LE GRAND NETTOYAGE ? – Maroc Hebdo

LE GRAND NETTOYAGE ? – Maroc Hebdo
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S’agit-il d’un grand nettoyage ou de simples effets publicitaires ? En tout cas, les constats sont alarmants. La corruption est ancrée dans tous les fonctionnements de l’État, des établissements publics et de l’Administration. L’hémicycle n’est pas en reste.

Le Maroc écrit une nouvelle page de son histoire. Une campagne visant à assainir la sphère politique est en cours depuis un certain temps. L’État a engagé des poursuites judiciaires contre des parlementaires corrompus, des élus locaux corrompus et des fonctionnaires sans scrupules. Certains sont derrière les barreaux, d’autres mis en examen. Certains épinglés par le rapport de la Cour des comptes, d’autres par l’inspection du ministère de l’Intérieur ou encore par les perquisitions du redoutable BNPJ.

Est-ce le grand nettoyage ou les effets publicitaires ? En tout cas, les constats sont alarmants. La corruption est ancrée dans tous les fonctionnements de l’État, des établissements publics et de l’Administration. L’hémicycle n’est pas en reste. Depuis les élections législatives du 8 septembre 2021, près d’une trentaine de députés ont été arrêtés ou mis en examen, impliqués dans des affaires de corruption ou de drogue. Se croyant « immunisés », nos élus défendent leurs propres intérêts, profitant d’un système de corruption et de recherche de rente.

L’affaire la plus marquante est celle du tandem Naciri-Bioui, respectivement président du conseil préfectoral de Casablanca et président de la région de l’Oriental. Les ramifications du réseau de trafic de drogue et d’êtres humains dans lequel ils sont embourbés pourraient bien inspirer un grand réalisateur hollywoodien à créer un thriller de grande qualité.

La dernière campagne d’assainissement a eu lieu il y a vingt-huit ans, sous le règne de Hassan II. A peine sortie du programme d’ajustement structurel (1983-1993), un rapport de la Banque mondiale enfonce le clou et atteste que l’économie marocaine reste gangrenée par la corruption et la contrebande. Menée par le ministre Driss Basri, l’opération devait cibler les hommes d’affaires accusés de contrebande et de corruption, mais elle a mal tourné : arrestations arbitraires, interrogatoires musclés, règlements de comptes… Au total, près de 1 285 personnes ont été arrêtées, parmi des hommes d’affaires, des cols blancs. les travailleurs du monde douillet de la finance ou de la fiscalité et les grands patrons. L’opération a semé la terreur dans les milieux d’affaires et a failli provoquer une véritable crise cardiaque dans l’économie nationale.

Contrairement aux années 1996, la campagne d’assainissement actuelle, qui s’écarte d’une chasse aux sorcières et s’apparente à un effet d’annonce, respecte, ne serait-ce qu’en apparence, la loi. Convocation, enquête, poursuite en liberté ou en détention provisoire.

Le problème est que tout cela ressemble à une opération ponctuelle. Encore quelques semaines ou mois de suspense et de battage médiatique, et tout sera oublié par la brûlante nouvelle du mariage ou du divorce d’une actrice ou d’une chanteuse célèbre. Car comment expliquer que l’essentiel des procès se concentre entre Casablanca et Fès ? Dans d’autres villes et régions du Royaume, des représentants de la société civile dénoncent sans cesse les irrégularités des élus locaux ou des gouverneurs.

La Cour des comptes produit plusieurs rapports qui accablent nombre de responsables mais qui débouchent rarement sur des poursuites judiciaires. C’est ce laxisme, cette tolérance de la corruption sous toutes ses formes et cette impunité qui sévit sous nos cieux qui nous font dire que l’assainissement en cours n’est ni plus ni moins qu’une campagne comme une autre.

 
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