Le professeur Olié, marraine d’une journée dédiée à Montpellier, déconstruit les idées reçues

Le professeur Olié, marraine d’une journée dédiée à Montpellier, déconstruit les idées reçues
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Emilie Olié, professeur de psychiatrie au CHU de Montpellier, est la marraine de la Journée nationale française de la dépression et des troubles bipolaires qui se déroule ce 20 avril au Domaine d’O. Il fait le point sur ces maladies psychiatriques et l’évolution de leur prise en charge.

Vous êtes la marraine de la Journée nationale française de la dépression et des troubles bipolaires qui a lieu ce 20 avril : avez-vous constaté une augmentation de ces problèmes au CHU de Montpellier ?

Ces troubles de l’humeur touchent environ 12 % de la population chaque année. La tendance est à la hausse. Il est difficile de le vérifier personnellement à l’hôpital universitaire car nous disposons de références plus spécialisées : toutes les personnes souffrant de dépression ne vont pas voir un psychiatre. Nous voyons les cas les plus graves et les plus résistants. La dépression au sens large s’observe d’abord chez les médecins généralistes.

Quels sont les facteurs qui expliquent cette tendance ?

La pandémie a eu un fort impact ces dernières années. Des facteurs sociaux et environnementaux entrent en jeu, sans oublier la vulnérabilité biologique. La dépression ne consiste pas seulement à perdre son emploi ou à divorcer. Il existe des prédispositions qui favorisent l’apparition de la maladie.

Des prédispositions héréditaires ?

Il faut se méfier. Il existe des facteurs génétiques : on est plus à risque de souffrir d’un trouble de l’humeur si on a des antécédents familiaux, mais ce n’est pas héréditaire au sens direct comme la mucoviscidose par exemple.

La tranche d’âge 18-24 ans est de plus en plus touchée depuis la pandémie, vrai ou faux ?

C’est difficile à dire sur le plan personnel puisque je suis spécialisé en bipolarité au CHU, c’est particulier. On voit des 18-24 ans mais il est vrai que la hausse concerne la population générale.

La consommation de drogues est-elle un facteur aggravant pour les jeunes ?

Indépendamment des jeunes, il est certain que la consommation de drogues est un facteur d’émergence de troubles de l’humeur.

Quels signes doivent alerter les parents si leur enfant, un jeune adulte, présente des signes de dépression ?

Un changement notable de comportement avec retrait social, verbalisation de pensées suicidaires, consommation de substances toxiques, décrochage scolaire, perte d’intérêt pour les choses, etc.

Ce qu’il faut faire ?

Consulter ! Vous devez en discuter avec le jeune ou la personne concernée et lui exprimer votre inquiétude. Référez-vous ensuite à votre médecin généraliste qui pourra régler le problème.

Le dispositif « Mon soutien psychologique » est renforcé : preuve de son efficacité ?

On passe de 8 à 12 séances. Je ne sais pas s’il existe des chiffres pour mesurer son efficacité sur la dépression. Mais il est bon de considérer l’importance de la psychothérapie pour la dépression. Le dispositif facilite l’accès aux psychothérapies qui sont majoritairement réalisées par des psychologues et non remboursées en dehors du cadre hospitalier. Le « gold standard » pour traiter un épisode dépressif caractérisé repose sur un trépied : traitement médicamenteux, psychothérapie structurée et thérapies comportementales.

Les approches non médicamenteuses sont aussi le thème de la journée du 20 avril.

Les habitudes de vie (sommeil, alimentation, sport, environnement) contribuent à la construction du programme. Il faut avoir une vision globale des soins. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont indiquées pour la dépression. Samedi, il y a un atelier marche, méditation de pleine conscience, le professeur Sultan parle de régime, le programme est très éclectique.

Quel est le lien entre alimentation et dépression ?

Dans la vulnérabilité biologique, on retrouve des éléments chimiques au niveau cérébral et périphérique. La recherche est en cours. On voit que la place des Oméga 3 a montré son intérêt dans les dépressions légères. Nous ne divisons pas le corps et l’esprit. Les maladies psychiatriques ont un substrat biologique. Les psychothérapies vont modifier les activations cérébrales, les marqueurs biologiques. De nombreux psychotropes sont prescrits en mais les raisons ne sont pas toujours les bonnes.

Florence Bourles, présidente de l’association, discutera du rôle du pair aidant

La psychoéducation joue un rôle à la manière des pairs aidants. Le concept est nouveau mais ils sont de plus en plus nombreux et pas seulement en psychiatrie. Ils peuvent faire partie de l’équipe soignante. Il y a quelques salariés au CHU. Ils accompagnent les patients dans leur expérience unique tout en partageant leur parcours. C’est un point de vue décalé très intéressant. Cela fait partie de la feuille de route en matière de santé mentale.

Quel message aux patients ?

La dépression est une maladie, elle peut être traitée. Ce n’est pas une question de volonté. Nous devons déstigmatiser. On peut être déprimé et avoir une maladie très grave, on peut souffrir de schizophrénie et être mieux intégré qu’un patient déprimé ! Il existe des représentations de pathologies qui ne reflètent pas l’hétérogénéité des patients.

Journée nationale de la dépression et des troubles bipolaires : le programme du 20 avril

La Journée Nationale de la Dépression et des Troubles Bipolaires se tient ce samedi 20 avril au Domaine d’O à Montpellier.

10h30 : ouverture avec le Professeur Emilie Olié, Elodie Brun-Mandon élue chargée de la santé, Claudie Tondon Bernard et Christine Villelongue co-présidentes de l’association, Dr Charlotte Mulle, référente médicale et scientifique de l’association, Florence Bourles, pair assistant et président de l’association.

11h : le régime méditerranéen, Professeur Ariane Sultan, endocrinologue ; 11h30 : bouger pour notre santé mentale, conférence suivie d’un atelier arche ou d’activités physiques adaptées ; 12h30 apéritif déjeuner libre ; 14h00 présentation des actions Psychodon avec Didier Meillerand ; 14h15 art sur ordonnance avec Elodie Michel ; 14h45 Thérapie cognitivo-comportementale 3e vague avec Dre Déborah Ducasse ; 15h15 atelier santé alimentaire avec Cécile Ageron diététicienne ; 16h15 atelier au choix; Les écoutes téléphoniques de 17 heures, utiles, pour quelles raisons ? avec le Dr Christian Cheveau; 17h20 chez le soignant avec le Dr Jean-Pierre Chabannes ; 17h45 : partage de regards sur l’éducation thérapeutique.

Pour vous inscrire : www.billetweb.fr/JNFD2024. Renseignements depuis la France dépression et troubles bipolaires Occitanie au 06 37 26 03 16.
 
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