(Washington) Donald Trump a exprimé mercredi son opposition à un accord budgétaire négocié au Congrès américain entre élus républicains et démocrates, faisant ainsi planer encore un peu plus le spectre d’une paralysie de l’Etat fédéral à l’échéance de vendredi soir.
Publié à 16h59
Mis à jour à 20h38
Robin LEGRAND
Agence -
Le républicain, qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier, s’est réjoui dans une publication sur sa plateforme Truth Social que ce projet de loi “ridicule et extraordinairement coûteux” était “en train de mourir rapidement”.
Dans une déclaration commune avec son futur vice-président JD Vance, il a également affirmé que toute concession aux démocrates représentait “une trahison de notre pays” et que les républicains ne devaient pas se laisser intimider par la menace de cette paralysie de l’Etat, a déclaré le célèbre “fermer”.
Avant cela, l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, avait déjà attaqué l’accord dans une longue série de posts mercredi sur son réseau social X.
“Tuez le texte!” », a écrit à plusieurs reprises le milliardaire qui a fait campagne aux côtés de Donald Trump et a été nommé par ce dernier à la tête d’une commission chargée de réduire les dépenses publiques.
“Tout élu de la Chambre ou du Sénat qui vote pour ce projet de dépenses scandaleux mérite de perdre son élection dans deux ans”, a également déclaré le patron de Tesla et SpaceX.
Pour l’administration Biden, l’absence d’accord budgétaire risque de « nuire aux Américains qui travaillent dur » et de « créer de l’instabilité ».
“Les républicains devraient arrêter de jouer à des jeux politiques”, a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, dans un communiqué.
“Cadeau de Noël”
Le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a présenté mardi cet accord budgétaire de plus de 1.500 pages. Négocié avec les démocrates, il prévoyait entre autres plus de 100 milliards de dollars d’aide contre les catastrophes naturelles demandées par Joe Biden.
Le texte permettait de financer l’Etat fédéral jusqu’à la mi-mars et ainsi d’éviter le “shutdown” avant l’heure fatidique de minuit dans la nuit de vendredi à samedi.
Sans cela, les États-Unis connaîtraient une paralysie des services publics fédéraux, entraînant un chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs prestations sociales ou encore la fermeture de certaines crèches.
Une situation extrêmement impopulaire, d’autant plus à l’approche de Noël.
Dès la publication de l’accord négocié au Congrès, les élus trumpistes – partisans d’un allègement de l’État fédéral – ont protesté contre ce qu’ils considèrent comme des dépenses irrationnelles.
Ce projet de loi représente “un cadeau de Noël pour la gauche”, a déclaré l’élu Russell Fry.
Le leader des démocrates à la chambre basse, Hakeem Jeffries, a déclaré qu’avec cette opposition de Donald Trump, les élus républicains avaient « reçu l’ordre de paralyser l’État » et de « faire souffrir les travailleurs américains comme ils prétendent le soutenir ».
« Traqué »
D’autres démocrates ont dénoncé l’influence d’Elon Musk sur la décision du président élu.
“Ce soir, Donald Trump et les élus républicains ont baissé la tête devant le véritable président désigné, Elon Musk”, a critiqué l’élue new-yorkaise Nydia Velazquez.
Les prochaines étapes pour éviter un « arrêt » sont désormais incertaines.
Pour certains élus trumpistes, un nouveau projet de loi prévoyant beaucoup moins de dépenses devrait être rapidement présenté au Congrès, une solution à laquelle adhère le président élu, mais pas sans conditions.
Sur Truth Social, Donald Trump a assuré qu’un tel texte ne servirait à rien s’il n’était pas accompagné d’un relèvement du plafond de la dette.
Les Etats-Unis ont la particularité de se heurter régulièrement à une contrainte juridique concernant leur capacité de crédit : ce plafond de la dette, ou leur montant maximum de dette, qui doit être formellement relevé ou suspendu par le Congrès.
Une suspension décidée en 2023 expire début janvier et les Etats-Unis devraient atteindre le plafond en juin. Donald Trump a donc déclaré mercredi qu’à son retour au pouvoir il voulait éviter cette « guillotine », « un piège vicieux » tendu selon lui l’année dernière par les démocrates.
Sans augmentation ni nouvelle suspension du plafond, “je me battrai jusqu’au bout”, a écrit Donald Trump, disant vouloir que tout soit réglé avant le 20 janvier.