Dans un contexte économique bien différent de celui de l’année dernière, avec une concurrence internationale plus féroce et injuste que jamais et moins de deux semaines après la fin de la grève à Postes Canada, les ventes d’après Noël seront certainement différentes de celles des années précédentes. , affirme le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
Quentin Dufranne
La Presse Canadienne
Un sondage réalisé par le CQCD auprès des consommateurs démontre que 73 % d’entre eux se disent inquiets de leur situation financière, ce qui les pousse à revoir leur stratégie d’achat à l’approche de ces périodes de rabais.
Selon Damien Silès, PDG du CQCD, davantage de personnes ont décidé cette année d’attendre les jours de réductions, comme le Black Friday ou les soldes d’après Noël. L’année dernière, 40 % d’entre eux ont attendu ces jours de grosses réductions pour effectuer leurs achats, contre 56 % cette année.
«L’année dernière, c’était plus étalé dans le temps et on voit que, cette année, les dates de soldes sont très importantes pour les consommateurs, et plus que l’an dernier», a expliqué Damien Silès en entrevue à La Presse Canadienne. Nous voyons qu’en termes de désir des gens, le désir est d’utiliser les jours de réduction pour pouvoir acheter. »
«Cela reste encore une tradition bien ancrée, mais on constate qu’il y a des problèmes économiques toujours présents chez les consommateurs, des achats en ligne qui augmentent et une période de remises qui est très longue. »
Pour M. Silès, il ne fait aucun doute que la grève à Postes Canada a eu un impact important sur les ventes lors des soldes d’après Noël de cette année.
«La grève de Postes Canada a changé pendant un mois les paradigmes des consommateurs, les poussant davantage vers la vente en ligne», a-t-il ajouté. On voit l’agressivité des sites en ligne qui ont profité de la grève de Postes Canada. »
Une « concurrence internationale souvent déloyale »
La situation internationale a également son mot à dire sur les ventes de fin d’année. Pour Damien Silès, le commerce de détail québécois n’a guère d’autre choix pour s’adapter au commerce mondial qui n’a que faire des réglementations canadiennes.
«Nous sommes dans un contexte mondial où l’on peut acheter en 24 heures des articles qui coûtent très peu cher sur des sites Internet à la qualité catastrophique», explique le PDG du CQCD. Le commerçant moyen est donc obligé de réagir à cela, sinon il meurt, car il s’agit souvent d’une concurrence internationale déloyale. »
Il déplore ainsi l’obligation qu’ont les commerçants locaux de respecter une multitude de critères de sécurité alors que des milliers d’articles non contrôlés en provenance de l’étranger pourront entrer sur le territoire. Dans une lettre ouverte envoyée il y a trois semaines à Ottawa, le CQCD et une vingtaine d’entreprises ont donc demandé au gouvernement fédéral d’agir pour que les lois soient appliquées.
“Ce que nous demandions, c’était la possibilité de contrôler, de vérifier et de permettre un commerce équitable et loyal, ce qui est loin d’être le cas actuellement”, a expliqué M. Silès. En Chine, nous allons fabriquer le même produit [qu’ici]sans droits de fabrication, et, dans 24 heures, ils pourront inonder le marché québécois à des prix dérisoires, sans être contrôlés ni vérifiés. »
Face à une concurrence internationale féroce, les commerçants québécois s’adaptent notamment avec le développement du commerce circulaire, de plus en plus important, et même du marketing écoresponsable.
Selon Damien Silès, les ventes d’après Noël représentent jusqu’à 40 % du chiffre annuel du commerce de détail québécois qui s’élève à près de 178 milliards de ventes, soit 7 % du PIB.
Malgré tout cela, Damien Silès s’attend toujours à une journée de soldes d’après Noël « très chargée ». Il tient toutefois à rappeler aux consommateurs d’être respectueux et souriants envers les commerçants qui accueillent les clients dans leurs magasins à longueur de journée.