Retrouver un tableau célèbre dont les propriétaires ont été dévalisés pendant la Seconde Guerre mondiale relève un peu du fantasme ultime de tout commissaire-priseur qui se respecte. André Masson (comme le peintre), qui travaille dans une maison de ventes, jubile lorsqu’on lui annonce le potentiel don d’un tableau d’Egon Schiele à un jeune ouvrier chimiste de Mulhouse. Un chef-d’œuvre disparu en 1939, et le coup d’envoi d’une carrière.
Lorsque l’authenticité du tableau sera établie, Masson va se lancer dans une terrible course pour le vendre, accompagné de son ex-femme et collègue Bertha, ainsi que de sa jeune stagiaire complètement mythomane, Aurore.
Inspiré d’une histoire vraie, le film parle moins de l’art que des intérêts qui y sont liés. Le tout avec finesse et humour, sans jamais exagérer. Le choix d’Alex Lutz en commissaire-priseur cynique et obsédé par sa grosse affaire est très judicieux. Les cernes, la voix, les expressions et la posture : il incarne parfaitement cet homme sensible et obsédé, noyé dans le travail et qui ne peut s’en échapper.
A ses côtés, Léa Drucker et Louise Chevillotte, respectivement comme Bertha et Aurore, le tiennent haut. Le premier oscille entre bonhomie et panache, et le second livre une performance très étonnante en jouant le rôle d’un stagiaire aboyant au-delà de toute expression, brisé et touchant. Entre ces trois, on peut parler d’harmonie.
Sans oublier Nora Hamzawi, Arcadi Radeff ou Alain Chamfort. Crédibles, tous. Le film, sans être une révolution, et bien qu’étant assez linéaire dans le développement de son intrigue, est drôle et émouvant.
