Surprise du chef en 2023, vous êtes considéré comme le grand gagnant du Tour. Est-ce que tu ressens ça aussi ?
Paul BOUDEHENT : Oui, sans forcer. Je le prends comme il vient. Ça s’est bien passé mais comme je le dis habituellement, ce n’est pas parce que ça s’est bien passé une fois que ça se passera toujours bien. A ce niveau, je reste vigilant, humble et discret car les choses peuvent vite basculer. J’ai tellement d’exemples de joueurs qui ont été formidables sur des tournées comme celle-ci et après, nous ne les avons plus jamais revus. Je ne veux pas faire partie de ces joueurs qui sont un peu un feu de paille (…) Rien n’est jamais acquis. Il faut continuer à travailler, s’accrocher, continuer à y croire. Si on veut durer dans le temps, il ne faut pas se voir trop belle, il faut accepter de se remettre en question.
Voir Grégory Alldritt, Anthony Jelonch ou Charles Ollivon en tribunes permet de relativiser ?
PB : C’est ça, par respect pour eux, car ils ont marqué l’équipe de France de leur empreinte et lui ont permis d’être ce qu’elle est aujourd’hui. J’ai regardé ces joueurs depuis mon canapé. C’était un peu étrange mais cela m’a donné la motivation de donner le meilleur de moi-même. Je me suis dit que par respect pour eux, je ne pouvais pas rater ça.
Paul Boudehent (France-Italie)
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Comment avez-vous évolué depuis vos débuts en sélection ?
PB : Honnêtement, je ne pourrais pas vraiment vous le dire. Je n’ai pas le sentiment d’avoir changé, j’ai peut-être un peu évolué dans ma façon d’aborder les matches. Peut-être que je suis un peu plus détaché. J’ai acquis de l’expérience, de la maturité à travers la Coupe du Monde, le Tournoi, les matchs en club aussi. Il m’a fallu beaucoup de choses pour passer tous ces niveaux. Il y a des joueurs qui arrivent à les parcourir très vite, pour moi il a fallu toutes ces étapes.
La saison dernière, Peato Mauvaka a disputé 33 matches, Thomas Ramos et Gaël Fickou 32. Seriez-vous favorable à un nombre maximum ?
PB : C’est un vrai sujet de discussion car on parle de plus en plus de sécurité des joueurs, de comment préserver au mieux notre corps et nous permettre d’avoir le moins de problèmes physiques. Il y a un problème indéniable dans le rugby français, on joue beaucoup de matches, 30 voire 35 pour les internationaux qui évoluent à la fois en Champions Cup et en Top 14, c’est énorme. Les gens ne se rendent pas compte de la charge de travail et de la fatigue que cela génère. Il y a de vraies discussions à avoir là-dessus, même avec nos clubs qui souhaitent que nous soyons disponibles à tout moment. Si l’on compare avec d’autres nations, peut-être que leurs internationaux arrivent un peu plus frais. Il y a une vraie question : voulons-nous le meilleur championnat ou la meilleure équipe nationale ? Je pense qu’aujourd’hui, nous sommes un peu coincés parce que nous voulons les deux.
Propos recueillis par Raphaël PERRY