Le pouvoir vacille en Allemagne

Le pouvoir vacille en Allemagne
Le pouvoir vacille en Allemagne

La question n’est pas de savoir s’il y aura de nouvelles élections, mais quand…


Publié à 1h12

Mis à jour à 5h00

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PHOTO BERNADETT SZABO, ARCHIVES REUTERS

Le chancelier allemand, Olaf Scholz

Nom : Olaf Scholz

Âge : 66 ans

Fonction : Chancelier de la République fédérale d’Allemagne

Mots-clés : Licenciement, coalition, élections, inquiétudes

Pourquoi en parle-t-on ?

Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Donald Trump, l’Allemagne est au milieu d’une crise politique. La coalition au pouvoir, dirigée par les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier Olaf Scholz, avec les Verts et les libéraux FDP, a explosé cette semaine. M. Scholz se trouve dans une situation intenable qui devrait conduire à des élections anticipées à plus ou moins court terme.

La raison de la crise

Les tensions étaient déjà vives au sein de cette alliance tripartite contre nature. Le goulot d’étranglement a finalement été révélé mercredi, après le limogeage du ministre des Finances et leader du FDP, Christian Lindner. La cause de la rupture : de profondes divergences sur la politique économique à suivre, à quelques jours du nouveau budget. Le SPD et les Verts sont favorables à la relance de l’économie par les dépenses, tandis que les libéraux prônent des coupes sociales et une discipline budgétaire stricte pour respecter l’obligation constitutionnelle de ne pas contracter de dettes.

« Forcément, ça a collé », résume Étienne Dubslaff, maître de conférences, expert de l’Allemagne, à l’université Paris-Nanterre. Dans la foulée, les libéraux ont quitté le gouvernement, à l’exception du ministre des Transports Volker Wissing, qui a quitté son parti pour rester dans l’équipe au pouvoir.

Et maintenant quoi ?

Avec cette rupture, Olaf Scholz se retrouve désormais à la tête d’un gouvernement minoritaire. Différents scénarios sont possibles, mais le plus probable reste la dissolution du Parlement par le président Frank-Walter Steinmeier, car Olaf Scholz risque de perdre le vote de confiance qu’il avait promis de soumettre aux députés à la mi-janvier, en vue des élections législatives de mars. .

Et surtout… quand ?

Mars ? Pour l’opposition, cette échéance printanière arrive beaucoup trop tard. “Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois”, a insisté cette semaine le leader du Parti chrétien-démocrate (CDU-CSU, conservateur), Friedrich Merz, proposant à la place la tenue d’élections à partir de janvier prochain. Étienne Dubslaff estime que Scholz préférerait avoir un sursis, pour « régler ce qui est en cours ». Mais selon l’historienne Hélène Miard-Delacroix, professeur à la Sorbonne, il est peu probable que la chancelière puisse tenir très longtemps. “Il y aura beaucoup de pression pour que cela se fasse rapidement”, résume l’expert. Un scrutin à très court terme pourrait, selon elle, favoriser l’opposition, qui “bénéficierait de la dynamique”.

Mais concernant le calendrier, ce scénario s’annonce plus compliqué : « Les élections pourraient techniquement avoir lieu vers le 10 janvier, mais cela signifie aussi que la campagne électorale aurait lieu pendant les vacances. Or, en Allemagne, tout s’arrête pendant la période de Noël. Imaginez mener une campagne à ce moment-là ! », souligne M.moi Miard-Delacroix. Vendredi, Olaf Scholz s’est dit ouvert à discuter avec l’opposition pour accélérer la tenue des élections, si elle acceptait de soutenir certains projets de loi en suspens. Les conservateurs ont immédiatement rejeté cette extension du pôle, arguant que l’organisation rapide du vote de confiance était préalable à toute négociation.

Scénarios électoraux

Selon un sondage Ipsos réalisé début novembre, les chrétiens-démocrates (CDU-CSU) remporteraient ces nouvelles élections avec 32% des voix. Mais ils auront probablement du mal à créer une coalition gouvernementale. Ce parti conservateur – longtemps associé à Angela Merkel – exclut d’emblée toute alliance avec le parti d’extrême droite AfD, qui poursuit sa progression inquiétante avec 18% des intentions de vote. Il est également probable que les libéraux du FDP n’obtiendront pas les 5% requis pour siéger au Parlement. En fin de compte, l’hypothèse d’une grande alliance entre la CDU de Friedrich Merz et le SPD d’Olaf Scholz (15%) et peut-être les Verts (11%) se dessine. Un scénario potentiellement problématique, estime Étienne Dubslaff. «Le risque est de devoir construire une nouvelle coalition qui sera à nouveau très instable car les positions politiques divergent tellement qu’il sera difficile de gouverner ensemble. »

Mauvais moment

La fin du gouvernement arrive au pire moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle. Le pays est menacé de récession pour la deuxième année consécutive. L’annonce en septembre de potentielles fermetures d’usines chez Volkswagen a créé un tsunami au pays de l’automobile. Les causes de la crise sont multiples, notamment la perte de compétitivité-prix. Des secteurs clés comme l’acier et la chimie sont touchés par la flambée des coûts de l’énergie suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, alors qu’ils étaient autrefois soutenus par le gaz russe bon marché. En outre, la Chine est devenue un concurrent direct dans plusieurs domaines où l’Allemagne était leader, comme l’automobile, l’acier, la chimie et les machines-outils. Le contexte géopolitique, avec les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine ainsi que l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, ne fait qu’accroître ces incertitudes.

Avec l’Agence -Presse

 
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