Série : qu’est-ce qui nous fascine autant au nord du 66e parallèle ?

Série : qu’est-ce qui nous fascine autant au nord du 66e parallèle ?
Série : qu’est-ce qui nous fascine autant au nord du 66e parallèle ?

“Brit m’a dit quelque chose qui m’a donné la chair de poule, se souvient du créateur Zal Batmanglij“Pourquoi toutes les enquêtes commencent-elles par une jeune fille nue dont le visage est taché de terre et de sang ? Ne peut-on pas habiller cette jeune femme, lui nettoyer le visage et l’inviter à résoudre le mystère plutôt qu’à en être la victime ?” C’est ainsi qu’est né le personnage de Darby Hart, une idée qui a grandi très vite…

Cela remonte à 2019 et, aujourd’hui, nous constatons que tous ces créateurs incroyables – Greta Gerwig, Justine Triet,… -, à la fin de la trentaine ou au début de la quarantaine, ont créé ces histoires féministes. Il est frappant de constater que cela s’est produit exactement au même moment dans différents drames sur différents continents. Comme Issa Lopez avec Vrai détective. C’est fou… Alors que cette année à Manie des séries de festivalsJe n’ai pas vu une seule histoire avec un personnage principal féminin.s’est demandé le créateur, président du jury international de l’édition 2024.

« Deux grandes séries, écrites par des femmes et mettant en scène des enquêtrices, se déroulent au bout du monde, dans des régions glaciaires. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une simple coïncidence, mais plutôt d’un reflet des préoccupations de notre époque. »poursuit Zal Batmanglij.

Le fait que lui et Brit Marling aient voulu inclure Darby Hart au cœur de leur série n’est pas non plus un hasard.Cette fois-ci, nous avons voulu raconter l’histoire du point de vue d’une jeune femme, car cela permet aussi de porter un autre regard sur le changement climatique et le progrès technologique.

« Sauver la putain de planète » : thriller écologique en Laponie

Ce chaos, ils l’explorent dans la série Un meurtre au bout du monde, visible sur Disney+. “Le genre de la roman policier nous permet de nous interroger sur les époques et les perturbations auxquelles nous sommes tous confrontés. Un mystère nous permet d’explorer autrement notre anxiété actuelle sur ces sujets. Quand on voit le nombre d’inondations et d’incendies de forêts dans le monde, il est impossible de ne pas être frappé par la fréquence de ces phénomènes et par leur impact. Je trouve aussi étrange qu’il n’y ait pas plus de séries qui en parlent. »

Une série internationale a récemment pris de l’ampleur, choisissant la voie de la Science Fiction : L’Essaim (Abysses, en VO). Est-ce pour cela qu’il n’a pas convaincu un très large public ? Mystère…

« Souvent, on ne comprend les effets secondaires des choses qu’après coup. Comme le radium de Pierre et Marie Cury. On trouvera un équilibre avec l’IA, mais cela prendra du temps et cela risque d’impacter beaucoup de monde, j’en suis sûr. »

J’ai tout de suite su qu’Emma Corrin serait une excellente Darby.

L’imbrication des différents sujets abordés par la série a nécessité une longue réflexion.Nous avons mis du temps à nous y retrouver dans cette histoire, car il n’existait pas de modèle pour ce type de personnage très particulier (on n’en dira pas plus par peur des spoilers, NDLR), d’autant plus que Darby n’a ni arme ni badge. Il a fallu deux ans pour écrire les 7 épisodes, avant le tournage et le montage. » Une véritable épopée rendue encore plus complexe par le choix du lieu de tournage… (voir ci-contre) Mais pour porter cette histoire, ils disposaient d’un atout indéniable : l’actrice Emma Corrin.Elle m’a époustouflé série La Couronne, “Je n’avais pas l’impression qu’elle jouait la comédie, mais qu’elle était devenue Diana. J’ai tout de suite su qu’elle serait une excellente Darby.”

Les histoires ont façonné ma vie

Depuis qu’il est petit, Zal Batmanglij est fasciné par les histoires.

« Tous les soirs, mon père me lisait 10 ou 20 pages de romans de Roald Dahl ou de livres de science-fiction. C’était une invitation à entrer dans un autre monde. Plus tard, je les lisais moi-même. Les histoires étaient ma vie, j’y pensais déjà constamment. Je jouais, je les construisais avec des Lego. Pendant un certain temps, j’ai perdu cette sensation et je me suis dit, une fois adulte, qu’il fallait que je retrouve cette liberté. La sensation que me procuraient les lectures de mon père était éphémère, mais la version tangible de cela, c’étaient les films. »

A côté des VHS, des films de télévision et de cinéma vus en famille, Zal Batmanglij se lance dans la réalisation de courts métrages avec ses amis, de sketchs. Il a tout de suite su qu’il ne serait pas acteur mais scénariste et réalisateur »,parce que c’était le lieu où se construisait l’histoire et où les images étaient manipulées ».

La moitié du duo créatif de la série inoubliable L’OA, Zal Batmanglij valorise avant tout le dialogue. Ainsi lors de cet entretien, il s’exprime à moitié en anglais et à moitié en français, comme il le faisait lorsqu’il était enfant. Il a vécu 5 ans à Vence, près de Nice, et a jonglé entre l’iranien, le français et l’anglais.

« En grandissant, la vie, la liberté, la perception des couleurs s’émoussent. C’est comme rentrer dans le rang. Ce qui est formidable, c’est que les souvenirs de mon enfance sont restés intacts dans mon esprit.

Brit Marling a « ce je-ne-sais-quoi » comme vous dites en français.

Tout a changé pour lui lorsqu’il a rencontré Brit Marling à l’université, ils avaient 21 ans.J’ai immédiatement réalisé qu’elle était magique. L’admiration n’a pas faibli depuis, bien au contraire. « Elle a ce « je ne sais quoi » comme on dit en français. Ce n’est pas seulement la beauté, mais aussi sa voix, ses idées. Elle a la plus grande imagination que j’ai jamais rencontrée.

Le créateur Zal Batmanglij lors de la cérémonie d’ouverture du festival Séries Mania à Lille en mars 2024. ©agence franck castel

“C’est difficile de dire comment fonctionne notre duoil continue. Nous avons beaucoup de rituels d’écriture et un cadre strict : horaires, promenades, discussions… Mais à l’intérieur de cela, nous avons beaucoup de liberté. C’est comme un jardin que l’on définit entre nous : on va planter des graines, puis y ajouter de l’eau, du soleil. Et c’est là que la magie entre en jeu : certaines plantes poussent vite, d’autres non, mais elles restent là en attendant qu’elle s’installe. Et je sais qu’un jour, ils grandiront.dit Zal Batmanglij avec un grand sourire.

L’annulation de leur série L’OA, après deux saisons, Netflix a laissé des millions de fans inconsolables.D’une manière ou d’une autre, nous trouverons un moyen de terminer cette histoire.dit-il avec un large sourire légèrement énigmatique.

 
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