S’adapter pour mieux séduire | La presse – .

S’adapter pour mieux séduire | La presse – .
Descriptive text here

Que se passe-t-il sur nos scènes en ce moment ? Jamais on n’a vu autant de romans ou d’œuvres cinématographiques adaptées au théâtre.


Publié à 1h38

Mis à jour à 8h15

Après Manuel de la faune, roman de Jean-Philippe Baril Guérard, maintenant son auteur adapte Royal à Duceppe. La première a eu lieu jeudi soir. Pendant ce temps, Un cœur habité par mille voixde Marie-Claire Blais, est présenté à Espace Go après avoir été révisé par Kevin Lambert.

Je peux aussi vous parler N’essuyez jamais vos larmes sans gantsde Jonas Gardell, que le Trident et Duceppe ont récemment offert,Orgueil et préjugés, de Jane Austen, qui, après Québec, se retrouvera au Théâtre Denise-Pelletier la saison prochaine. A noter que ces deux mêmes salles ont repris le relais l’année dernière Plouffede Roger Lemelin, au moment même où La Bordée adaptait Où je me cachepar Caroline Dawson.

Les lancements de la saison 2024-2025 ne font que commencer et on peut déjà affirmer que cette tendance à l’adaptation sera très forte.

Le TNM mettra sur scène La femme qui a fuiroman d’Anaïs Barbeau-Lavalette. La trajectoire des confettisde Marie-Ève ​​Thuot, et Paul à la maison, du dessinateur Michel Rabagliati, sera retravaillé pour Le Trident. Quant au roman Ma vie rouge Kubrickœuvre de Simon Roy, elle sera offerte au Théâtre Denise-Pelletier.

Toujours dans ce même théâtre, le duo Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux, qui ont déjà adapté Fanny et AlexandreLe film de Bergman va maintenant aborder La peau d’ânebasé sur l’histoire de Charles Perrault.

Étant dans le secret des dieux, je peux vous dire que dans les prochains jours nous annoncerons l’adaptation théâtrale d’un roman québécois qui a connu un énorme succès ces dernières années.

Les scénarios de films ne sont pas en reste. Deux femmes en or, Le déclin de l’empire américain Et Le roi danse ont tous été adaptés sur scène. Et comme si cela ne suffisait pas, on tire aussi du côté de la télévision : Symphorien Et Moi et l’autre (qui sera présenté au Théâtre du Vieux-Terrebonne l’été prochain) ont inspiré les producteurs privés.

Comment interpréter ce phénomène ? Sommes-nous à ce point en manque d’inspiration ?

Il faut d’abord préciser que ce mouvement n’est pas nouveau. Le TNM a déjà cédé dans le genre avec l’adaptation d’œuvres littéraires (L’Odyssée, don Quichotte, La déglutition des hirondelles, L’hiver de la force). Mais les professionnels du secteur du théâtre avec lesquels j’ai discuté ces derniers jours sont tous d’accord pour dire que cette tendance est très forte en ce moment.

Les théâtres sont confrontés à de nombreux défis. Ils doivent trouver toutes sortes de moyens pour garder la tête hors de l’eau. Les adaptations d’œuvres ayant une forte résonance auprès du public sont une piste.

Parmi les gens qui iront voir Royal Ou La femme qui a fui, il y a ceux qui connaissent déjà l’ouvrage pour l’avoir lu. Mais il y a aussi ceux qui sont attirés par bourdonner. On m’a dit que les billets pour l’adaptation théâtrale de Déclin de l’Empire américain étaient tous complets avant la soirée d’ouverture, à l’Espace Go, en 2017. Quant aux Royalsa publicité prétend que 15 000 billets ont déjà été vendus.

La transposition d’un roman sur scène donne-t-elle automatiquement naissance à une bonne pièce de théâtre ? La réponse est évidemment non. Le talent de la personne qui retravaillera l’œuvre et le travail de l’équipe de production comptent énormément dans le succès de l’entreprise. Mais lorsque l’objectif est atteint, cela peut apporter quelque chose d’extraordinaire.

«Cette approche permet parfois de mettre en valeur des dimensions qui sont en mineur dans le roman», m’explique Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique et artistique au Centre des auteurs dramatiques (CEAD). « Cela permet de déployer certains éléments du roman. »

Ce dernier ne croit pas que cette avalanche d’adaptations, qui s’inscrit dans un vaste mouvement d’hybridation touchant toutes les sphères de la culture, nuise à la création d’œuvres originales ou à l’exploitation du répertoire existant.

Cela dit, une œuvre adaptée d’un roman ou d’un scénario de film tient toujours la place d’une « vraie » pièce de théâtre dans un programme. Les dramaturges doivent-ils s’inquiéter ?

« Un roman n’est pas fait pour la scène », m’a dit un auteur connu du monde du théâtre et soucieux de défendre son territoire. Cet exercice est risqué. Je crois que ce mouvement montre à quel point la création d’une œuvre originale est une confrontation pour un réalisateur. »

Son point de vue est intéressant, car une directrice de théâtre m’a confié que ces propositions d’adaptation émanent souvent des metteurs en scène eux-mêmes. Et aussi des auteurs ou comédiens qui souhaitent plonger au cœur d’une œuvre ou d’un personnage littéraire.

Je remarque que ce phénomène rejoint une autre tendance qui consiste à vouloir adapter complètement les grands classiques. Pour cela, on coupe, on réduit, on bouche, on réagence, on réinterprète. Encore une fois, le résultat peut être réussi ou complètement infructueux.

Il y a deux manières d’envisager ces expériences de métissage et d’adaptation au « goût du jour ». Les puristes y verront une opération bassement commerciale destinée à attirer les spectateurs. D’autres applaudiront ces initiatives qui visent à nous proposer une forme d’art hybride et nouvelle.

On a tellement demandé aux théâtres de se « réinventer » et de trouver des moyens d’attirer le public. Et on a si souvent dit (j’en fais partie) que les metteurs en scène de théâtre ne se soucient pas des intérêts du spectateur, qu’il est difficile aujourd’hui de leur reprocher d’essayer des choses nouvelles pour nous faire sortir de notre canapé.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La marche des fiertés à Besançon, “C’est que de l’amour !” – .
NEXT Le drapeau jurassien voyage aux quatre coins du monde pour un concours photo – rts.ch