Par
Coralie Durand
Publié le
1er novembre 2024 à 19h30
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Alors comment vas-tu? Cette phrase, Matthieu Josse on l’entend fréquemment aujourd’hui. Sans doute trop par rapport à hier. Dans un livre étonnant, Sauvez sans périr, le quadragénaire parle de son métier de pompier, qu’il exerce depuis 20 ans à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Et surtout comment ce choix a eu un impact sur sa viesa famille, sa santé. Sans qu’on s’en rende compte.
Aller au-delà du « syndrome de John Wayne »
Un pompier parle difficultés psychologiques dans son métier, le fait est déjà rare. Qu’il mette l’accent sur la gestion des émotions, sans épargner ni lui ni son entreprise dans laquelle règne en maître le « syndrome de John Wayne », l’est encore plus. Même s’il donne des exemples d’intervention dans son livre, Matthieu Josse n’en fait pas pour autant le centre de gravité.
Leur donner vie n’était pas mon objectif, il n’y a souvent rien d’extraordinaire. Je voulais me concentrer sur les émotions.
Le voyage interne n’a pas été facile. Sept mois d’écriture, dus à un « concours de circonstances » : une opération du dos, le diagnostic d’une maladie auto-immune et une intervention. Deux adolescents électrocutés dans une gare de Montoir-de-Bretagne en octobre 2022. Matthieu Josse fait partie de l’équipe qui arrive sur place. Il y laissera un morceau de lui-même.
Le concept de stress post-traumatique
“Tout cela combiné a fait du début de 2023 la période la plus difficile de ma vie.” Le professionnel est en arrêt maladie. Commencez à consulter un thérapeute.
Je n’arrêtais pas de revivre cette intervention. Je perdais le contrôle, avec une tristesse infinie.
Il apprend les notions de stress post-traumatique. Comprend également que le choc, aussi fort soit-il, n’a été que le déclencheur.
Un « sac à dos » dans lequel les traumatismes s’accumulent
«Je souffrais inconsciemment depuis bien plus longtemps. A l’occasion de la publication du livre, certains collègues m’ont parlé des réactions bizarres qu’ils peuvent avoir dans leur vie quotidienne. C’est aussi lié à ce que nous portons au quotidien. Le pompier compare cela à « un sac à dos » dans lequel les professionnels stockent, petit à petit, leurs blessures et traumatismes. Jusqu’à ce qu’il devienne trop lourd à porter.
Déshumanisation
Grâce à l’écriture, Matthieu Josse a pu faire tomber « les barrières qu’on se mettait. Non, ce n’est pas normal de prendre des risques et de craindre pour sa vie. En distançant ses expériences, ses choix et ses réactions, il a réussi à gommer la « dichotomie mondiale » qui régissait sa vie. Fini la déshumanisation pour mieux vivre le quotidien, le Nazaïrois s’est enfin retrouvé. Avec tout de même un équilibre fragileet des questions qui restent sans réponse : pourquoi ce métier ? Comment se protéger ? Comment cela influence-t-il ses proches ?
C’est là que l’ouvrage se révèle plus fort qu’un témoignage et dans lequel peuvent se reconnaître de nombreuses personnes exerçant un métier d’intervention. Et à qui on ne pose sans doute pas assez la question : alors, comment vas-tu ?
Épargner sans périrédité par Bateau vert et blanc, 15 €. Dédicace ce samedi 2 novembre à l’Espace culturel Leclerc de Saint-Nazaire, de 10h à 13h et de 14h à 16h
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