Le gouvernement français vit, sauf surprise, ses derniers jours, l’extrême droite et la gauche ayant annoncé lundi qu’elles voteraient la censure sur les questions budgétaires, ce qui devrait précipiter la chute de l’exécutif dans une France plongée depuis des mois dans la crise. chaos politique.
Nous voterons pour censurer le gouvernement
a déclaré la figure de proue de l’extrême droite Marine Le Pen.
Les voix de son parti, le Rassemblement national (RN), et celles de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP) suffisent à faire tomber le fragile gouvernement de centre droit, dépourvu de majorité à l’Assemblée nationale.
“Nous voterons la censure du gouvernement”, a déclaré la figure de proue de l’extrême droite Marine Le Pen. (Photo d’archives)
Photo: Getty Images / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Le PFN a déposé une motion de censure dans la soirée. Le groupe RN a déjà fait savoir qu’il voterait pour, mais aussi qu’il déposait sa propre motion de censure.
Dans l’après-midi, le Premier ministre Michel Barnier a tenu son gouvernement pour responsable d’avoir fait adopter sans vote son projet de loi de financement de la Sécurité sociale, en invoquant l’article 49.3 de la Constitution.
Devant un hémicycle chauffé, M. Barnier, engagé depuis plusieurs jours dans de laborieuses négociations, a déclaré avoir été à la fin du dialogue avec tous les groupes politiques
.
En territoire inconnu
Nous avons désormais atteint un moment de vérité qui confronte chacun à ses responsabilités.
a-t-il déclaré, mettant en garde les parties contre la possibilité que le pays entre en territoire inconnu
.
Quelques instants plus tard, la gauche radicale quitte l’hémicycle et annonce le dépôt d’une motion de censure, imitée par l’extrême droite. Le texte sera examiné mercredi au plus tôt.
Le gouvernement Barnier devrait donc tomber, malgré les concessions qu’il a faites ces derniers jours à l’extrême droite, l’arbitre du jeu : pas d’augmentation des taxes sur l’électricité, réduction de l’aide médicale de l’État aux étrangers, renoncement à un moindre remboursement des médicaments…
Lundi, peu avant l’ouverture de la session de l’Assemblée, le RN a posé une nouvelle condition en exigeant des mesures sur les retraites pour ne pas censurer le gouvernement.
Une première depuis la chute du gouvernement Pompidou
L’adoption d’une motion de censure serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier, formé en septembre après de longues et douloureuses négociations, deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République. (depuis 1958).
La France continue de s’enfoncer dans la crise politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en juin, qui a conduit à un hémicycle fragmenté en trois blocs, dont aucun ne dispose de majorité absolue.
Le pays est confronté à une dette épouvantable et au risque d’une crise financière. Immédiatement après que Michel Barnier ait tenu le gouvernement pour responsable, l’écart entre les taux d’intérêt des emprunts de la France et de l’Allemagne s’est fortement creusé sur les marchés.
La différence entre ces deux taux, appelée propagé
et baromètre de confiance des investisseurs dans la signature française, s’élève à 0,88 point de pourcentage, un niveau comparable à 2012.
Sans le projet de loi de financement de la sécurité sociale que nous examinons aujourd’hui, le déficit des comptes sociaux atteindrait près de 30 milliards d’euros. [44,2 milliards de dollars canadiens] l’année prochaine
a déclaré le ministre du Budget Laurent Saint-Martin à l’hémicycle.
Le président du groupe macroniste à l’Assemblée, Gabriel Attal, avait auparavant appelé les oppositions ne pas céder à la tentation du pire et donc ne pas voter la censure du gouvernement
.
Cette motion de censure n’est pas une fin en soi, ni un outil visant à la déstabilisation.
ont assuré les élus socialistes dans un communiqué, appelant le chef de l’Etat à nommer un Premier ministre de gauche.
Dos au mur, les chefs des groupes parlementaires constituant la base gouvernementale à l’Assemblée et au Sénat ont lancé dans la soirée un dernier avertissement. Voter une motion de censure reviendrait à plonger le pays dans l’inconnu
ont-ils déclaré dans une déclaration commune, plaidant pour stabilité et calme
.
Dans ce climat délétère, les Français sont surtout préoccupés par le pouvoir d’achat et 87% jugent leur pays en déclin
selon une enquête annuelle Ipsos-Sopra Steria publiée lundi.
Selon cette enquête d’opinion, près d’un tiers des Français (31%) souhaitent une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale tandis que 52% d’entre eux sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron.
La présidence française n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle situation politique alors qu’Emmanuel Macron atterrissait à Riyad pour une visite d’État de trois jours en Arabie Saoudite.