Cultiver des ananas au Québec, le pari des scientifiques

Le projet Genesis de l’Université de Sherbrooke fait de Lac-Mégantic sa vitrine technologique afin de réduire l’empreinte carbone du Québec et d’augmenter l’autonomie alimentaire.

« Nous voulions le positionner à Lac-Mégantic, où se trouve le microgrid. Nous voulons compléter cela avec de nouvelles technologies », résume Jean-Michel Lavoie, professeur de génie chimique et directeur adjoint du Laboratoire des technologies de la biomasse de l’Université de Sherbrooke.

Le microréseau de Lac-Mégantic, inauguré en 2021, est le premier microréseau électrique au Québec à être déployé sur l’ensemble d’un quartier.

Ce laboratoire à ciel ouvert s’appuie sur 2 200 panneaux solaires installés sur différents bâtiments. Cela a en quelque sorte servi de « bougie d’allumage » à ce réseau scientifique, devenu une autre vitrine technologique.

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Le projet de microréseau à Lac-Mégantic a nécessité une grande expertise de la part de toutes les parties prenantes, incluant les professionnels de CIMA+ et WSP. (Collaboration spéciale)

Le projet Genesis comporte trois volets.

« Lorsque les gens ne sont pas raccordés au réseau électrique, ils doivent produire de l’électricité d’une autre manière et très souvent, il s’agit de générateurs qui utilisent des combustibles fossiles, comme le diesel, le gaz naturel, le propane. L’idée derrière cela est de pouvoir utiliser jusqu’à un certain point les résidus forestiers, provenant de diverses industries, pour pouvoir produire de la chaleur et de l’électricité, en vue d’éventuellement réduire l’intensité de l’empreinte carbone. .»

Nous pensons par exemple aux résidus forestiers et agricoles. Ces petits systèmes pourraient être utilisés notamment dans les petites communautés. Ils pourraient également être transférés à d’autres industries.

« L’idée est d’aider les personnes excentrées par rapport au réseau électrique, par exemple les communautés des Premières Nations », qui ne sont pas toujours « bien raccordées directement aux infrastructures d’Hydro-Québec ».

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Lac-Mégantic devient une vitrine technologique, tant grâce à son microréseau que grâce au projet Genesis de l’Université de Sherbrooke. (Jocelyn Riendeau/Archives La Tribune)

« Cela leur permettrait d’utiliser la biomasse dont ils disposent pour produire de la chaleur et de l’électricité. »

Les entreprises de télécommunications disposant d’infrastructures à l’extérieur des grands centres urbains pourraient également être intéressées par ce volet.

De plus, cela permettrait à certains utilisateurs de produire de l’électricité afin de contribuer à la production, dans un contexte où Hydro-Québec ne disposera pas de suffisamment d’électricité pour répondre à tous les besoins.

«Nous allons valider cette technologie à Lac-Mégantic pour voir si nous pouvons l’intégrer au concept de microgrid.»

Fruits et légumes toute l’année

Avec l’installation de serres mobiles, nous souhaitons profiter d’une chaleur « résiduelle de faible valeur ». Le laboratoire a déjà été contacté par des industriels qui se demandaient comment gérer cette chaleur atteignant des températures élevées.

Cependant, on pourrait très bien y cultiver des fruits et des légumes. Et pourquoi pas, des espèces tropicales. On pourrait ainsi réduire la dépendance aux importations, principalement en hiver.

« Pour stimuler l’imagination des gens, on s’est dit : pourquoi pas des ananas ? Étant donné qu’on aura de la chaleur toute l’année, et si on combine cela avec une bonne gestion des panneaux solaires et de l’éclairage, pourquoi ne pas cultiver des espèces tropicales dans un environnement comme le Québec ? Conceptuellement, c’est intéressant.

Un prototype de serre entièrement automatisée sera donc construit.

Enfin, le projet valorisera également les effluents gazeux, c’est-à-dire les gaz de combustion produits. Les gaz d’échappement peuvent être convertis en nouveaux carburants. En l’occurrence, en diesel… qui pourrait potentiellement être utilisé dans le parc automobile de Lac-Mégantic.

« De cette façon, nous pourrons boucler la boucle : nous pourrons utiliser la biomasse forestière résiduelle pour produire de la chaleur et de l’électricité ; nous récupérerons la chaleur résiduelle [… ] et éventuellement, nous lutterons même directement contre les gaz à effet de serre (GES) en les convertissant en carburant, avec un surplus d’électricité que nous pourrons récupérer grâce au micro-réseau », résume M. Lavoie.

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Directeur adjoint du Laboratoire des technologies de la biomasse de l’Université de Sherbrooke, Jean-Michel Lavoie en est également le fondateur. (Michel Caron, Université de Sherbrooke)

« Avec l’arrivée de Genesis, Lac-Mégantic aura cette opportunité d’avoir une vitrine de nouvelles technologies énergétiques, qui sera quand même assez unique au Québec… Il existe différentes possibilités d’adapter ces technologies à différentes applications… »

Genesis a reçu un financement de 100 000 $ de la Banque Scotia fin 2023, provenant de son Fonds de recherche Net-Zero.

 
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