Modes de vie, climat, pollution… Pourquoi y a-t-il plus de personnes allergiques au pollen qu’avant ? – .

Modes de vie, climat, pollution… Pourquoi y a-t-il plus de personnes allergiques au pollen qu’avant ? – .
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La quasi-totalité de la est en vigilance moyenne voire élevée pour les risques d’allergies aux pollens. Chaque année, de plus en plus de personnes sont concernées par ces désagréments.

En France, 20 % des enfants de plus de 9 ans et 30 % des adultes souffrent d’allergies aux pollens dont la saison bat son plein au début du printemps. Et ces chiffres sont en augmentation. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), le nombre de personnes concernées a triplé en trente ans.

À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la moitié de la population sera touchée par ce type d’allergie d’ici 2050.

“Les allergies sont un marqueur précoce des évolutions de notre environnement”, analyse pour BFMTV.com Pascal Demoly, pneumologue-allergologue au CHU de Montpellier et président de la Fédération française d’allergologie.

S’il existe « de nombreuses hypothèses » pour expliquer cette augmentation du nombre de personnes allergiques aux pollens, Pascal Demoly pointe d’abord les changements de nos modes de vie, qui jouent sur notre sensibilité accrue.

“Les allergies augmentent dans les pays en développement lorsqu’ils s’occidentalisent”, illustre le spécialiste, citant notamment l’exemple de la dislocation de l’URSS.

“Nous pensions qu’il y aurait plus d’allergies en Allemagne de l’Est en raison de la forte présence industrielle”, explique-t-il, “ce fut le contraire, mais elles ont rattrapé les taux des pays occidentaux en 10-15 ans”.

La raison : avant, nous passions en moyenne plus de temps dehors et, à partir de ce moment-là, nous sommes devenus plus sensibles au pollen. “C’est généralement tout notre mode de vie” qui est en cause, déplore Pascal Demoly, citant le manque d’activité physique, le surpoids, la perte de biodiversité, le tabac ou encore une alimentation pauvre en antioxydants.

La pollution exacerbe les allergies

La pollution de l’air est également un facteur aggravant des allergies aux pollens, notamment la « pollution aux microparticules », dont les particules fines, qui proviennent principalement du chauffage au bois, du trafic routier et des activités des chantiers.

Cette pollution va avoir tendance à endommager et fracturer les grains de pollen, qui libèrent ainsi davantage de protéines allergisantes. De plus, comme ils sont plus petits, ils pénètrent plus profondément dans les voies respiratoires.

« Le pollen n’est pas du tout le même en ville » qu’à la campagne. Il apparaît « très endommagé » et présente une paroi « complètement déformée », ce qui le rend plus allergène, expliquait au printemps dernier Samuel Monnier, ingénieur et porte-parole du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA).

De plus, les voies respiratoires sont plus sensibles car irritées et fragilisées par la pollution.

« Les patients allergiques sont beaucoup plus gênés par les pollens en présence de pollution », précise Pascal Demoly.

Ainsi, les personnes allergiques ont des crises d’allergie plus prononcées et développent plus fréquemment des crises d’asthme, mais aussi des quintes de toux ou de fortes séquences d’éternuements.

Le réchauffement climatique

En cause également : le réchauffement climatique. En effet, alors que les températures sont en moyenne de plus en plus élevées en raison des émissions de gaz à effet de serre liées à l’exploitation humaine des énergies fossiles, les arbres fleurissent plus tôt. Ainsi, « la saison pollinique s’allonge », commente Pascal Demoly. En raison des chaleurs précoces, les risques d’allergies se sont manifestés en début d’année.

À cela s’ajoute l’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Ce dernier est nécessaire à la photosynthèse des plantes. Lorsque son taux augmente, les plantes produiront davantage de pollen.

Une étude a montré que l’ambroisie, plante envahissante dont le pollen est particulièrement allergène, produit 131 % de pollen en plus que ce qu’elle aurait émis au XIXe siècle avant la révolution industrielle. Cela pourrait atteindre +320 % d’ici 2100. De la même manière, le bouleau émet 20 % de pollen de plus qu’il y a 30 ans.

De plus, les changements de température entraînent la migration de certaines espèces végétales vers de nouvelles zones. C’est notamment le cas de l’ambroisie évoquée ci-dessus. “Mais en même temps d’autres espèces vont disparaître”, estime Pascal Demoly.

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