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Alexandre Müller, le couronnement d’un esprit à part

Alexandre Müller, le couronnement d’un esprit à part
Alexandre Müller, le couronnement d’un esprit à part

Ça ne sert à rien de courir, il faut partir à l’heure.» Alexandre Müller a repris la célèbre morale de la fable de La Fontaine dans un post sur X (anciennement Twitter) au lendemain de son premier titre sur le circuit ATP dimanche à Hong Kong. Choix de mots particulièrement heureux en ce qui le concerne, le rôle de la tortue lui convenait cette semaine puisqu’il courait systématiquement derrière ses adversaires. Mais aussi dans sa carrière puisque sa patience et sa détermination ont fini par payer. Ouvrir sa liste à 27 ans n’est pas anodin, surtout de cette manière.

Après Arthur Ashe en 1975 et Alexander Bublik l’année dernière, Müller est devenu le troisième joueur de l’histoire à remporter un tournoi en perdant systématiquement le premier set. Mais comment a-t-il fait, surtout après avoir pris une claque au départ ce dimanche ? “Nous ne changeons pas une tactique gagnantea-t-il répondu à L’Équipe, non sans malice. On perd le premier set puis on lâche prise. Au début, il m’a marché dessus, il a pris le ballon tôt, je n’ai pas eu le temps de jouer. J’ai essayé de garder mon dos, de rester calme, d’utiliser plus d’intensité. Il a suffi de trois erreurs de sa part, d’un petit répit pour moi et le match a basculé. Accrochez-vous et attendez que le petit trou s’engouffre… En fait, il n’y a pas eu de panique.

Une telle sérénité est étonnante. D’autant que Müller n’est pas habitué aux finales, du moins sur le circuit ATP. Ce n’était que son deuxième, un peu moins de deux ans après avoir perdu de peu le premier à Marrakech à la suite duquel il entra dans le Top 100. Durant la première partie de sa carrière, le Français fut avant tout un joueur du circuit Challenger où il remporta trois titres. Y parvenir sur le circuit ATP, c’est autre chose et il aurait pu être paralysé par l’enjeu et cette opportunité rare.

Quand je me suis couché hier soir (samedi, NDLR) et que j’ai fait plein de films sur la finale, ça m’a donné des frissons d’excitation au lit. Et finalement, vous gagnez, vous avancez sur le terrain en pensant à tous les efforts et sacrifices consentis pendant de nombreuses années. Mais voilà, ce n’est pas du tout une fin en soi, c’est un titre et j’espère en trouver bien d’autres», a-t-il encore confié à nos confrères. De son propre aveu, Müller avait fait de ce premier titre une montagne. Et incontestablement, il avait franchi une étape importante dans son parcours tennistique.

Müller – Fils : Les moments forts

Crédit vidéo : Eurosport

Un combattant forgé par la douleur quotidienne

Mais s’arrêter là, s’en contenter, ne lui ressemblerait pas. S’il a pu renverser la situation ce dimanche, c’est évidemment d’abord parce qu’il l’avait déjà fait à plusieurs reprises ces derniers jours. Il a même sauvé deux balles de match au deuxième tour, ce qui a peut-être contribué à lui donner ce sentiment, sinon d’invincibilité, du moins que tout était possible. Mais s’il n’a pas abandonné, c’est aussi et surtout parce que sa vie est un combat quotidien contre la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui lui fait perdre beaucoup d’énergie. Un enfer pour un sportif de haut niveau, qu’il a pourtant appris à dompter.

Je suis un travailleur acharné dans tout ce que je faisil a encore insisté. Quand je décide de faire quelque chose, je le fais à fond. Il n’est pas toujours facile d’apprécier le travail. Ce serait mentir de dire que je souris tous les jours quand je traverse des moments difficiles. Nous devons réussir, même lorsque c’est difficile, à nous rappeler pourquoi nous travaillons chaque jour

Si la prétendue faiblesse mentale des joueurs de tennis français est un cliché qui a un noyau dur, Alexandre Müller en est le parfait contre-exemple. Rien ne lui venait facilement. Tout ce qu’il avait, il devait le conquérir. Et loin de le satisfaire, ce premier trophée devrait lui donner bien d’autres idées.

 
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