à quoi sert le service médical cantonal ? – .

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A quoi sert le service médical cantonal?

Publié aujourd’hui à 15h27

Que fait le médecin cantonal à Genève ? Alors que la chef de ce service de l’Etat est absente depuis quatre mois et demi, nous avons demandé à son adjoint, Dr Simon Regard, pour expliquer le fonctionnement de cette unité dédiée à la santé publique des Genevois.

Le Service cantonal des médecins (SMC) a fait parler de lui pendant le Covid, mais peu de gens connaissent aujourd’hui ses missions.

Cette appellation qui peut paraître étrange vise à désigner un fonctionnaire de référence qui est, avec son équipe, au service de la population. C’est le cas de l’architecte, du pharmacien, du chimiste cantonal, etc. La SMC compte une soixantaine de collaborateurs. Ses activités s’étendent du contrôle des pratiques professionnelles (contrôle de la sécurité des patients dans les établissements de santé, délivrance de droits d’exercice) à la prévention et à la promotion de la santé, en passant par la surveillance des épidémies et l’organisation des ambulances.

La bactérie responsable des infections graves au Japon est-elle préoccupante ?

Nous y prêtons attention. Nous surveillons ce germe et le nombre de personnes touchées mais sans inquiétude particulière. Nos contacts avec les infectiologues des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), de l’Office fédéral de la santé publique et de Médecins sans frontières nous aident à rester connectés sur le terrain.

Vous restez vous-même actif sur le terrain.

On imagine que la santé publique est l’affaire de fonctionnaires qui restent au chaud dans leurs bureaux. C’est faux! Dans l’équipe, nous voyageons presque tous. Je travaille également à 40% au SMUR, le service mobile d’urgence et de réanimation des HUG. (ndlr : qui implique des gardes tous les six à huit week-ends ainsi qu’un jour ou une nuit par semaine). Je fais partie du Corps suisse d’aide humanitaire et je suis partie en Turquie en février 2023 après les tremblements de terre. (ndlr : qui a causé plus de 60 000 morts). D’autres membres de l’équipe travaillent également dans le domaine des maladies infectieuses ou chez Swissnoso (ndlr : l’organisme qui lutte contre les infections nosocomiales et la résistance aux antibiotiques). C’est extrêmement stimulant.

En quoi est-ce stimulant ?

Lorsque nous prenons une décision publique, nous devons garder à l’esprit qu’elle aura un impact sur les individus. Garder un pied sur terre vous aide à vous en souvenir. La combinaison de ces deux activités me permet également de faire circuler les points de vue de l’un à l’autre. Enfin, le SMUR m’aide parfois à relativiser l’urgence administrative… et à voir les possibilités d’amélioration des urgences extra-hospitalières.

Que faut-il améliorer ?

Dans 40 % des cas, les gens appellent le 144 pour des raisons non urgentes. Cela peut être pour des maux du quotidien ou pour un renouvellement d’ordonnance. Vaud a réformé la centrale téléphonique des médecins de garde, pourquoi ne pas proposer une ligne téléphonique pour ces cas non urgents à Genève couplée à une plateforme indiquant la disponibilité des médecins ?

On pourrait aussi utiliser l’intelligence artificielle pour fournir des informations à l’aide de chatbots, dirigeant les gens vers une pharmacie, une infirmière plutôt que vers un médecin. Cela s’appliquerait par exemple aux patients dont l’état ne nécessite pas une consultation immédiate dans un centre d’urgence. Les gens n’appellent pas le 144 par plaisir mais par besoin de santé auquel il faut apporter la bonne réponse.

Enfin, en nous inspirant des bonnes pratiques mises en place pendant le Covid, nous souhaitons réunir plus souvent les membres du réseau des urgences (médecins, hôpitaux, IMAD), par exemple une fois par semaine lors des périodes de surcharge, afin d’améliorer la gestion et mieux répartir la charge de travail entre nous.

Dès son arrivée, Pierre Maudet a déclaré vouloir développer la prévention. Qu’est-ce qui est prévu ?

Le projet du législateur poursuit plusieurs objectifs. Je peux citer la lutte contre les maladies émergentes et la réduction de la résistance aux antibiotiques (en combinant médecine humaine, médecine vétérinaire et protection de l’environnement). Nous voulons également établir un meilleur contrôle des infections dans les EMS – nous nous souvenons des flambées de cas pendant le Covid – et enfin promouvoir la santé au quotidien. Il y a beaucoup à faire! Il est cependant difficile de mesurer l’impact des mesures de prévention en amont. On est plus conscient de leur inconvénient immédiat : les désagréments causés par la ceinture de sécurité sont plus visibles que le nombre d’accidents évités.

Alors par où commencer ?

Je crois que nous devons commencer par parler de prévention de manière positive. Pour ce faire, il faut faire confiance à la population et aux associations qui proposent des projets sur le terrain. Miser sur une bonne information, développer des labels de qualité et enfin laisser les gens libres de choisir, car nous sommes dans une démocratie. Lorsque l’État décrète, il rate souvent son objectif.

Pouvez-vous citer des projets concrets ?

Oui, nous avons beaucoup insisté sur la prévention primaire et secondaire, il faudrait aussi améliorer la prévention tertiaire*, qui consiste à réduire les conséquences et les complications d’une maladie une fois qu’elle s’est installée. Ce volet présente l’avantage de cibler une population définie. Par exemple, un médecin traitant doit pouvoir prendre le temps de discuter avec son patient qui souffre de BPCO (maladie inflammatoire bronchique chronique), afin d’évaluer comment il comprend et perçoit son problème, et lui demander s’il adapte son comportement ( arrêt du tabac, régime). Cela prend du temps. Cependant, si ce temps n’est pas valorisé, c’est une perte sèche pour le médecin. Il faut donc le financer.

Mais la rémunération des médecins ne se décide pas au niveau cantonal…

En fait, il est réglementé au niveau fédéral dans la LAMal. C’est la complexité du système.

L’absence du médecin cantonal pendant plusieurs mois a-t-elle affecté le bon fonctionnement du service ?

Toute l’équipe travaille. Le Covid a été une période difficile mais nous sommes habitués à être agiles. Notre dispositif de surveillance épidémique est passé de 3 à 250 personnes en quelques semaines. Il a fallu aller vite, enfoncer les portes – et s’excuser ensuite – tout en gardant un côté humain. Nous avons beaucoup appelé les malades, et non pas dans le but de les surveiller, mais afin de les informer au mieux et de maintenir un lien.

Quels enseignements tirez-vous de cette expérience pour la prochaine épidémie ?

Ils sont nombreux et cela ne veut pas dire qu’il faudra les appliquer tels quels pour la prochaine pandémie. Mais il est certain que nous aurions dû impliquer les sciences humaines bien plus tôt. Les rumeurs et les fausses croyances ont toujours existé, il aurait fallu demander plus tôt aux anthropologues d’écouter la population afin d’adapter les messages.

Il aurait en même temps fallu mieux répondre aux personnes qui se posent des questions sur la vaccination, et mieux expliquer le bien-fondé des mesures préconisées. Il est révolu le temps où le médecin décidait et le patient suivait sans discussion. C’est la même chose en santé publique. La communication aurait dû être immédiatement moins institutionnelle. Nous ne pouvons pas nous contenter d’informer les gens via le site Internet de l’État.

Enfin, il faut rappeler que certaines mesures, rationnelles d’un point de vue infectieux, peuvent avoir des conséquences sur la santé mentale et le développement de maladies chroniques. Cela dit, nous avons dû décider face à l’incertitude. Et en période de crise, mieux vaut avoir une mauvaise décision prise à temps (qui peut ensuite être corrigée) qu’une bonne décision prise trop tard.

Le dossier patient électronique fait parler de lui depuis des années mais sans vraiment avancer. Est-ce une mauvaise idée?

C’est une bonne idée car elle contribuera grandement à améliorer la qualité des soins avec des effets bénéfiques sur l’efficacité et la transparence du système de santé. Mais sa mise en œuvre est complexe car il faut garantir à la fois un accès rapide et une sécurité des données. Ces deux exigences sont antagonistes. Cela ne devrait pas être un obstacle. Genève est aussi un « bon élève » avec déjà plus de 10.000 dossiers ouverts.

* La prévention primaire vise à promouvoir des comportements sains pour éviter les problèmes de santé, la prévention secondaire consiste à détecter et intervenir à un stade précoce de la maladie.

Sophie Davaris est rédactrice en chef adjointe de la Tribune de Genève où elle travaille depuis 2000. Diplômée de Sciences-Po Paris et de l’Institut de hautes études internationales de Genève, elle s’intéresse particulièrement aux domaines de la médecine et de la santé publique. Plus d’informations

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