l’essentiel
Face à une décision de justice qu’il juge injuste, et après avoir déjà parcouru 700 km à pied en 2022 pour la dénoncer, un père divorcé originaire du Gers a choisi de partir au Canada, où il a demandé l’asile. Une histoire qu’il raconte dans un livre.
« La justice m’a dégoûté. J’ai préféré quitter la France. En fait, je n’avais pas d’autre solution. » Fin octobre 2022, Abdel Merzak a parcouru 700 km à pied entre Gers et Paris. Ce Fleurantin souhaitait être entendu par le garde des Sceaux pour obtenir justice dans son divorce, en cours depuis 2017. Un espoir finalement déçu. « J’ai reçu des emails standards du ministère, mais jamais de réel retour sur le sujet. Ils ne se soucient pas du tout de ce qui s’est passé. La justice française m’a détruit… »
Isolé au Canada
Aujourd’hui divorcé, ce père de deux filles âgées de 12 et 14 ans vit au Canada, dans une petite ville à une cinquantaine de kilomètres de Montréal. Il travaille de nuit dans une station-service. « Je vis en chambre, dans une colocation. Mes moyens ne me permettent pas de louer un appartement… La France me manque, tout comme ma famille, mes amis. J’ai mes filles au téléphone les mercredis et samedis, ça se passe bien. J’essaie de me reconstruire. Il est difficile. »
Pour relativiser son histoire, reconsidérer son parcours, il écrit un livre dès son arrivée au Canada. « À travers les ombres de la justice » rend compte en détail de cette longue procédure qui a épuisé ce Gersois. Aujourd’hui, il se considère toujours victime d’un jugement injuste, où les multiples dénégations produites face aux allégations de son ex-femme n’ont jamais été entendues. « Le juge des affaires m’a condamné à payer 900 € de pension alimentaire, alors que je suis au chômage. Je me suis retrouvé, même si je n’ai jamais levé la main contre eux, à ne voir mes filles qu’une fois tous les 15 jours, à Marseille, pendant une heure et dans le cadre d’une médiation ! Comme si j’étais un criminel. »
Livre témoignage
Son avocat, tout comme sa famille, lui a conseillé de partir. Sans base, les Fleurantin ont fini par se décider pour le Canada. Lorsqu’il arrive sur place, il explique son cas et se voit proposer l’asile. «Ils considéraient que je risquais d’aller en prison faute de justice», explique Abdel Merzak. Mon cas sera jugé d’ici 2 ans par les autorités canadiennes. »
Abdel Merzak destine son livre à ses filles, lorsqu’elles seront grandes. « Ils sont trop petits pour le moment. Mais un jour, ils pourront se faire leur propre opinion et entendre ce que j’ai vécu. » Il souhaite également faire connaître son témoignage au grand public. Son cas, a-t-il pu le constater en consultant les réseaux sociaux, est loin d’être isolé. « Des dizaines de milliers de pères sont dans ma situation : face à des femmes manipulatrices, ils n’ont pas la possibilité de se défendre. Au Canada, le syndrome d’aliénation parentale est reconnu, pas en France. » A 54 ans, Abdel Merzak se voit désormais passer le reste de sa vie au Canada. « Je dois avancer, dépasser tout ça. Pour moi, mais aussi pour mes filles. »