Jouez sur les mots avec Antoine Hummel

Jouez sur les mots avec Antoine Hummel
Jouez sur les mots avec Antoine Hummel

Au Club de Lecture, nos invités nous parlent de livres, des leurs et de ceux des autres. Entre nous et avec vous, on parle de livres à travers cette branche ou sur le compte Instagram de la communauté Book Club. Et voilà qu’un livre est revenu plusieurs fois, dans ces échanges, celui d’Antoine Hummel. Un livre intitulé Ça joue et qui a fini par nous intéresser. C’était une bonne chose pour nous, car en fait, c’est un livre où ça entre en jeu. Il joue sur le sens du mouvement. Il pense, il parle. il trace, il avance et il rit aussi, même si parfois il rit amèrement. Le livre d’Antoine Hummel se demande si le chien est l’opposé du chat, et si tout dans le monde, y compris nous, a au fond son contraire ? Rien n’est moins sûr et c’est inquiétant. Le livre se demande aussi s’il vaut mieux dire tout ou rien, ou rien du tout et si au final, cela change quelque chose. C’est un livre où l’on peut rire d’avoir grandi dans les années 90, cette plaine morne, une époque où d’autres livres vendus à bas prix aux caisses des magasins tentaient d’expliquer le racisme, l’économie, la gauche ou le monde aux enfants. C’est un livre où les mots apparaissent plus gros et plus gros que les autres sur la page ou dans les fenêtres. Un livre enfin, où l’on critique l’injonction permanente à entreprendre. Ça joue a été publié aux éditions La tempête et son auteur, le poète Antoine Hummel est notre invité aujourd’hui.

La note vocale

Pierre @peurdelapeur’s question to Antoine Hummel: ” J’ai découvert votre livre à sa sortie et sa lecture a été une des expériences les plus exaltantes. J’aime beaucoup la façon dont vous entraînez le lecteur dans une sorte de labyrinthe fait d’incisions et de dislocations, tout en articulant un ensemble de mots. Des mots de tribu, des slogans d’une génération, celle des années 90, qui est aussi la mienne, et parviennent à montrer à la fois comment tout cela nous entoure, nous façonne, avec une rythmique et une manière de jouer qui est drôle, surprenant et extrêmement profond. Voici ma question : vous publiez depuis plusieurs années un ensemble de textes sur Internet, et certains sont repris dans le livre. Alors, je me demandais que pensez-vous de l’objet livre par rapport au média Internet ?

Antoine Hummel répond : « J’ai publié mon premier livre en 2020. Et c’était un texte qui avait été écrit successivement, comme on dit dans le jargon de l’édition, c’est-à-dire qu’il y a un bloc par page et la contrainte formelle est d’écrire pour qu’on tourne. C’est drôle, parce que je ne me suis jamais dit en écrivant et en mettant mes textes sur Internet que j’écrivais pour le parchemin. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il y avait l’écriture pour le spin et l’écriture pour le parchemin. C’est vrai que quand j’écris pour scroller, je ne peux m’empêcher de mettre des images animées, des gifs, des liens hypertextes, un peu de code javascript pour faire clignoter le tout. C’est de très mauvais goût, mais ça m’amuse beaucoup et c’est souvent l’occasion d’améliorer mes compétences en codage informatique. J’ai l’impression que j’ai du mal avec les possibilités de zapping assez minces qu’offre l’objet livre, c’est-à-dire que pour signifier qu’on passe à autre chose, qu’on a le nouveau paragraphe, le saut de paragraphe, le chapitre, le page, il doit y avoir quelques éléments graphiques traditionnels pour signifier que là, vraiment, on passe à autre chose. Mais je ne connais pas encore tout cela en tant qu’écrivain.»

Arrêtez de penser le monde en termes d’opposés

« Le langage n’est pas aussi ordonné que les formations conceptuelles et binaires plus ou moins expertes. Ainsi chat-chien, si chat n’est pas l’opposé de chien, une implication peut être par exemple que d’autres opposés ne fonctionnent pas non plus, d’autres couples d’opposés, comme filles et garçons ? C’est déjà une question un peu plus engageante. Ou ville-campagne, avons-nous vraiment affaire à des opposés ? Penser le monde en termes d’opposés, ce n’est pas le ranger de manière pratique et effacer les zones intermédiaires. Et que se passe-t-il s’il n’y a pas d’opposé de soi-même ? , par exemple ? C’est le vertige de la subjectivation. Si tout dans le monde a son opposé sauf vous, alors vous êtes censé vous construire dans une relativité effrayante, et cette relativité est si effrayante que vous ne voulez pas en faire trop. « Pour supporter la peur, il s’agit encore d’inventer des contraires comme, par exemple, je ne suis pas comme lui, je ne suis pas comme elle, je suis sûrement meilleur, ou du moins à ce niveau-là, etc… En fait, l’espace social est structuré par la compétition généralisée et il aime les contraires. »

Le grand jeu des pages musicales

Aujourd’hui, on doit la trouvaille à Eloi via la messagerie du Book Club. Ceci est un passage du livre de Yannick Haenel Les renards pâles (Gallimard)

Références musicales

Marek Zerba, Akoibon

Jo Johns, Solo de batterie

tout le monde, Cabestan

Toni Braxton, Simple comme

Archive

Nathalie Quintane, programme Être et savoir, Louise Tourret, France Culture, 22/02/2021

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