« Monique s’échappe » d’Édouard Louis, le récit sensible et politique de l’émancipation

Édouard Louis raconte dans son dernier récit autobiographique l’évasion de sa mère, prisonnière d’un foyer violent. Une œuvre intime et universelle qui met en lumière ces femmes pauvres et invisibles de notre société.

J’ai vu des hommes frapper des femmes toute ma vie et surtout dans notre famille, et je ne veux pas que cela vous arrive. » Le dernier ouvrage autobiographique d’Édouard Louis, Monique s’échappe, commence en détresse. Celui de sa mère, insultée et humiliée par l’homme avec qui elle vit. Celle d’un fils impuissant face aux violences que subit une nouvelle fois sa mère. Ainsi à distance, par téléphone et pendant des jours, il va l’aider à s’évader, découvrant à chaque instant de nouveaux obstacles dressés à son émancipation.

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Monique avait déjà tenté à plusieurs reprises d’échapper à la violence des hommes. D’abord celui du père d’Édouard Louis. ” Mon père l’avait appelée pour la supplier de revenir et elle avait cédé : comment aurait-elle pu s’en sortir, sans argent, sans diplômes, sans permis de conduire, sans formation professionnelle, seule avec cinq enfants. […] J’étais trop jeune et je ne savais pas encore que la liberté avait un prix, un prix que ma mère ne pouvait pas payer », dit-il dans cette histoire. Monique pensait avoir obtenu cette liberté, racontée dans Combats et métamorphoses d’une femme, mais a été une fois de plus victime d’un environnement violent.

Elle avait cinquante ans et nous essayions ensemble de rattraper toutes les années qui lui avaient été volées.

Édouard Louis retrace ainsi les petites conquêtes et les grandes victoires de sa mère lors de son deuxième envol. Utiliser un ordinateur, vivre seul, chercher un logement, effectuer des démarches administratives… » Elle avait cinquante ans et ensemble, à travers l’écran qui nous séparait, nous avons essayé de rattraper toutes les années qui lui avaient été volées. »

Faire la lumière sur l’invisible

Comme toujours avec l’auteur, qui s’est fait connaître grâce à En finir avec Eddy Bellegueule, cette histoire intime met en scène une société, celle des invisibles. Avec beaucoup d’empathie et d’intelligence, il explore ce qu’est la pauvreté, comment elle s’incarne et avec quelle violence. ” Quand on pense à la dépossession, à la pauvreté, on pense à la difficulté d’acheter des vêtements ou de payer ses factures, mais on ne pense pas à ces choses, aux saveurs, aux odeurs, aux sensations jamais ressenties. »

Ce livre, à la fois touchant et révoltant, sur la condition des femmes et le prix de leur liberté, est aussi joyeux et lumineux. Édouard Louis signe une œuvre de maturité, éminemment politique et très juste.

Notre avis : 5/5

Éd. Seuil, 180 p., 18 €.

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