un témoin absent fait craindre un non-lieu

un témoin absent fait craindre un non-lieu
un témoin absent fait craindre un non-lieu

Le procès de Deho-Guy Sery, Boinali M’ze et Oussman Guirassy, ​​jugés pour le meurtre de Khaled Bouderbala en 2020, est entré dans le vif du sujet ce mardi 17 décembre 2024. Les enquêteurs de la police et le médecin légiste ont notamment été entendus. Un témoignage éprouvant pour la famille de la victime, qui a également assisté à la projection de photos de son corps, tabassé par les ravisseurs.

« Ce n’est pas un enlèvement mais un acharnement, La mère de Khaled a réagi à la barre. Ce ne sont pas des humains qui ont fait cela, mais des sauvages. »

La journée a permis de retracer les faits et l’enquête qui a suivi. Le corps de Khaled a été déposé sur le parking de la maternité de l’hôpital d’Arpajon le 7 septembre 2020. Il ne portait qu’un pantalon de jogging et un morceau de serflex a été retrouvé sur place. Il sera identifié grâce à ses empreintes digitales.

« L’équité du procès est en jeu »

La veille, lui et sa compagne s’apprêtaient à regarder un film. Elle fait la vaisselle lorsque le téléphone de son compagnon, avec qui elle a trois enfants, sonne vers 22 heures. Oussman Guirassy est en ligne, peut-être au nom de Deho-Guy Sery.

Khaled explique qu’il doit se rendre rapidement à la station service Mignaloux-Beauvoir. Un lieu, situé à 400 m de son domicile, où il se rendait souvent dans le cadre du trafic de drogue dans lequel il était impliqué. Il met le film sur pause et repart en claquettes, sans ses cigarettes. Il ne rentrera jamais à la maison.

La caméra de la station Total montre un ballet entre le Renault Captur (utilisé le lendemain pour déposer le corps à Arpajon) et la voiture de la victime, entre 22h25 et 22h45. Plus tard, le compagnon de Khaled reçoit plusieurs coups de fil, l’un dont a été émis par Boinali M’ze.

Lui et Deho-Guy Sery s’arrêtent à la station-service le soir. Le premier a pris le train de Massy en début d’après-midi du 6 septembre et a été récupéré par le second en gare de Poitiers avec qui il s’est rendu dans le quartier Bel-Air. Là, des témoins rapportent une discussion au cours de laquelle l’enlèvement a été évoqué.

A 4 heures du matin, le téléphone de Deho-Guy repart vers le nord, via l’A10. Il est aperçu au péage de Poitiers-Nord au volant de la Renault Captur et la carte bancaire de la victime y est utilisée. Elle sera de nouveau là sur la route, puis à Brétigny-sur-Orge, à 7h30 du matin.

La menace d’un licenciement ce mercredi ?

Détaillant les interpellations et les actes d’instruction, les deux policiers, originaires de Poitiers et de Versailles, ont été longuement interrogés par les avocats de la défense ce mardi. Sur la téléphonie d’abord, puis sur les autres protagonistes qui n’ont finalement pas été poursuivis dans cette affaire.

Deux d’entre eux, appelés comme témoins, n’ont pas répondu à leur convocation. Pour le premier, un mandat d’arrêt a été émis. C’est impossible pour le second et son absence a déclenché une demande de non-lieu de la part des avocats de la défense.

“C’est un scandaleprotesta M.e Coutant. Nous n’y arriverons pas sans la présence de cette personne autrefois mise en examen. » « L’équité du procès est en jeu »ajouté Me Bourdier. Le tribunal s’est donné le - de trouver une solution pour faire entendre cet homme ce mercredi.

« Révélations directes »

Un autre témoin crucial a été entendu en fin de journée : “Vous êtes le seul à parler de révélations directes”de Deho-Guy Sery, a précisé le président. L’accusé aurait évoqué les faits avec lui, une dizaine de jours après la mort de Khaled. “Il ne voulait pas que ça se passe comme ça, il l’a regretté” a-t-il expliqué à la barre. Deho-Guy Sery voulait voler de la cocaïne ou de l’héroïne à Khaled, qui n’a pas voulu en parler “Où sont ses affaires”. « Ils l’ont frappé pour le faire parler. » Ce mercredi, après avoir entendu les derniers témoins, ce sera au tour des accusés de donner leur version des faits.

«Le plus gros fournisseur de cocaïne à Poitiers»

Khaled Bourdebala avait 37 ans lorsqu’il a été tué. Sa mère, née en Espagne, arrive en en 1970. Il grandit à Amiens où il rencontre sa compagne lorsqu’il a 11 ans. Tous deux sont venus s’installer à Poitiers en 2002 et ont eu trois enfants. «Il savait être un bon père», a-t-elle témoigné, évoquant leur vie de famille et les activités illégales de son compagnon. “Quand il a atteint un certain âge, il s’est calmé”, regrette-t-elle. Le casier judiciaire de Khaled Bouderbala recense 28 condamnations, principalement pour délits routiers, vols et violences. Rien pour trafic, seulement quatre mentions pour usage et possession de drogue.

Le commandant de police poitevin cité ce mardi a expliqué qu’en 2020, le trafic de cocaïne avait été réorganisé à cause du Covid. L’approvisionnement via des mulets guyanais était devenu impossible en raison des restrictions. C’est à cette époque que la victime développe la revente de cocaïne via la Hollande. De ses voyages, il rapporte ou a rapporté 1 kg de drogue pour 30 000 €.

Khaled Bouderbala était, depuis début 2020, « le plus gros fournisseur de cocaïne à Poitiers », selon l’enquêteur. Il aurait perdu entre 5 et 6 kg en quelques mois. Un tournant dans sa délinquance que sa compagne ne s’est pas expliquée ce mardi : “Nous n’étions pas dans le besoin financier, j’ai du mal à comprendre”.

Elle a évoqué ses sentiments après ce décès, « très brutal, très violent ». Son plus jeune fils est notamment très marqué, « ils ont brisé une famille ». Une colère partagée par le frère de la victime contre l’accusé : « Pour vous, ils sont présumés innocents, pour nous, ils sont coupables à 200 %. »

 
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