La Cour suprême autorise l’avortement en cas d’urgence médicale.

La Cour suprême autorise l’avortement en cas d’urgence médicale.
La Cour suprême autorise l’avortement en cas d’urgence médicale.

(Washington) La Cour suprême des Etats-Unis, à majorité conservatrice, a accordé jeudi un soulagement aux partisans du droit à l’avortement en le réautorisant dans l’Etat de l’Idaho en cas d’urgence médicale, sans les convaincre sur le fond.



Mis à jour hier à 14h42



Sélim SAHEB ETTABA

Agence France-Presse

Le président démocrate Joe Biden, qui s’est positionné en défenseur des droits des femmes face à son prédécesseur républicain et adversaire aux élections de novembre Donald Trump, a salué une décision qui rétablit l’accès à l’avortement dans les hôpitaux de l’Idaho en cas d’urgence médicale.

« Aucune femme ne devrait se voir refuser des soins, être obligée d’attendre d’être en danger de mort ou de fuir son État simplement pour recevoir les soins dont elle a besoin », mais c’est la conséquence de l’arrêt historique de la Cour suprême annulant la garantie fédérale de le droit à l’avortement, a-t-il souligné dans un communiqué.

Par cette décision de juin 2022, la plus haute juridiction américaine a donné toute latitude aux États pour légiférer en la matière. Depuis, une vingtaine ont interdit l’avortement, qu’il soit pratiqué par médicament ou par chirurgie, ou l’ont strictement encadré.

Parmi eux, l’Idaho (nord-ouest), un État rural et conservateur, n’autorise que de rares exceptions, comme en cas d’inceste ou de danger imminent pour la vie de la femme enceinte. En dehors de ces cadres, toute personne pratiquant un avortement risque jusqu’à cinq ans de prison.

« Mauvais calcul »

Mais en août 2022, un juge fédéral, saisi par l’administration Biden, a partiellement bloqué l’application de cette interdiction dans la mesure où elle contredisait une loi fédérale sur les urgences médicales.

La loi fédérale, appelée EMTALA, oblige les hôpitaux affiliés au régime d’assurance maladie Medicare du gouvernement – ​​qui représentent la majorité d’entre eux – à traiter toute personne présentant une urgence médicale.

Mais en janvier, la Cour suprême a suspendu la décision de première instance le temps de statuer sur le fond, rétablissant ainsi l’interdiction de l’avortement dans l’Idaho dans sa pleine application.

Après avoir entendu les arguments des deux parties en avril, une majorité de juges – trois conservateurs et deux progressistes – ont estimé que la Cour avait « indûment accordé » l’appel, levé le sursis de la décision du tribunal inférieur et renvoyé l’affaire aux tribunaux inférieurs.

« Les arguments de l’Idaho concernant l’EMTALA ne justifient pas et n’ont jamais justifié un appel d’urgence ou notre renvoi anticipé de ce litige », a écrit la juge libérale Elena Kagan.

Cette décision « empêchera donc l’Idaho d’appliquer son interdiction de l’avortement lorsque l’interruption de grossesse est nécessaire pour éviter des atteintes graves à la santé de la femme », précise-t-elle.

La juge conservatrice Amy Coney Barrett a partagé cet avis, qualifiant la décision du tribunal de se saisir de l’affaire à ce stade d’« erreur de calcul, car les positions des parties continuent d’évoluer ».

“Clarté”

“Nous sommes soulagés pour le moment, mais pas vraiment euphoriques”, a réagi la présidente du Center for Reproductive Rights, Nancy Northup, déplorant que la Cour ne se soit pas prononcée sur le fond et pour l’ensemble du pays.

“Les femmes enceintes souffrant de complications graves et le personnel hospitalier qui les soigne ont besoin de clarté maintenant”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Il fait écho au désaccord exprimé par le juge Ketanji Brown Jackson qui a insisté jeudi matin pour le lire solennellement en séance. « La décision d’aujourd’hui n’est pas une victoire pour les patientes enceintes de l’Idaho, c’est un retard », a-t-elle déclaré.

« Cette Cour avait l’occasion d’apporter clarté et certitude à cette situation tragique, et nous l’avons gâchée. Tant que nous refuserons de proclamer ce que la loi exige, les patientes enceintes de l’Idaho, du Texas et d’ailleurs en paieront le prix », a-t-elle déclaré.

De leur côté, les trois juges les plus conservateurs, dans une dissidence rédigée par l’un d’eux, Samuel Alito, indiquent qu’ils auraient statué contre l’administration Biden et s’étonnent que la Cour se retire de l’affaire.

« Apparemment, la Cour a tout simplement perdu la volonté de trancher la question facile, mais émotionnelle et hautement politisée, que représente cette affaire », écrit-il.

 
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