L’ESSENTIEL
- Des chercheurs de l’Université de Caen Normandie ont créé un nouvel agent de contraste.
- Lors d’une IRM, elle permet d’identifier des microthrombus, de minuscules caillots sanguins, présents après un accident vasculaire cérébral.
- Ce nouveau produit pourrait améliorer la récupération des personnes touchées par ces accidents.
Une révolution est en cours dans la technologie de l’imagerie par résonance magnétique. Cette technique d’examen permet de réaliser des images du corps en deux ou trois dimensions. Il est notamment utilisé pour détecter un accident vasculaire cérébral (AVC). A l’Université de Caen – Normandie, des chercheurs sont à l’origine d’une innovation qui pourrait améliorer sa prise en charge. Ils ont créé un nouvel agent de contraste, une substance injectée pour rendre certaines parties du corps plus visibles, permettant ainsi de repérer de minuscules caillots. Ce travail, réalisé dans le cadre de la thèse du Dr Charlène Jacqmarcq, sous la direction du Dr Thomas Bonnard, chercheur à l’Inserm, ont été publiés dans Nature Communications.
AVC : que sont les microthrombus, responsables de nombreuses séquelles ?
L’accident vasculaire cérébral est causé par la présence d’un thrombus, ou caillot, dans un vaisseau sanguin. “Lorsqu’un patient subit un accident vasculaire cérébral ischémique, il est essentiel d’éliminer rapidement ce thrombus pour rétablir le flux sanguin vers la zone affectée du cerveau afin de limiter les dommages.en précise les auteurs dans un communiqué. Deux techniques permettent d’éliminer ces caillots pour rétablir la circulation sanguine. Mais dans 30 % des cas, la microcirculation sanguine reste bloquée. “Parfois, les thrombus se fragmentent en thrombus plus petits (appelés microthrombus) et obstruent la microcirculation en aval, expliquent les chercheurs normands. Ces microthrombus sont particulièrement nocifs et sont responsables d’une grande partie des séquelles des patients souffrant d’un handicap important après un accident vasculaire cérébral..» Cependant, ces microthrombus sont très difficiles à identifier car ils ne sont pas visibles en imagerie médicale.
IRM et accident vasculaire cérébral : un produit de contraste inspiré des moules
Baptisé PHySIOMIC, le nouveau produit permet de les détecter lors d’une IRM. Les chercheurs ont développé des microparticules magnétiques destinées à être injectées dans la circulation sanguine et capables de se fixer sur des microthrombus. Cela permet de les identifier lors de l’IRM. “Le défi était particulièrement complexe car il fallait trouver un matériau qui permette à la fois de cibler les caillots sanguins tout en fournissant un signal magnétique suffisant et en étant totalement inerte pour l’organisme ; une matière donc idéalement organique”notent les auteurs. Ils ont trouvé la réponse en biologie marine : ils se sont inspirés d’un matériau découvert dans le byssus des moules, le filament qui leur permet de s’attacher à un rocher, la polydopamine. “Des tests réalisés sur des modèles murins d’AVC ischémique ont démontré que l’injection de PHySIOMIC permet de détecter les microthrombus avec une grande précision.résument les chercheurs. De plus, les particules PHySIOMIC ont également démontré une bonne biocompatibilité et une bonne capacité de biodégradation, ce qui les rend sûres à utiliser pour les diagnostics in vivo.
Une technique prometteuse pour détecter et traiter les accidents vasculaires cérébraux
Pour les chercheurs, cette technique pourrait permettre de créer de nouvelles stratégies à la fois pour le diagnostic, mais aussi pour la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux. D’autres travaux permettront d’évaluer l’efficacité du produit dans le cadre d’essais plus vastes. Dans un article de Sud-OuestThomas Bonnard précise qu’il faudra encore cinq à dix ans avant que le produit soit commercialisé.