Beauvais. Sous influence, elle a tué son ex

Beauvais. Sous influence, elle a tué son ex
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Le procès de la jeune femme, accusée d’avoir tué son ancien compagnon d’une balle dans la tête dans la nuit du 24 au 25 juin 2017, à Beauvais, s’est tenu du 25 au 27 mars 2024 devant les Assises. Sept ans après les faits, et après seulement un an de détention provisoire, l’accusé a été libéré. Pendant trois jours, les jurés ont tenté de comprendre ce qui avait poussé Blandine, alors âgée de 24 ans, à appuyer sur la gâchette du revolver pointé sur la tempe de Kevin. Pourquoi cette jeune femme au parcours de vie tout en douceur, comptable dans un cabinet comptable et passionnée de moto, a-t-elle connu une telle fin ?

Amoureux malgré tout

Pour trouver la réponse, il faut suivre le fil d’une impossible histoire d’amour entre deux êtres qui ne sont pas faits l’un pour l’autre, se nourrissant mutuellement de leurs propres névroses. Adolescent, Kevin est un beau jeune homme, rieur et enthousiaste, qui fait tourner la tête des filles. Blandine tombe amoureuse de lui mais Kevin a d’autres priorités. A 20 ans, il quitte Beauvais pour s’installer dans le Sud-Ouest avec sa copine Mégan. En 2015, après trois ans de vie commune, le couple se sépare, Kevin renoue avec Blandine qui retombe sous son charme. Ils sont fous amoureux et s’installent à Lafraye, près de Beauvais. Mais au fil des mois, des tensions sont apparues dans le couple, séparations et retrouvailles ont rythmé leur vie jusqu’à ce que Blandine finisse par mettre fin à leur relation en janvier 2017. Kevin a trouvé un appartement dans un immeuble jouxtant la gare routière de Beauvais, il travaille comme mécanicien dans un garage. Blandine retourne chez sa mère. Mais le lien qui les unit n’est pas définitivement rompu. Ils vont mal tous les deux : Blandine perd 10 kilos, Kevin se noie dans l’alcool.

Chantage au suicide

En mai 2017, Blandine part en vacances à Annecy mais, dès son arrivée, elle reçoit un message de Kevin lui faisant comprendre qu’il allait mettre fin à ses jours. Elle revient précipitamment à Beauvais et appelle les secours. Les policiers se rendent au domicile de Kevin. Il les reçoit en leur jurant qu’il n’a jamais voulu se suicider.

Une répétition générale pour le drame

Le 10 juin 2017 marque un tournant dans leur relation, comme une répétition générale du drame. Blandine se rend chez Kevin. Elle repart le visage tuméfié, après avoir été kidnappée et Kevin lui montrant une balle de revolver tout en la menaçant de mort. D’abord, elle explique à son entourage qu’elle a été victime d’une agression visant à lui voler son téléphone. Mais son mensonge ne tient pas la route et elle finit par avouer la violence de Kevin. Ce ne sont pas les premiers. Un certificat médical est délivré. Et, à partir de ce jour, elle a laissé des messages à ses amis relatant ces violences, leur disant : «au cas où il m’arriverait quelque chose, tu sauras d’où ça vient« . Mais elle ne rompt toujours pas tout contact avec Kevin. Elle ne peut pas.

“J’aimerais être enterré à côté de ma grand-mère”

Elle n’y parvient pas tellement que le 24 juin 2017 lorsque le jeune homme lui propose de venir chez lui, elle a peur mais s’y rend. Très vite, la situation se dégrade. Kevin, ivre, brandit les messages que Blandine envoyait à ses amis, parlant de sa violence, messages qu’il imprimait pour les lui envoyer en face. S’en suivront alors des heures de terrible huis clos. Blandine lui explique qu’il l’a kidnappée, qu’elle a tenté de s’enfuir par la fenêtre du 2ème étage mais qu’il l’a rattrapée. Ils ont également eu des relations sexuelles, regardé des films, puis Kevin aurait sorti l’arme qu’il avait prise à son grand-père le même après-midi. Lors de sa visite à ce grand-père qui l’avait accueilli à l’âge de 16 ans, il a déclaré : «J’aimerais être enterré à côté de ma grand-mère« . Blandine explique que Kevin, en lui montrant l’arme chargée, lui a dit : «Soit je te tue, soit tu me tues et tu te tues après, comme ça on finirait ensemble« . Finalement, il lui aurait mis l’arme dans les mains, se serait allongé sur le canapé et lui aurait dit de viser sa tempe. Blandine a fini par obéir.

A 3h45, elle appelle les secours, paniquée. “J’ai dû lui tirer une balle dans la tête“…”Je l’ai tué »… « Je suis un meurtrier »… « il m’a mis le pistolet dans la main et m’a dit de tirer, je ne voulais pas »… « Je n’aurais jamais dû venir »... sont les premiers mots de son appel. Elle a été placée en détention provisoire et libérée sous contrôle judiciaire un an plus tard. Elle a déménagé, repris des études pour devenir développeur web et vit en couple depuis cinq ans avec un homme qui connaît son passé.

Pas de retour en prison

Lors du procès, «l’influence” Et “la contrainte», ainsi que les violences conjugales subies par l’accusé, ont été largement évoquées notamment par l’avocat de Blandine, Me Benoît Varin, qui a tenté de plaider l’acquittement, s’appuyant d’une part sur les témoignages, les différentes expertises évoquant «l’état d’étonnement” d’une femme “Sous influence“au moment des faits, son incapacité”faire un pas de côté pour s’échapper» ; et d’autre part en s’appuyant sur des points de droit concernant la définition pénale de la « contrainte ». L’avocat général, Frédéric Trinh, partage en partie cette analyse. Il reconnaît cette « contrainte » sur le plan psychologique mais pas sur le plan pénal. Il requiert cinq ans de prison, dont une partie avec sursis pour ne pas renvoyer l’accusé en prison. De son côté, l’avocate de la mère de Kevin, Me Virginie Bellagamba, n’a eu de cesse de s’élever contre l’impression qu’on ne jugeait pas Blandine mais Kevin : «Kevin n’était pas un ange, mais il n’est pas non plus le monstre que les gens veulent faire passer.« . Les jurés ont cependant suivi l’acte d’accusation du parquet en prononçant une peine de cinq ans, dont trois ans de prison. Blandine ayant déjà purgé un an de détention, les deux années restantes se passeront sous bracelet électronique.

 
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