Dans une Roumanie en totale incertitude, une incertitude a été levée lundi 2 décembre : la Cour constitutionnelle a validé les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, ouvrant la voie à un duel, dimanche 8 décembre, entre un candidat d’extrême droite et un maire centriste, a déclaré à la presse son président, Marian Enache.
La semaine dernière, les autorités roumaines ont mis en cause l’influence russe et le rôle de la plateforme TikTok, qui “catégoriquement” a nié ces allégations.
Dans ce contexte, la Cour, saisie d’une demande d’annulation du vote d’un candidat malheureux, a ordonné un nouveau décompte. Celui-ci « n’a pas révélé de fraudes susceptibles de modifier le résultat des élections »selon le juge. Les jeux sont très ouverts avant le deuxième tour.
Sortant soudain de l’ombre, le candidat nationaliste aux accents mystiques Calin Georgescu s’inquiète à l’ouest du continent de l’avenir de ce pays stratégique, voisin de l’Ukraine et membre de l’Union européenne et de l’Otan.
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Percée de l’extrême droite
Il affrontera Elena Lasconi, leader des centristes (USR). « Merci (…) pour avoir écouté la voix des Roumains et ne pas avoir joué à la roulette russe avec la démocratie»a immédiatement réagi ce maire d’une petite ville.
Entre les deux tours de l’élection présidentielle, les Roumains ont voté dimanche 1er pour élire leur Parlement.est Décembre, élections législatives qui ont abouti à un Parlement fragmenté, avec une percée de l’extrême droite. « La Roumanie divisée »titrait le quotidien lundi vérité. Et pour cause : bien que le Parti social-démocrate (PSD), héritier du Parti communiste roumain, soit arrivé en tête du scrutin, il n’a obtenu que 22 % des voix, selon des résultats presque complets. Juste derrière, le parti d’extrême droite Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) a obtenu 18 % des suffrages exprimés. C’est le premier des trois partis du bloc nationaliste, qui rassemblent au total près de 32 % des voix, soit plus du triple du score enregistré en 2020 par l’AUR, alors seul en lice.
Jamais depuis la chute du communisme en 1989 le pays n’avait connu une telle percée, alimentée par la colère d’une grande partie des 19 millions d’habitants face aux difficultés économiques, à la guerre de l’autre côté de la frontière et à une classe politique traditionnelle. jugé hautain et déconnecté. La prochaine assemblée « sera extrêmement fragmenté et sans parti dominant »résume Marius Ghincea, politologue à l’ETH Zurich. « Même le PSD ne pourra pas gouverner sans deux autres partis »ce qui suggère “beaucoup d’instabilité à court et moyen terme”.
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Tentative de barrage
Avec, aux côtés de l’AUR, SOS Roumanie – dirigé par la tempétueuse candidate pro-Kremlin Diana Sosoaca – et le tout nouveau Parti de la jeunesse (POT), tous deux entrants au Parlement, l’extrême droite “est le plus gros bloc”souligne Sergiu Miscoiu, professeur de sciences politiques à l’Université Babes-Bolyai située à Cluj-Napoca. Les partis sont unis autour de leur opposition au soutien à l’Ukraine au nom de ” paix “ et la promesse de défendre « Valeurs chrétiennes ». Mais ils sont « divisé en interne »rappelle M. Ghincea, et n’ont pas assez de poids à eux trois pour former une majorité absolue.
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Pour les bloquer, plusieurs dirigeants politiques ont lancé des appels en faveur d’un « gouvernement d’unité nationale » résolument pro-européen. Mais tout dépendra “qui sera le nouveau chef de l’Etat, car il aura le contrôle sur la nomination du premier ministre”note Sergiu Miscoiu, évoquant son rôle clé, sachant que le PSD n’a pas donné de consignes de vote. Le Président de la République de Roumanie occupe une fonction essentiellement cérémoniale, mais exerce une autorité morale et une influence significatives en matière de politique étrangère.
Le succès de Calin Georgescu, anti-vaccin de 62 ans et admirateur de Vladimir Poutine, a suscité des manifestations, notamment parmi les jeunes Roumains. « Dans le climat actuel, je ne pense pas que nous puissions nous permettre de ne pas voter, surtout compte tenu de la vague extrémiste qui nous a balayés »Juge Ilinca, 22 ans.
Certains électeurs espèrent encore un retour au calme, comme Doina, 71 ans. Le retraité voit dans l’élection « un signe divin nous disant d’arrêter de nous disputer, de devenir plus solidaires, plus rationnels et bien intentionnés ».