Dans les rues de Mascara, ville natale du narrateur, se dessine une image saisissante de l’Algérie colonisée. Jean-Paul Enthoven évoque une période mouvementée et troublée et livre un récit riche.
1960, Mascara, berceau du narrateur qui cache à peine l’écrivain si résolument proustien. C’est une petite ville qu’il n’aime pas, au cœur de son pays natal, l’Algérie toujours française, qu’il aime encore moins. Dans ce monde écrasé par un soleil crépusculaire, des personnages peu attrayants affichent leur mesquinerie sur fond d’attentats, d’expéditions punitives, d’OAS et d’espoirs déçus par un de Gaulle visionnaire. Au milieu, la figure attachante du père, Edmond, beau comme Gregory Peck, qui décide de construire le Vox, un cinéma d’avant-garde dont l’inauguration – avec la projection de Moby Dick – se transforme en tragédie. Nostalgique, sensuel et plein d’humour, ce roman des origines trop longtemps niées captive par ses jeux de miroirs virtuoses et son art consommé du dire la vérité. MH
Si le soleil se souvient, de Jean-Paul Enthoven, éditions Grasset, 199 p., 19 euros.
