Alexandre Duyck, « ​​Avec toi je ne crains rien » (Actes Sud)

Alexandre Duyck, « ​​Avec toi je ne crains rien » (Actes Sud)
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Un couple disparaît. Imaginer « une scène de crime vieille de soixante-quinze ans, perchée à 3 000 mètres d’altitude ». Imaginez deux corps disparaissant dans un décor si pur, si paisible, si blanc. Imaginez un chagrin impossible. C’est ce qu’Alexandre Duyck capture avec tant de beauté et de pudeur. Grand reporter, il grimpe aux sommets de l’Histoire à travers le petit peuple emporté par l’oubli. Son premier roman, Augustin (Lattès, 2018), a imaginé le sort du dernier poilu tombé juste avant l’armistice de 1918. L’écrivain s’attaque cette fois à un couple disparu en 1942 en Suisse. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, cette tragédie passe inaperçue. « , chaque famille a ses morts, non moins glorieux que ceux des champs de bataille. » Les bribes d’archives et de témoignages étant insuffisants, Duyck fait appel à son imagination et à sa plume sensible pour donner un second souffle à ces héros alpins. Leur histoire d’amour commence en 1929. « Louise a une âme d’insulaire mais surtout de voyageuse. » Alors elle se laisse séduire par Joseph, “une personne audacieuse qui s’ignore”. Il lui promet un nouveau monde, un village aux paysages somptueux. “Je ferai de toi une princesse.” Elle a répondu : « Je te crois. » Qu’avaient-ils en commun? Rien que le besoin implacable de devenir mari et femme. » Certes, le quotidien est laborieux, mais pour eux, simplicité rime avec bonheur. « C’est peut-être ça l’amour, ne pas se demander ce que l’on fait les uns avec les autres, sans se raconter d’histoires. » Pendant que Louise entretient la maison, Joseph se met au travail. « Son corps a choisi pour lui, il sera bûcheron. » Bientôt, ce couple harmonieux accueille quatre enfants, avec le même enthousiasme. Louise et Joseph s’admirent, sans forcément se le dire. Jour après jour, ils grandissent ensemble en comprenant que l’extraordinaire réside dans l’ordinaire. « Il lui apprendra à rire malgré la vie. Ils sont unis par le rire, l’humour qui se transforme en amour. » Leur force et leur liberté sont ancrées dans la terre. Mais cet endroit merveilleux s’avère être maléfique. « Le glacier ici est un monstre endormi, le diable lui-même, à tel point qu’on l’appelle le glacier des Diablerets. » Il rappelle la puissance éternelle de la nature. « La montagne est une ogresse, une avaleuse d’enfants, elle se moque des frontières et des lois, elle impose, prend ses aises, séduit, elle appelle, elle attire, elle déracine, tue, enterre, écrase. » Elle peut paraître calme et olympienne et se réveiller sans avertissement. Cela n’effraie pourtant pas Joseph qui cultive sa solitude au sein de l’alpage. Lui, qui connaît la montagne par cœur, croit l’avoir apprivoisée. En parlant de sa beauté, il intrigue sa femme. Louise le surprend en lui proposant de l’escalader à ses côtés. Sont-ils imprudents en laissant leurs enfants seuls ? L’aînée n’a que 12 ans et son monde va s’effondrer si ses parents ne reviennent pas. Quel sera leur sort à tous ? Avec son écriture limpide et charnelle, Alexandre Duyck nous offre un roman diablement beau !

Alexandre Duyck
Avec toi je n’ai peur de rien
Actes Sud
Tirage : 6 000 exemplaires.
​​: 19,90 € ; 208 p.
ISBN : 9782330189549

 
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