Sa passion pour l’art et les Livres anciens remonte à l’époque où elle était lycéenne à Limoges. « J’ai choisi l’option « Histoire des Arts » dans la spécialité Arts et ce fut une révélation. Je l’ai suivi dans toutes les options possibles et imaginables, obligatoires, facultatives et j’ai même suivi les cours d’autres personnes parce que j’adorais ça », explique Luna Richard. Son baccalauréat général en poche, elle s’inscrit en licence d’Histoire de l’art et d’archéologie à l’Université de Poitiers.
« Trois années que j’ai énormément appréciées mais, après, j’ai eu envie d’un métier manuel et non de me lancer dans la recherche. Je me suis ensuite dirigé vers ce qui me fascinait le plus dans l’histoire de l’art, à savoir tout ce qui touche à la restauration et les livres attisent particulièrement ma curiosité. »
Voulant allier théorie et pratique et ne me voyant pas « retourner aux études après la licence, je me suis rapproché du centre de formation de Lyon – le CFA de la SEPR – car c’était l’un des seuls centres à proposer le CAP (certificat d’aptitude professionnelle) Les arts de la reliure sont également en apprentissage ».
Un an à l’atelier Reliure Retière Boccard
Mais il lui fallait aussi trouver une entreprise qui l’accueillerait tout au long de l’année scolaire 2023-2024. Elle cherche d’abord à Lyon et, devant les nombreux refus qu’elle reçoit, elle étend ses recherches aux régions voisines. Un beau jour, elle parcourt les quelque 400 offres d’alternance proposées sur le site du centre de formation de Lyon et trouve la perle rare. « J’étais motivé et j’ai tout regardé. Parmi les mécaniciens, fleuristes et autres boulangers, il y avait, à Marsannay-la-Côte, un atelier de reliure qui cherchait son futur alternant. » Une « annonce » qui semblait faite pour elle. « J’ai donc postulé chez Reliure Retière Boccard. J’ai rencontré Maël Retière qui est relieur, restaurateur et doreur. Elle a accepté ma demande », dit-elle.
« Elle m’a appris tout ce qu’il y avait à apprendre en un an et même plus. Dans le cadre du CAP, je dois connaître la reliure commune et les bases de la dorure. Elle m’a donné les bases mais elle m’a aussi montré son travail sur d’autres projets, des projets d’une autre envergure avec d’autres techniques et d’autres méthodes beaucoup plus avancées. Elle m’a tout partagé, tout montré et tout expliqué sur la restauration de vieux livres – quelque chose que j’aimerais faire un jour – même si je n’avais pas le droit d’y toucher. C’était génial de pouvoir voir autant de choses et ça m’a vraiment donné envie de continuer dans cette voie. »
Il a ajouté que la reliure est « un métier exigeant qui demande du souci du détail et de la patience. Ce qui est important est de ne négliger aucune étape car, si l’une d’entre elles est manquée, cela aura des répercussions sur toutes les autres derrière elle. Le défaut sera visible quoi que nous fassions par la suite. Vous ne pouvez jamais vous tromper sur la liaison, car cela aura un impact sur tout le reste. »
Luna Richard obtient son CAP avec mention très bien et s’inscrit au Brevet des Métiers d’Art (BMA) Reliure Dorure au Lycée du designgraphique et des métiers du livre Corvisart Tolbiac à Paris. « J’apprends maintenant la reliure soignée et c’est ce que j’aime le plus. » Une formation de deux ans avec stages obligatoires, dont une de six semaines à réaliser entre les vacances de février et d’avril.
Décrocher un emploi à la BnF
« J’ai obtenu une place à la Bibliothèque nationale de France dans le service de restauration des objets associés sur le site Richelieu. C’est ce que je voulais faire comme stage », avoue-t-elle fièrement.
Après son BMA, Luna Richard envisage deux options : soit s’inscrire à la Mention Supplémentaire Dorure à Chaud, une formation qui existe chez Corvisart Tolbiac, soit décrocher immédiatement un emploi.
« Et, s’il y a une institution dans laquelle j’aimerais travailler, ce serait bien la BnF au Département de Restauration des Objets Connexes. Au premier cycle, cela me fascinait de voir des livres aussi précieux dans lesquels il y a un savoir-faire incroyable. J’ai suivi un cours sur tout ce qui touche aux écrits religieux de la fin du Moyen Âge et j’espère pouvoir un jour travailler sur ces livres. Ce serait incroyable » et, pour réaliser son rêve, elle met tout en œuvre pour y arriver.
L’apprentissage est le socle sur lequel repose l’avenir des métiers de l’artisanat en France.
Yves Bard, vice-président de la Chambre des métiers et de l’artisanat BFC, président de la délégation Côte-d’Or
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