Il y a 25 ans, le drapeau chinois était hissé à Macao, marquant la fin de 442 ans de domination portugaise. Depuis, les habitants célèbrent chaque année, comme ce vendredi 20 décembre, la rétrocession de cette péninsule à la Chine.
Pour l’occasion, le chef du Parti communiste chinois Xi Jinping, présent depuis mercredi à Macao, participera aux cérémonies d’anniversaire et à l’investiture du nouveau chef de l’exécutif Sam Hou Fai, 62 ans. Ce dernier est le premier dirigeant de la péninsule à être né en Chine continentale, et non à Macao. Il parle cependant couramment le portugais, deuxième langue officielle du territoire après le chinois.
Jusqu’à sa rétrocession à la Chine, Macao était une colonie portugaise, rappelant le puissant empire maritime du XIVe siècle. En 1966, une révolte populaire menée par des habitants procommunistes éclate dans la péninsule. Le Portugal, qui souhaitait depuis longtemps se débarrasser de ce territoire jugé encombrant, proposait alors de restituer Macao à la République populaire de Chine.
« Un pays, deux systèmes »
Mais Pékin a tergiversé car, à 65 km de là, de violentes émeutes ont eu lieu la même année à Hong Kong et déstabilisaient déjà la région. La rétrocession de Macao attendra donc, même si dans les faits, » La Chine contrôle de facto la péninsule depuis cette période », souligne Jean-Philippe Béja, chercheur émérite au CNRS et spécialiste de la Chine. La colonie joue par exemple un rôle important dans les réseaux chinois d’importation et d’exportation.
Après le début des négociations en 1986, les deux parties ont signé un traité prévoyant le retour de Macao à la Chine en 1999, selon la doctrine « un pays, deux systèmes », décrétée pour la première fois en 1982 par Deng Xiaoping.
Macao, comme Hong Kong deux ans plus tôt, est devenue une enclave capitaliste et démocratique régie par une Loi fondamentale, en vigueur depuis 50 ans. Officiellement, cette loi prévoit une certaine autonomie du territoire, sauf en matière d’affaires étrangères et de défense qui relèvent du pouvoir central chinois.
« Un rêve » pour Pékin
Contrairement à Hong Kong, Macao représente depuis « un rêve pour Pékin », explains Jean-Philippe Béja. “ Aujourd’hui, la péninsule est en effet totalement contrôlée par le pouvoir central, la contestation n’existe pas « . Déjà en 1999, contrairement à ce qui s’était passé dans l’ancienne colonie britannique, les soldats envoyés de Chine continentale étaient accueillis à Macao avec l’approbation de la majorité de la population, alors composée à 96 % de Chinois. .
Autre fait frappant : le manque de pluralisme politique. Le directeur général de Macao, qui est responsable devant le gouvernement chinois, est élu au suffrage indirect par un « commission électorale » composé de 300 membres acquis auprès du Parti communiste chinois. ” Depuis la passation de pouvoir, il n’y a jamais eu plus d’un candidat à ce poste par élection, » recalls Jean-Philippe Béja.
Le Las Vegas d’Asie
Autrefois port stratégique, Macao a profondément changé au XXe siècle. De par son statut, la péninsule est le seul endroit en Chine où les casinos sont autorisés. L’industrie du jeu occupe une place majeure (21% du PIB en 2021), et représente environ 80% des recettes fiscales de la région.
« Ce Las Vegas de l’Asie offre l’opportunité à un grand nombre d’hommes politiques et de magnats chinois de venir jouer, et permet surtout un blanchiment d’argent massif. » underlines Jean-Philippe Béja. “ En 1999, l’idée était de diversifier l’économie de la péninsule, sans grand succès. »
Prostitution, présence de triades chinoises… À Macao, le crime organisé et la violence restent aujourd’hui problématiques, malgré l’adoption en 2022 de nouvelles réglementations visant à encourager la diversification économique tout en freinant les flux de capitaux illégaux.