François-Xavier Dudouet et Antoine Vion
Éditions La Découverte
128pages
Myriam Jézéquel
Editor, Gestion HEC Montréal *
Les grandes entreprises dirigent notre monde, mais savons-nous qui dirige les grandes entreprises ? « Rarement héritiers et encore plus rarement fondateurs, les gens qui sont à la tête des grands groupes économiques ne sont pas ceux qu’on pense », affirment les auteurs de cet ouvrage.
Selon François-Xavier Dudouet et Antoine Vion, nous aurons à l’avenir de plus en plus affaire à des sociétés par actions dont le patrimoine financier est juridiquement distinct de celui des actionnaires. Dans ce contexte, qui exerce alors réellement le pouvoir économique ? Les deux auteurs souhaitent recenser les principales caractéristiques de ces dirigeants et organes de direction qui contrôlent le destin de ces entreprises.
Un monde d’administrateurs
Les fonctions de président et de directeur général ne sont que la pointe d’une organisation plus vaste – la société par actions – qui s’appuie sur des organes tels que le conseil d’administration et le conseil d’administration. Outre la distinction qu’il faut faire entre la détention du capital et son exploitation, les auteurs rappellent que « nous assistons à une véritable civilisation du pouvoir économique, qui fait des administrateurs les régents d’une activité et d’un capital qui ne leur appartient pas ». , pas plus qu’ils n’appartiennent aux actionnaires, mais qui appartiennent à l’entreprise elle-même.
Autre fait marquant : la lignée du pouvoir à la tête des grandes entreprises s’amenuise, avec moins d’héritiers directs succédant à leurs parents par le capital ou la position. “La proportion de managers issus de la gestion économique (dirigeants de petites ou grandes entreprises, cadres moyens et supérieurs) est en revanche bien plus importante et peut, dans certains pays comme les Etats-Unis, dépasser 50%”, précisent-ils. ils.
L’accès aux postes de direction dépendrait donc moins de la richesse que du diplôme et des fonctions de gestion administrative. « Ce que nous révèlent les études sur les origines sociales et éducatives, ce n’est pas tant une reproduction des dirigeants par le capital économique, éventuellement déguisé par le capital éducatif, que le mode de reproduction de la classe administrative elle-même, qu’elle soit privée ou publique, intellectuelle ou économique. »
Ainsi, les dirigeants des grandes entreprises sont majoritairement issus d’un milieu purement bureaucratique, où le soutien familial ou amical compte peu. « En 2019, nous estimions que plus de neuf personnes physiques sur dix détenaient une part d’administrateurs de sociétés du CAC 40. [principal indice boursier de la Bourse de Paris] d’une carrière bureaucratique, contre 7,5% pour les carrières des héritiers et 1,5% pour celles des fondateurs», observent les auteurs.
Internationalisation du management
Si de nombreuses multinationales ont longtemps eu leur direction établie dans un seul pays, leur gouvernance a eu tendance à être réorganisée à l’échelle mondiale depuis les années 1970. « Il est cependant difficile de parler d’une intégration parfaite dans un nouvel espace mondialisé. Certaines logiques nationales restent fortes et on ne discerne aucune forme réelle d’action collective transnationale », nuancent-ils.
*Cet article est publié grâce à un partenariat avec le magazine Gestion HEC Montréaloù il est apparu pour la première fois.
Sociologie des dirigeants des grandes entreprises
François-Xavier Dudouet et Antoine Vion
Éditions La Découverte
128pages