Par
Ronan Bardet
Publié le
19 septembre 2024 à 13h46
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Il a voulu faire un exemple. Le 5 septembre, le maire de Parmain (Val-d’Oise), Loïc Taillanter, a publié un arrêté pour le moins inhabituel. « On m’a dit que c’était unique en France », souligne le maire.
L’arrêté municipal de trois mois interdit la location « les vendredis, samedis, dimanches, jours fériés et veilles de jours fériés » d’une villa d’un particulier située sur le Vieux chemin du potager, à proximité du centre commercial des Arcades. Elle est accusée d’avoir été le lieu de plusieurs fêtes, dont certaines ont dégénéré.
200 bidons de protoxyde d’azote
« J’ai interdit au propriétaire de louer sa maison le week-end », résume Loïc Taillenter.
Selon lui, « presque tous les week-ends », des fêtes ou des anniversaires étaient organisés dans cette propriété. Problème : ils causaient des troubles à l’ordre public :
« Il y a eu des gens ivres sur la voie publique, des rassemblements, des rodéos. La dernière fois, on a récupéré 200 bouteilles de protoxyde d’azote dans la rue. Certains habitants m’ont dit qu’ils allaient déménager, même si c’est un quartier très calme. »
Pour que son ordre soit ” proportionné “Il a limité l’interdiction à trois mois, et a laissé au propriétaire la possibilité de louer sa maison pour une durée minimale d’une semaine. Il a ajouté qu’il n’hésiterait pas à “dupliquer l’arrêté sur d’autres biens ou d’autres locations qui pourraient causer des troubles”.
Mais le maire a-t-il le droit de prendre une telle décision ? Obligée de vérifier la légalité des arrêtés municipaux et interrogée sur ce sujet, la préfecture du Val-d’Oise précise qu’il « est motivé« Elle est limitée dans le temps et dans l’espace. Elle est justifiée par l’intérêt général et la tranquillité de l’espace public. Elle n’appelle pas d’observation sous le contrôle de légalité. »
Une fête avec 143 personnes
De son côté, le propriétaire de la villa affirme avoir « compris cette décision ».
Selon lui, en dix-huit mois, il y avait une soixantaine de locataires.
« 98 % du temps, ça se passe très bien, mais il y a eu trois fois où des gens sont passés par d’autres plateformes qu’Airbnb et ont fait de grosses fêtes. J’ai porté plainte à chaque fois. J’ai appelé la police à chaque fois. »
Il dit qu’à la fin du mois d’août, une réservation a été faite pour sept personnes. En réalité, 143 personnes étaient présents. Comment le sait-il ? Il a ajouté un appareil Airbnb appelé Minut. Les capteurs de ce système permettent de détecter le niveau de bruit dans une résidence et également le nombre de téléphones présents dans la location.
« Dans ce genre de cas, nous, les propriétaires, sommes impuissants. »
Le propriétaire n’a pas l’intention de contester l’ordonnance en justice, mais plutôt d’appliquer ce qui lui est demandé. Sur Airbnb, il n’est plus possible de louer sa villa moins de sept joursLe propriétaire affirme avoir annulé toutes les réservations qui ne répondaient pas à ces critères.
« Je comprends la position du maire et des voisins, ce qui s’est passé n’est absolument pas normal », affirme-t-il. « C’est une maison que je loue le week-end et dans laquelle j’habite la semaine. Je ne veux pas qu’elle soit délabrée. »
Des voisins mécontents
Sur place, tous les habitants que nous avons rencontrés dans cette rue résidentielle connaissent bien cette maison, sa piscine intérieure et ses ânes. « Plusieurs soirées y ont été organisées cet été. Ce n’est pas la seule où il y a noubasmais c’est celui où il y en a le plus de réguliers », confie un voisin dans une rue voisine.
« Nous entendons la musique de la fête presque tous les week-ends“Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est le nombre de voitures garées dans la rue. Un matin, il y avait même des gens garés devant notre portail”, explique un autre voisin à une centaine de mètres de la maison.
D’autre part, un autre habitant du quartier assure ne pas être gêné par le bruit, mais note que « avant, le propriétaire n’avait pas de limite au nombre de personnes. Il a dû trouver sa maison cambriolée ». « Il y avait des fêtes libertins « Dans cette maison », explique un autre voisin.
En tout cas, tout le monde semble d’accord avec le décret municipal.
Dans une lettre adressée à la mairie, un autre voisin, visiblement dépasséassure que le samedi 31 août au matin, la rue était « salie de détritus (boîtes à pizza, ballons noirs, etc.). Ces dégradations se sont poursuivies dans la nuit du samedi au dimanche suivant, avec l’ajout d’emballages divers, de papier toilette, etc. »
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