« On ne pourra plus tout proposer à tout le monde »

René Prêtre, invité du 19h30 sur la RTS

RTS

Le célèbre chirurgien René Prêtre était l’invité dimanche soir dans “19h30” sur la RTS. A 67 ans, le cardiologue est toujours en activité, ayant réalisé trois opérations la semaine dernière au CHUV. Alors qu’il avait annoncé sa retraite à l’été 2022, après avoir réalisé quelque 6 000 opérations du cœur, il revient pour partager sa passion.

“Êtes-vous irremplaçable?” a demandé le présentateur Gabriel Weck. Non, il ne l’est pas, a-t-il répondu, mais grâce à une réorganisation de la chirurgie pédiatrique dans l’établissement vaudois, il a repris du service: «Je n’ai pas été surpris, mais satisfait de voir que ni mes yeux, ni mes mains, ni ma concentration n’avaient beaucoup bougé… »

“Il joue à la chirurgie”

En fait, il n’a pas vraiment quitté la profession, puisqu’il a continué à exercer dans des missions humanitaires. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait une sorte de « dépendance à sauver des vies », il a répondu : « Il y a de la passion derrière cela. Cela me faisait toujours sourire quand les gens disaient « votre travail ». Le travail a une connotation un peu négative. Quand vous parlez d’un artiste ou d’un athlète, vous dites : il joue du piano, il joue au tennis. Pour moi aussi, on pourrait dire : il joue à la chirurgie.

« Au sommet de ce dont nous sommes capables »

A 67 ans, vous prenez un risque ? rétorqua le journaliste. « Oui, évidemment, il y a toujours un risque », a-t-il admis. Je ne pense pas que du jour au lendemain, d’un seul coup, les capacités disparaissent, il me semble qu’elles s’érodent lentement. Et j’espère que j’aurai cette sagesse pour pouvoir me retirer au bon moment. (…) J’ai envie de sortir comme certains sportifs, pas en pleine gloire, le mot est excessif, mais disons, au sommet de ce qu’on est capable de faire.

“Notre niveau de santé, nous le méritons”

René Prêtre a été interrogé sur ses missions humanitaires à l’étranger, où il travaille parfois dans des conditions de « médecine de guerre ou bouts de ficelle ». S’il jugeait l’expression un peu « excessive », il a précisé qu’avec sa fondation, il avait « appris le coût de chaque fil (…) j’ai appris ce que ça valait pour économiser le plus possible… »

La discussion s’est naturellement portée sur le système de santé suisse « ultra-luxueux » et sur la manière dont les gens le perçoivent. “C’est luxueux, c’est vrai”, a-t-il reconnu. Mais je n’ai jamais eu de sentiment de malaise en sortant de là en rentrant chez moi, car pour moi, notre niveau de santé, on le mérite.

Deux principes à respecter

Evoquant les votes du 9 juin, notamment l’initiative du Centre qui veut freiner les dépenses de santé, on lui a demandé si c’était le moment d’agir : « Je ne suis pas sûr que ce soit le moment de tirer. le frein à main, mais on sent que c’est le moment d’arrêter d’appuyer sur l’accélérateur. Quand on voit la spirale inflationniste de notre santé, on ne peut s’empêcher de se dire qu’un jour, on ne pourra plus tout offrir à tout le monde. Et là, il va falloir faire des coupes claires et savoir fixer des critères d’inclusion, où mettre le curseur. Où dit-on : non, à partir de là, on n’en fait plus.

Si le système de santé suisse se retrouve confronté à ce choix, il y a deux principes à respecter : « La qualité des soins que nous prodiguons et l’accessibilité à ces soins. Ceux qui y ont droit doivent pouvoir y accéder, quel que soit leur niveau matériel, financier ou social.

 
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