionnels de santé, dont 500 médecins, hors internes”.

 
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