Sorties – Loisirs – L’écrivain aixois Michel Cahour publie un nouvel ouvrage « Derrière le mur », proche de l’univers d’Aldous Huxley

Sorties – Loisirs – L’écrivain aixois Michel Cahour publie un nouvel ouvrage « Derrière le mur », proche de l’univers d’Aldous Huxley
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La ville brûle. Mais autrefois, elle offrait aux visiteurs une belle avenue bordée d’arbres centenaires avec son flux incessant de voitures. Maintenant, des squelettes en béton sont là »,des fantômes chancelants comme ces soldats sur ces champs de bataille au soir de la défaite, des immeubles éventrés, des carcasses de pierres et de ferraille« .

C’est un monde d’apocalypse que l’Aixois Michel Cahour décrit en ouverture de Derrière le mur. Au sol, des formes noires, des cadavres d’hommes ou de chiens ? “Quelle est la différence avec la mort ? », nous dit-on. Tout est sous le contrôle de ceux qui se disent « les libérateurs » et qui répriment toutes les pensées déviantes qu’ils ont pu enregistrer dans les ordinateurs. On ne plaisante pas ici et on surveille les moindres bouleversements d’âme grâce à un détecteur de pensées, créé il y a quelques années par le ministère… du bonheur.

Comme dans tout régime totalitaire, on fait semblant d’oublier que le pouvoir doit s’intéresser au bien-être des peuples (impératif collectif) et non à leur bonheur qui est d’ordre privé. Qu’importe! Dans ces deux mondes décrits par l’auteur tout se mélange.

Une femme de courage

Nous ne sommes pas loin de Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, célèbre roman d’anticipation dystopique publié en 1932. Il s’agit ici de décrire une utopie. La liberté disparue, chacun est à sa place et tout le monde est heureux… sauf quand on a conservé une part d’humanité. Chez Huxley, la civilisation parfaite écrase son personnage central Jean le Sauvage, attaché aux valeurs humaines. Pour Michel Cahour, qui lui emboîte le pas, il faut se méfier des utopies.

Dans Derrière le mur, L’avenue de la joie conduit ainsi à l’étape de La Libération et les Libérateurs, tyrans se faisant passer pour vertueux, imaginent «des êtres exemplaires qui guident le peuple“.”J’avais depuis longtemps l’idée de décrire une société où règne une violence exacerbée par ce mur qui sépare la ville», explique Michel Cahour. Mais n’ayant pas pensé au mur de Berlin en construisant son intrigue, l’auteur qui signe ici un roman profondément pessimiste se détourne de tout discours thèse. Montrer plutôt que bombarder le lecteur d’une série de propos généraux, telle est l’une des ambitions de Michel Cahour qui donne vie à son récit haletant en proposant des portraits contrastés de bourreaux et de victimes.

Il le fait en présentant, de manière quasi continue, des scènes de choc très visuelles. “Quand j’écris, il confie, Je vois mes personnages. Cela me donne la possibilité d’être précis dans leur description physique, vestimentaire et gestuelle.« Parmi tous ces anti-héros on notera la présence d’Anna, une femme de courage et de détermination mais qui est surtout exemplaire de résilience. Pas une « super femme ». C’est plutôt une personne qui, à travers les épreuves qu’elle a traversées, s’imposera comme un modèle d’antitotalitarisme. Mais qu’y a-t-il derrière le mur ? C’est l’un des enjeux du roman qui dévoile autour du personnage central des hommes imbus de la détermination à voir disparaître la violence.

Henri est de ceux-là, qui forme avec son épouse Martine un couple fondé sur l’évidence de l’amour. Pierre, pour qui Anna concocte des profiteroles saupoudrées de sucre, en joue un autre. Sur fond de dialogues percutants et de surprises narratives. Nous ne sommes pas, en termes d’ampleur stylistique, avec Huxley mais il y a une ironie voltairienne anti-Leibniz (pour qui nous vivons dans “Le meilleur de tous les mondes possibles“) dans ce roman porté par une sincérité absolue et une honnêteté d’artisan.

Derrière le mur de Michel Cahour. Éditions l’Harmattan. 294 pages, 25.

 
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