Saga d’aventures chorales qui taquine les steppes, les montagnes et les aigles, « Epimose » de Michaël Perruchoud nous emmène en Asie centrale au XIXème siècle dans le royaume autoproclamé du tyran Daïko Sragal. Le premier tome « Errances » ouvre une trilogie ambitieuse et épique.
C’est un projet qui commence par un rêve. A dix-neuf ans, Michaël Perruchoud rêve d’une usine dans une montagne et d’un tyran, Daïko Sragal. Il voit aussi des armes et des caisses remplies descendre dans la plaine. À son réveil, il met ces idées sur papier. La graine d’une future grande histoire à visée homérique est plantée.
Il y aura bien des versions, bien des tâtonnements, mais tout y est : une fresque humaine avec une galerie de portraits inspirants où l’intime côtoie le tragique et, parfois, le sublime, le lieu, c’est-à-dire l’Asie Centrale. , plus précisément la région du Pamir, à l’est du Tadjikistan, et l’époque, au milieu du XIXème siècle, où la Russie et la Grande-Bretagne rêvaient d’expansion, de richesse, dans des Empires où le soleil ne se couchait jamais.
La rencontre de Jules Verne et Nicolas Bouvier
L’auteur francophone Michaël Perruchoud attend de devenir éditeur (Editions Cousu Mouche) et écrit bien d’autres livres avant d’oser, dirons-nous, se remettre au travail. « Ce livre a passé beaucoup de - dans les tiroirs. Il essayait parfois de sortir, et puis c’était toujours là, assez énorme», indique l’auteur dans le podcast QWERTZ du 4 décembre.
Il lui vient alors l’envie de diviser son histoire en trois époques. Trois - distincts qui permettent à chaque fois d’ancrer l’un ou l’autre des personnages plus spécifiquement. Dans « Errances », le personnage principal est un ogre, un Staline d’un conte oriental.
Le côté circulaire m’intéresse beaucoup. Le personnage de Daïko Sragal n’est pas obèse, il se veut sphérique. Il a besoin de tout avaler, de contenir le monde.
Au-delà de ce Daiko Sragal, brigand et proxénète turc devenu empereur, régnant par la terreur, d’autres êtres sont marqués par les conditions impitoyables des montagnes et les luttes de pouvoir. Les rivalités entre clans, la tragédie des guerres fratricides, l’opportunisme des bandits, des prêtres et chamanes, des paysans, des bergers et des figures féminines porteuses d’espoir comme Chirine ou un nouveau-né nommé Illyssia, composent une galerie de personnages qui luttent pour survivre.
Un western d’Asie centrale
Dans la saga « Epimose », le premier tome « Errances » évoque les enjeux géopolitiques et les luttes internes. Mais chacun trouve sa place au pied des montagnes, bercé par les cris des aigles. La nature hostile, le froid, la neige, les pentes raides, le manque d’air, constituent des obstacles autant que des symboles de défi. Il y a du fatalisme dans cette histoire qui parle de cruauté, d’esclavage, de quête de pouvoir, mais aussi de liberté. Toute la question est de savoir quel sera le prix.
Catherine Fattebert/aq
Michaël Perruchoud, “Epimose. First era: Errances”, Editions Cousu Mouche, October 2024.
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