Michel Harmand, le Charentais aux mille et une vies

Michel Harmand, le Charentais aux mille et une vies
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A travers son regard profond, il raconte avec une certaine pudeur comment il a perdu ses deux parents à cause d’un cancer alors qu’il était encore très jeune. Quelques décennies plus tard, la même maladie emporta tragiquement sa femme, âgée de seulement 55 ans. « C’est un engagement personnel, je suis désormais au service des autres, je veux éviter que les gens ne tombent malades, cela me tient sincèrement à cœur. »

Bercé dans le monde associatif

De stand en stand, de ville en ville, il prend la route pour poursuivre la prévention pour tous. Et cet engagement est loin d’être le seul. Au sein d’une dizaine d’associations, Michel Harmand possède toute une gamme de chapeaux dans son dressing. Il pourrait en parler pendant des heures. «C’est ma seconde nature. Si quelqu’un a besoin d’aide, j’y vais. Chez SOliHA (où il fait du bénévolat), par exemple, nous prenons soin des personnes défavorisées, en maintenant leur accès au logement », explique-t-il.

Pompier, professeur, maire, correspondant de presse, j’ai fait beaucoup de choses !

Il fait partie de ceux qui ont vécu mille et une vies en une. Professeur, pompier, correspondant de presse, maire ou encore conseiller départemental. Son CV en ferait sursauter plus d’un. Né à Mansle, d’un père artisan et d’une mère institutrice, c’est « un pur Charentais. Je suis quand même parti à Bordeaux quelques mois après mon concours d’enseignement pour mon service militaire», s’amuse-t-il.

Au début des années 1960, il décide d’étudier la pharmacie, qui avorte rapidement. « Je n’ai jamais trouvé de pharmacies agréées pour mon stage, alors je me suis dirigé vers l’École Normale. J’ai eu mon diplôme et je suis donc devenu professeur, dans les matières générales, notamment à Ruffec », se souvient-il.


A 83 ans, ce Charentais continue de se donner.

Quentin Petit

Lorsqu’il n’a pas la casquette, il met le casque. Celle d’un pompier. Le 24 décembre 1980, Michel Harmand part en voyage de pêche hivernal. En contrebas du pont Mansle, il aperçoit une femme se jetant dans le vide. « J’ai immédiatement sauté dans l’eau, même s’il faisait froid, je suis allé la sortir de l’eau. » Au risque de mettre sa propre vie en danger.

En 1981, il rejoint la caserne des pompiers de la ville comme pompier volontaire. « Je me suis spécialisé en plongée, nous n’étions que deux dans le département. Lors d’une sortie pour retrouver un corps, le moteur du bateau m’a presque coupé le pied, j’ai eu beaucoup de chance. J’ai également dû aller désincarcérer un homme, dans l’eau, tombé du pont de Mansle suite à une collision. » Il se souvient notamment d’un défi extraordinaire qu’il avait relevé à l’époque. « C’était un stage à La Rochelle. Nous avons fait une course de natation, en plein milieu de l’océan. Les hélicoptères nous survolaient, c’est un souvenir particulier. »

43 ans à la mairie de Mansle

Sorti des eaux, il plonge dans le bain de la politique à Mansle. Pas aussi orageux qu’il y paraît. « Je suis allé dans tous les conseils, même par mauvais temps à l’autre bout du département, j’ai vécu des moments fabuleux », assure-t-il. Michel Brillat, un ami d’enfance, le reconnaît. «C’est un homme de confiance. J’ai une certaine gratitude. Il a donné sa vie à sa commune, à ses citoyens, voire à son département et il la donne encore aujourd’hui. » L’enfant local se met au travail pour son peuple. Et cela pendant 43 ans.

« À l’époque, les dotations de l’État étaient plus importantes. Nous avions lancé des projets comme la médiathèque, la salle des fêtes, la salle des sports, le développement de la commune», énumère-t-il sur les doigts de la main. « Plusieurs usines aussi. La municipalité a acheté un terrain, construit, financé le projet et facturé un loyer jusqu’à ce qu’elle rembourse le prêt pour devenir propriétaire. »

Parallèlement, il met le pied au conseil départemental. Il y restera 30 ans. « J’étais responsable de la culture, du sport et de la vie associative. Cela me convenait parfaitement», jure-t-il avec un sourire jusqu’aux oreilles. A Mansle, il rapporte un trésor du passé. Un orgue majestueux de l’académicien Yvan Peyches. « C’était un don, nous nous sommes portés volontaires pour l’accueillir. Nous sommes allés à Paris récupérer les 1200 tuyaux pour les remonter soigneusement en Charente. »

Jusqu’en Roumanie pour aider

Durant un répit, il n’hésita pas une seule seconde à partir pour la Roumanie. « J’ai rencontré un Roumain en Charente. Le pays a été persécuté par un régime autoritaire dans les années 1980. Avec l’association Les Amis de la Roumanie, j’y suis allé pendant 7-8 ans en camion pour apporter de la nourriture. » Pendant ce temps, Michel Harmand entre dans la mêlée du rugby. Il a joué au SC Angoulême, avant de rejoindre Ruffec. « J’ai participé à la fondation du club, comme le club de handball de Mansle. »

Entre les lignes pleines de son journal, le Manslois, homme de lettres classique, se dessine plus finement à travers la culture. « L’art nous permet de manifester notre sensibilité et toute notre humanité, c’est important pour moi. » D’ailleurs, il pense à prendre son stylo. « J’aimerais écrire les chapitres de ma vie en lui donnant une dimension philosophique. Mais je n’ai pas le temps, je devrais presque me casser la jambe, ironise-t-il. J’ai adoré ma vie. Mon seul grand regret est de ne pas avoir assez suivi ma famille, mes filles, dans mes engagements. Ils me le disent souvent.

En dates

7 décembre 1940. Naissance à Mansle. 1961. Entre à l’Ecole Normale. 1962. Départ pour le service militaire à Bordeaux. 1981. Rejoint la caserne de Mansle comme pompier volontaire. 1983. Devient maire de Mansle et conseiller départemental chargé du sport, de la culture et des associations. 2004. A rejoint la Ligue Charente contre le Cancer.

 
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