« Les Républicains risquent de mourir à petit feu »

« Les Républicains risquent de mourir à petit feu »
« Les Républicains risquent de mourir à petit feu »
Soutien sur Facebook, paria sur X : les messages contradictoires des Républicains sur Eric Ciotti

Les premiers sondages sont aussi catastrophiques pour les LR. S’ils avaient obtenu 61 sièges à l’issue des élections législatives de juin 2022, ils pourraient bientôt en perdre la moitié, voire plus. Ils ne sont crédités que de 7% selon le dernier baromètre Legitrack d’OpinionWay – Vae Solis pour Les échos et Classic Radio, sorti samedi.

L’attentisme des Républicains

Pour Emilien Houard-Vial, enseignant à Sciences Po Paris et doctorant au Centre d’études européennes, Les Républicains, pris entre la macronie et le RN, sont passés maîtres dans l’art de la procrastination. “Ils sont coincés entre deux camps et ont choisi depuis longtemps de ne pas choisir ; une décision très dommageable à long terme. Il est possible que les LR aient trop attendu, qu’ils aient trop laissé la situation se dégrader. Je pense qu’ils ne savent pas comment faire, mais ils devront décider, soit stratégiquement, soit idéologiquement. Les postures sont très sympathiques, mais qu’est-ce qui oppose les LR à la macronie ? La sociologie des électeurs républicains reste très proche de celle du camp présidentiel.»

Bon nombre de personnalités de droite avaient déjà changé de camp : Gérald Darmanin, Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Jean Castex, Christophe Béchu… Quant à ceux qui ont rejoint le RN, ils étaient moins nombreux et moins connus : Thierry Mariani et Jean -Paul Garraud.

« Ce qu’a fait Éric Ciotti est assez logique », analyse Émilien Houard-Vial. “Il a vu que les Républicains étaient dans une impasse et qu’être dans l’opposition le privait de la carrière politique qu’il estime devoir avoir.”

A Clichy-sous-Bois, certitude d’une vaine colère, comme en 2005 : “En fait, rien n’a changé, c’est même pire.”

Le psychodrame créé par Éric Ciotti devrait pourtant inciter la droite à réfléchir à son avenir. C’est aussi le commentaire d’un de ses dirigeants, Jean Jeanbrun. “Au fond, ça nous rend service, ça permet une clarification immédiate des choses. Nous sommes plus de 25 000 élus républicains. Pour l’instant, M. Ciotti reparti avec quatre amis, maximum, et cela nous a permis de rappeler les règles fondamentales : nous ne sommes pas les alliés du Rassemblement National. Nous les combattons, nous les combattrons toujours.

Des barons LR comme le président du Sénat Gérard Larcher ont également souligné qu’il était hors de question d’accepter la main tendue d’Emmanuel Macron. “Nous irons sous nos couleurs, autonomes, indépendants”a-t-il déclaré jeudi soir sur TF1.

Un orchestre mais des partitions différentes

Mais très vite, les LR se sont repliés sur leurs habitudes, générant une grande confusion.

Dans les Hauts-de-Seine, la majorité présidentielle et LR ont signé vendredi un pacte local de non-agression. Les deux camps ne s’affronteront pas dans les treize circonscriptions de ce département, où sont candidats le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot.

« Les masques tombent »a immédiatement réagi Guilhem Carayon, le président du Jeune LR pro-Ciotti menacé d’exclusion, “dégoûté » par cet accord, qui a été rapidement dénoncé par le niveau national des Républicains. “Nous resterons dans une opposition extrêmement claire à Emmanuel Macron. Nous aurons donc des candidats, et des bons, y compris contre Attal et Séjourné.»a assuré le Figaro François-Xavier Bellamy, désormais en charge de la gouvernance LR.

La tête de liste aux élections européennes a également pu tenir des propos troublants pour les électeurs de droite. Même s’il avait condamné le projet d’alliance entre LR et le RN, il a indiqué, jeudi sur Europe 1, qu’il «bloquerait la France insoumise en votant bien sûr » pour le RN, en cas de second tour entre un candidat du RN et un candidat du Nouveau Front Populaire. Cette déclaration a provoqué un tollé, même à droite, et François-Xavier Bellamy a alors tenté de faire marche arrière. La veille, Gérard Larcher avait d’ailleurs affirmé qu’il ne choisirait ni l’un ni l’autre, en cas de duel entre un candidat RN et un candidat LFI.

« Les Républicains ne sont plus très nombreux, ils le seront sans doute bientôt encore moins, mais ce que l’on voit immédiatement depuis la décision d’Eric Ciotti, c’est qu’ils continuent de faire comme si de rien n’était. ‘était”diapositive Emilien Houard-Vial. “Le résultat le plus simple des élections législatives pour eux serait finalement une majorité absolue du RN car ainsi, ils n’auraient pas à choisir, à refuser des postes proposés par le RN pour compenser s’il disposait d’une majorité relative.”

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Concernant le plus long terme, Emilien Houard-Vial ne pense pas que Les Républicains vont disparaître complètement. «Mais ils risquent de mourir à petit feu et de devenir un de ces partis dotés de baronnies locales et peut-être de suffisamment pour constituer un petit groupe parlementaire. Après tout ce qui s’est passé, je ne vois pas par quel miracle, par quelle magie, ni avec quel homme ou femme politique charismatique, ils pourraient inverser la tendance et revenir sur le devant de la scène.»

 
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