With “La loin”, Sarah Jollien-Fardel confirms her unique style

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With “La loin”, Sarah Jollien-Fardel confirms her unique style

Après «Sa préférée», l’auteure valaisanne revient avec un roman tragique et lumineux prenant, ancré dans son pays natal. Entretien.

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Bref:
  • Sarah Jollien-Fardel publie un nouveau roman intitulé « La loin ».
  • Son précédent livre s’est vendu à plus de 50 000 exemplaires.
  • Son nouveau roman aborde le thème difficile de la perte d’un enfant.
  • L’auteur croit au pouvoir consolateur de la littérature.

En 2022, “Son préféré”Le premier roman de Sarah Jollien-Fardel raconte l’histoire de Jeanne, une jeune fille des montagnes élevée avec un père violent, et son chemin pour se remettre de cette enfance meurtrie. Remarqué aussi bien en Suisse qu’en , ce texte dur et poignant, publié par la petite et qualitative maison parisienne Sabine Wespieserconnaît un succès public avec plus de 50 000 exemplaires vendus, mais aussi un succès critique, avec une sélection pour le Goncourt. La Valaisanne revient ce jeudi 9 janvier avec “La longue”, où elle aborde un autre sujet difficile : la perte d’un enfant.

On y retrouve une dureté qui résonne avec la force brute des montagnes et la folie désespérée de Rose lorsque sa fille Anna, encore écolière, se fait faucher sur son vélo par une camionnette. Le réconfort viendra trois ans plus tard, avec une initiative d’économie singulière dont nous conserverons la surprise. Mais aussi des souvenirs tirés d’une enfance passée en altitude. Une époque pourtant déjà endeuillée par le suicide de la propre mère de l’héroïne, dont tout le monde disait qu’elle avait « les bêtes ». Rose n’avait alors que 8 ans. Elle s’en souvient lorsqu’elle se retrouve piégée, retenue par une longe, dans une mystérieuse pièce boisée.

Une histoire prenante et tragique mais sans larmes, qui convoque avec justesse ce Valais rude et taciturne, avec notamment un très beau portrait d’une grand-mère bistrotière et un brin bibliothécaire. A la fois triste et lumineux, ce roman court et puissant se lit d’une seule traite. Dans cette ode à la nature et à la littérature, où l’on croise la figure d’Ella Maillart, le tombeau et les paroles de Rilke, on retrouve la musicalité des phrases et l’accent de « Sa préférée ».

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Pour en parler, Sarah Jollien-Fardel nous accueille chez elle, dans sa maison aux grandes baies vitrées qui créent autant de tableaux des montagnes environnantes, un havre inspirant à quelques minutes en voiture de la circulation de la route cantonale qui mène à Sion. L’auteur évoque la tournure difficile du deuxième roman, sa croyance dans le pouvoir des mots et le précieux regard de son éditeur.

Après le succès de « Sa préférée », comment avez-vous vécu la délicate transition vers le deuxième roman ?

Pour la première, je ne m’attendais à rien et j’ai tout découvert. J’étais ravi d’être publié et ravi de la réception. Pour la seconde, je me suis mis la pression et je ne me sentais vraiment plus libre. J’ai commencé à penser au lecteur, à me demander ce que je pouvais ou ne pouvais pas dire, je sentais ce poids sur mes épaules. C’était très difficile pour moi de m’en détacher.

Au point que vous êtes passé directement du deuxième au troisième livre : avant « La longe », vous avez écrit un texte que votre éditeur a refusé…

Efficacement. J’ai travaillé dessus pendant treize mois, mais je n’avais pas assez de recul sur mon sujet. Ce livre sortira certes un jour, mais sous une autre forme… Entre-temps, il m’a permis de découvrir beaucoup de choses sur ma propre écriture. Un peu comme une année de spécialisation.

Est-ce que cela a été bénéfique pour ce troisième texte ?

Oui. Le lendemain du refus de mon éditeur, j’ai eu l’idée de « La longe ». Deux jours plus tard, à 6h15, j’ai commencé à écrire. Je doutais constamment, mais quand Sabine (NDLR : Guêpe) m’a encouragé à continuer, tout s’est mis en place de manière presque magique, un peu comme le Petit Poucet suivant les pierres, car toute l’histoire était en moi. C’était en février 2024 et j’ai rendu la première ébauche fin août. Il n’y avait plus de week-ends, de vacances, d’amis. C’était dense mais aussi incroyable.

Après les violences conjugales, vous écrivez sur une mère qui perd un enfant, après avoir perdu sa mère. Avez-vous un faible pour les héroïnes tragiques ?

Peut-être, mais ce sont les personnages qui choisissent leur sujet. Je me promenais près d’ici, le long de la rivière appelée Morge, lorsque le couple Rose et Camil m’est apparu. Après, mes obsessions et mes inquiétudes ressortent d’une manière ou d’une autre, y compris la violence sous toutes ses formes et la mort. Mais je voulais aussi montrer que, même si ce que nous vivons est très difficile, nous pouvons quand même réussir à voir la beauté.

Comme dans « Her Favorite », votre héroïne raconte son histoire à la première personne, mais l’intrigue n’est pas non plus autobiographique ?

Non. La narration ancrée et très réaliste peut donner cette impression, mais ce n’est pas le cas. Les deux lieux principaux existent, même si je n’ai pas voulu les nommer, car cela figerait trop les choses. Et puis, par exemple, quand je parle de grands travaux, c’est en référence à la construction du barrage de la Grande Dixence. Je mets aussi en avant ma propre relation avec ma grand-mère et avec les femmes plus âgées en général. Et mes beaux-parents sont propriétaires de bistrot, donc je sais quel est ce métier que je prête à la grand-mère de Rose.

C’est aussi une très belle histoire d’amour…

Ce n’était pas prévu… Je savais que Rose et Camil s’aimaient beaucoup, mais pas s’ils seraient encore ensemble à la fin.

On apprend tout de suite que l’héroïne est attachée à une longe, comme celle utilisée pour conduire les chevaux, mais on découvre ensuite pourquoi et par qui provoque un choc…

Quand j’écrivais, j’avais cette expression en tête : « Qu’est-ce que tu aurais voulu faire de toute façon, à part l’attacher ? Pour moi, c’est peut-être beaucoup plus doux que pour le lecteur qui ne sait pas ce qui va se passer. Et puis la longe est pédagogique, ce n’est pas une laisse. C’était volontaire. Et purement romantique.

Ce livre est avant tout une histoire de résilience…

Je n’aime pas ce mot, mais je l’accepte. Dans « Sa préférée », j’ai trouvé important de montrer que tout le monde n’est pas résilient, qu’on a le droit de ne pas réussir. Cette fois, je savais dès la première page que l’héroïne serait sauvée, même si paradoxalement, en tant que lecteur, je n’aime pas les romans qui se terminent bien.

Votre héroïne pourra s’appuyer sur les mots. Vous citez des extraits de Duras, Rilke ou Charlotte Delbo. Croyez-vous au pouvoir consolateur de la littérature ?

Oui, je suis avant tout un lecteur, et je ne lis pas pour me divertir, mais pour apprendre, découvrir, comprendre, être choqué ou justement consolé.

Cependant, le silence est également important dans ce roman…

Oui, je le voulais. Il y a un sous-texte et de la place pour le lecteur. Et cela va avec le Valais et la montagne : à l’époque où j’ai grandi et à laquelle je fais référence, c’était plutôt silencieux, mais ces silences avaient un sens.

Le glossaire à la fin de « Her Favorite » a fait réagir. Vous rééditez, pourquoi ?

Je ne le voulais pas, mais Sabine Wespieser, qui est française, ne connaissait pas certains mots comme pive ou home. Les remplacer par des pommes de pin ou une maison de retraite n’a pas fonctionné, alors j’ai eu recours à des explications à la fin.

Malgré la perte de sa mère, l’héroïne va croire en sa chance, encouragée par sa grand-mère. La petite fille pense alors que rien de pire ne pourrait jamais lui arriver…

Oui. C’est complètement naïf et correspond à sa perception d’enfance. C’était aussi ma façon de montrer à quel point les grands-mères de ma génération croyaient en leurs petites-filles, en leur chance de faire tout ce qu’elles n’avaient pas voulu ou pu faire elles-mêmes.

“Le temps long”, Sarah Jollien-Fardel, éd. Sabine Wespieser, 160 p.

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Caroline Rieder est journaliste à la rubrique culture-société depuis 2013. Elle s’occupe notamment de la littérature francophone, mais s’intéresse également à la littérature jeunesse, et à divers sujets culturels et sociétaux. Plus d’informations @caroline_rieder

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