Pascale Déry discute de la fusion de certains CCTT, faute de financement

Pascale Déry discute de la fusion de certains CCTT, faute de financement
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Au moment où les Centres collégiaux de transfert technologique (CCTT) réclament un meilleur financement public pour éviter de devoir mettre à pied des employés plus qualifiés, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, évoque plutôt la possibilité de fusionner certains de ces établissements.

Le Québec compte 59 CCTT, dont la plupart sont rattachés aux cégeps et aux collèges privés. Peu connus, ces centres de recherche jouent un rôle majeur dans le développement économique local, réalisant plus de 11 000 projets par année des milliers de petites et moyennes entreprises (PME) et divers organismes. Par ailleurs, des milliers d’étudiants sont accueillis chaque année comme stagiaires dans ces centres.

Cependant, après des années de croissance, les CCTT ont vu leurs finances se dégrader ces dernières années. Une situation que ces établissements attribuent au fait que les dépenses liées aux salaires de leurs experts, ainsi que celles dédiées à l’entretien de leurs équipements de pointe, augmentent plus vite que le financement qu’ils reçoivent de l’État québécois. .

«Nous avons une masse salariale qui augmente plus vite que nos revenus», explique Devoir le président-directeur général du réseau CCTT, Michel Lesage. Selon les données transmises en décembre dernier par l’organisme au ministre des Finances, ces centres de recherche ont accumulé un déficit de 16,4 millions de dollars entre 2020 et 2023. 36 % de ces centres de recherche étaient en déficit l’an dernier, au point où certains d’entre eux ont été contraints procéder à des licenciements cette année.

C’est le cas du Groupe CTT, l’un des plus grands centres du genre au Québec, qui a dû mettre à pied huit employés cette année, en plus de réduire les heures de travail de quatre autres travailleurs. Le centre, basé à Saint-Hyacinthe, compte désormais 68 employés qui doivent effectuer le travail que faisaient jusqu’à tout récemment 80 personnes, souligne son président-directeur général, Olivier Vermeersch.

Cette dernière estime être particulièrement affectée par le modèle de financement du gouvernement, qui répartit un financement annuel d’environ 25 millions de dollars à parts égales entre les 59 CCTT. Ainsi, la part du chiffre d’affaires du Groupe CTT prise en charge par l’Etat est de l’ordre de 5%, indique M. Vermeersch. “Il nous est impossible de travailler correctement avec des financements aussi faibles”, argumente le PDG, qui s’attend à enregistrer “un déficit important cette année”.

«On se retrouve dans un vide et on ne sait plus où donner de la tête», soupire Nancy Déziel, la directrice générale du CNETE, un CCTT en électrochimie et technologies environnementales rattaché au Cégep de Shawinigan. Le centre a dû récemment licencier deux techniciens, et pourrait devoir en licencier d’autres si sa situation financière reste fragile. « Nous ne savons pas comment nous allons nous en sortir. »

Des centres menacés

Dans ce contexte, le réseau CCTT avait proposé à Québec, en prévision de son plus récent budget, d’augmenter de 15 % à 40 % la part du chiffre d’affaires de ces centres de recherche qui serait assumée par l’État. Le réseau a également proposé que le financement de ses membres soit révisé tous les trois ans pour tenir compte de l’inflation. Mais ces demandes sont restées lettre morte.

Cependant, « il est certain qu’on n’est pas dans un modèle viable à long terme », note Michel Lesage, qui craint la fermeture possible de certains centres, lorsqu’ils auront fini de ronger leurs réserves financières. pour compenser les déficits annuels. «Il n’est pas impossible que des CCTT doivent fermer», prévient aussi le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, qui craint aussi que les chercheurs qui seront mis à pied de ces centres quittent le Québec pour prendre «des emplois à l’international». ».

En entrevue, M. Lesage a exhorté Québec à débloquer une « aide d’urgence » pour « absorber temporairement » les besoins financiers du CCTT. Une demande qui a trouvé écho dans la bouche de deux élus de l’opposition à l’Assemblée nationale qui ont pressé mardi matin la ministre Pascale Déry d’apporter davantage de soutien à ces établissements, au moment où l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Enseignement supérieur Éducation.

« Ils ont un rôle extrêmement important pour soutenir l’innovation », a souligné la députée libérale de Mont-Royal–Outremont Michelle Setlakwe. “Et là, ils sont vides”, a poursuivi l’élu, qui a qualifié la situation vécue par le CCTT d'”hémorragie”.

« On a besoin de cette recherche en milieu collégial », a convenu la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, sans toutefois s’engager à augmenter le financement offert aux CCTT par Québec. Elle a plutôt évoqué la possibilité de réduire leur nombre en fusionnant certains de ces centres. « Y a-t-il des CCTT qui se font double emploi ? » a interrogé le ministre, qui a plaidé en faveur d’une analyse de la répartition de ces centres au Québec afin de s’assurer « de leur bon usage dans nos régions ».

Toutefois, réduire le nombre de CCTT ne réglerait pas le problème fondamental que représente leur structure de financement inadéquate, répond Bernard Tremblay, qui estime que le Québec devrait s’engager dans la voie « d’accroître la recherche collégiale », au lieu de « l’atrophier ».

Le ministère de l’Enseignement supérieur, de son côté, assure, dans un courriel adressé à Devoir, qu’il travaille à trouver des moyens de mieux soutenir financièrement le CCTT. Cet enjeu devrait également être pris en compte dans le « projet de plan d’action sur la recherche collégiale » qui est actuellement en cours d’élaboration, au terme des travaux menés sur cette question l’an dernier, indique le ministère.

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