– Le Grand Prix décerné à la Suissesse Nicole Vögele
Une majorité de Suisses et de Palestiniens figurent parmi les lauréats de la 55e édition du Festival international du documentaire de Nyon.
Publié aujourd’hui à 16h07
Les chiffres de fréquentation restent stables par rapport à 2023.
NIKITA THÉVOZ
Pour la troisième année consécutive, la plus haute distinction de Visions du Réel revient à un film suisse. Vendredi soir à Nyon, Nicole Vögele a reçu le Grand Prix 2024 de la compétition internationale des longs métrages du festival du film documentaire.
La cinéaste et journaliste suisse alémanique de 41 ans est récompensée pour son film “Le paysage et la fureur”, qui arpente la frontière bosniaque-croate avec des démineurs et des familles de migrants. «C’est une joie de voir le travail d’un cinéaste audacieux et suisse récompensé pour un très grand film. Son film d’école avait déjà été présenté au festival en 2013 », a déclaré Emilie Bujès, directrice artistique de Visions du Réel.
Le jury, composé de la productrice Dora Bouchoucha, du directeur artistique Carlo Chatrian et de la cinéaste Carmen Jaquier, explique avoir été « impressionné par l’approche d’un film qui restitue, touche par touche, la complexité du réel et permet au spectateur de s’interroger sur sa place dans le monde.
C’est la troisième année consécutive qu’un film suisse remporte le Grand Prix Visions du Réel. Le Lausannois Tizian Büchi a remporté le premier prix en 2022 avec « L’Îlot » et le Canado-Suisse Peter Mettler en 2023 avec « While the Green Grass Grows ».
« Aventureux et amusant »
“Le reste des lauréats, aventureux et délicieux, embrasse de nombreuses formes, origines et approches, et incarne fortement la richesse de la programmation 2024, qui a réussi à toucher de nombreux publics au cours des dix derniers jours” de cette 55ème édition du festival, commente Encore Emilie Bujès.
Toujours dans cette première compétition des longs métrages internationaux, le Prix spécial du jury revient au cinéaste congolais Nelson Makengo pour son film « Rising up at Night », portrait sensible des habitants de Kinshasa. « Un film qui relève le défi de filmer l’obscurité, sans jamais perdre de vue la résistance quotidienne et l’inventivité d’une population confrontée à une situation grotesque », note le jury.
« Ma mémoire est pleine de fantômes » du Palestinien vivant en Syrie Anas Zawahri et « We are Inside » de la Libanaise Farah Kassem reçoivent tous deux une mention spéciale.
Film palestinien primé
La compétition « Burning Lights », dédiée aux nouvelles formes de cinéma, récompense cette année « A Fidai Film » du réalisateur palestinien Kamal Aljafari. Il avait accès aux archives du Centre de recherche palestinien qui avaient été volées en 1982 à Beyrouth par l’armée israélienne puis conservées par le ministère israélien de la Défense. En se réappropriant ces images, le cinéaste conjure la volonté d’effacer un peuple privé de sa mémoire visuelle.
Le Prix Spécial du Jury dans cette catégorie est attribué aux « Cavaliers » Martín Rejtman. Le réalisateur argentin propose une immersion dans le quotidien des livreurs de repas sur les plateformes numériques, exploitées par l’économie, entre Buenos Aires, Caracas et Colonia Tovar.
Concours National et Prix du Public
De son côté, le concours national récompensé « Brunaupark » par les Suisses alémaniques Felix Hergert et Dominik Zietlow, racontant l’histoire d’un quartier zurichois où un immeuble est menacé de disparition. « Un film choral qui dresse le portrait d’une communauté composite, résistant à la gentrification et à la spéculation immobilière propres aux grandes villes d’aujourd’hui », souligne le jury.
Le Prix Spécial du Jury revient au film italo-suisse «Valentina et les MUOSters» de la cinéaste Francesca Scalisi, qui raconte l’histoire d’une jeune fille et de son père en Sicile, entre l’agriculture intensive de l’île, ses incendies et ses MUOS, ces d’impressionnantes antennes militaires qui défigurent le territoire.
Enfin, le Prix du public a été décerné à « No Other Land » réalisé par un collectif de quatre militants palestino-israéliens. Ce film sur le conflit au Moyen-Orient a été sacré meilleur documentaire à la Berlinale. C’est l’histoire d’une rencontre entre un Palestinien et un Israélien, entre méfiance, colère et camaraderie, de laquelle naîtra une alliance impossible.
La 56e édition du Festival se tiendra du 4 au 13 avril 2025.
ATS
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