l’histoire de Paul Wormser, médaillé olympique aux JO de Berlin et exécuté lors du massacre de Sainte-Radegonde en 1944

l’histoire de Paul Wormser, médaillé olympique aux JO de Berlin et exécuté lors du massacre de Sainte-Radegonde en 1944
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L’Alsacien Paul Wormser est abattu le 17 août 1944 dans le village de l’Aveyron, alors qu’il avait été pris un mois plus tôt pour un résistant alors qu’il soignait les blessés. Huit ans plus tôt, il avait remporté la médaille de bronze avec l’équipe de France d’escrime aux Jeux olympiques de Berlin, déjà entachés par le nazisme. Un destin extraordinaire.

Destin tragique, incongruité historique. La petite histoire dans la grande. Et un souvenir, forcément, à perpétuer ; a fortiori à quelques semaines des Jeux de Paris qui se dérouleront de toute façon dans un contexte géopolitique tendu.

1936. Attribués par le CIO cinq ans plus tôt à la République de Weimar, les Jeux Olympiques ont lieu à Berlin. Entre-temps, avec l’arrivée au pouvoir du régime nazi outre-Rhin en 1933, certaines nations réclamèrent le boycott de cette célébration olympique ; tandis qu’en 1916, déjà attribués à la capitale allemande, les essais avaient été annulés en raison de la Première Guerre mondiale. Si la frontière entre politique et sport reste poreuse au fil du temps lors des Jeux, ceux de 1936 restent dans les annales comme ceux de l’idéologie nazie, utilisés à des fins de propagande et organisés dans une ambiance de xénophobie et d’antisémitisme.

« Sa réponse manquait rarement son objectif »

En guise de camouflet, entre autres – très documentés – cet été-là, le natif de Colmar d’origine juive Paul Wormser remporte la médaille de bronze à l’épée, dans l’épreuve par équipes, avec ses amis de l’équipe de France, Bernard Schmetz, Georges Buchard, Henri Dulieux, Michel Pécheux ou encore Philippe Cattiau. Dans le n° 82 de Patrimoine, le magazine du patrimoine aveyronnais, paru en 2019, on en sait plus sur l’épéiste né en 1905 en Alsace, via un témoignage de son beau-frère, Oscar Roth. “Il était l’un des meilleurs escrimeurs français. Sa vie était l’escrime, jusqu’à ce qu’il soit recrutéon apprend ainsi, avant d’en savoir encore plus. En 1942, il a même le culot de réussir un tournoi d’escrime à Vichy, où il s’impose avec Monfils ; ils étaient champions de France. « Et même livrer certains détails du profil de l’épéiste : »Gaucher, (il) avait un jeu très personnel. De tempérament calme, il déconcertait son adversaire avec une lenteur surprenante, et sa réponse manquait rarement son but. » Alors que le témoignage de l’époque évoque ses débuts en escrime en 1922, Wormser remporte un titre national cinq ans plus tard, remportant la même année le tournoi international universitaire de Rome (en argent par équipe). Universitaire car le jeune Paul, depuis Strasbourg, se destine à une carrière de chirurgien-dentiste en plus de ses talents d’épée au poing.

Il fut également chef du service de stomatologie à l’hôpital de Colmar jusqu’en 1939 et les bouleversements que nous vivons. En effet, à cette date, à 34 ans, il était réserviste et mobilisé par l’armée française comme lieutenant au service de santé de la 7e région militaire, toujours selon les recherches menées par les auteurs de Patrimoine.

Fait prisonnier alors qu’il prodiguait des soins

C’est aussi à ce moment qu’apparaît son lien avec l’Aveyron. Toute sa famille ayant échoué à Espalion en juin 1940 avec d’autres réfugiés. Démobilisé en 41 à Ax-les-Thermes, il exerce comme dentiste, comme salarié au noir à cause des lois antijuives de Vichy, dans diverses villes, en Haute-Savoie et même à Tulle. “L’ère des persécutions s’accélère, puis celle de la clandestinitéraconte à nouveau Patrimoine. Le travail caché de dentiste, devenant impossible à Tulle, Paul (Wormser) est arrivé un soir avec 150 kg de bagages sur une remorque, après avoir fait le trajet Montluçon-Lassouts à vélo pour rejoindre sa mère, Cécile Lévy, veuve Wormser, qui habite ( puis) ​​avec sa fille Berthe, son gendre Oscar Roth et leurs enfants à la ferme de La Malaval […] Puis il s’installe au château de Neyrolles, dont la propriétaire, Mme Talon, héberge plusieurs réfugiés.

Le matin du 19 juillet 1944, sa vie bascule. Non loin du château, au carrefour dit de Quille, un affrontement entre maquisards et Allemands fait un mort – Jean Pélissier du maquis Jean-Pierre – et plusieurs blessés.

Les écrits sur cet épisode s’accordent sur ce qui suit : Wormser se porte volontaire pour soigner les blessés, s’y rend et est fait prisonnier, pris pour un résistant ou, à tout le moins, pour une aide au maquis. Il est ensuite détenu à la caserne Burloup, à Rodez, où se rendait ce jour-là la colonne allemande en provenance de Mende. Un peu moins d’un mois plus tard, Wormser faisait partie des trente exécutés à Sainte-Radegonde. Un massacre, aussi désastreux que documenté, perpétré par des Waffen SS en train de se retirer de la zone, la victoire finale des alliés sur le sol français étant proche.

Inhumé le 21 août à Espalion, il a été transféré au cimetière juif de Colmar près de deux ans plus tard. Fait chevalier à titre posthume de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre avec palme, son nom est inscrit sur le monument commémoratif de Sainte-Radegonde. Pour se souvenir de la petite histoire dans la grande. Incongruité historique. D’un destin tragique.

 
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