« Plus un seul lit disponible. Plus un seul médecin, plus un seul soignant disponible » Le constat est dur, au centre hospitalier de Sens, mais jugé « atypique ». “C’est une situation tout à fait exceptionnelle dans le mauvais sens du terme”, ajoute la réalisatrice, Véronique Robin, qui a pris des mesures.
Dans le couloir des urgences, l’embouteillage est visible ce jeudi 9 janvier 2025. Des patients attendent sur des civières, d’autres sur des chaises. « Le 3 janvier, le délai d’attente avant prise en charge est passé à 13 heures », reconnaît le chef du service des urgences, Abdenacer Cheikh. « Nous drainons 100 000 personnes plus la périphérie », rappelle-t-il. Et cette année, nous vivons une pleine vague de grippe. »
Déprogrammation, mutualisation, réquisitions de lits…
“L’hôpital ne peut pas tout faire… Quand je vois que le Smur se déplace parfois pour signer des actes de décès…”, pointe également l’urgentiste, qui, comme son directeur, appelle à une meilleure répartition des efforts entre tous les acteurs de la santé. Aline Creuwels, responsable du centre de médecine, parle d’« un désert médical, localement », pointant le manque de médecins de ville.
Durant cette période épidémique (grippe, covid, bronchiolite) et hivernale, l’hôpital connaît un afflux massif de patients entraînant une saturation des services d’urgence et des services de soins. Pour faire face, la direction a déclenché le dispositif « hôpital en tension » le 2 janvier, puis son plan de mobilisation interne deux jours plus tard. L’organisation des services de soins s’en trouve donc modifiée. Afin d’assurer la prise en charge des patients et la continuité des soins, une mobilisation interne spécifique a conduit à déprogrammer la chirurgie, à mutualiser les équipes et à augmenter la capacité des lits médicaux en réquisitionnant des lits habituellement dédiés à la chirurgie. Le service médical de l’hôpital de jour a été arrêté. Enfin, un service de soins à domicile sera lancé lundi. Là aussi, cela devrait permettre de soulager l’établissement.
« Ne venez pas aux urgences pour rien »
Cette semaine, dix opérations ont été annulées. Les patients concernés seront opérés ultérieurement. « Seules les opérations chirurgicales et oncologiques d’urgence sont maintenues », explique Véronique Robin.
Cinq médecins et huit infirmières travaillent aux urgences pendant la journée. « Dans la situation actuelle, au quotidien, chacun fait preuve d’un grand professionnalisme » estiment les dirigeants. Jusque-là, le plan blanc, dispositif supérieur, a été évité.
La crise pourrait durer encore plusieurs semaines. La proximité, l’intimité que cela crée aux urgences, est inquiétante. « Les patients qui sont sur des civières, il faut les hydrater, les emmener aux toilettes… », raconte Abdenacer Cheikh, qui s’inquiète puisqu’« un cas de méningite a été constaté récemment ».
La direction appelle à la prise de conscience. « Il ne faut pas venir aux urgences pour rien. Nous vous recommandons également d’appeler le 15 avant de venir. Les patients doivent s’adresser à leur médecin généraliste ou à leur pharmacie », conseille Véronique Robin.
La vaccination contre la grippe et le Covid, notamment pour les plus de 60 ans, est également recommandée. Le port du masque est obligatoire à l’hôpital. Une réunion de crise s’y tient chaque jour, prenant le pouls d’un établissement fébrile.