Le Groupe Mach de Vincent Chiara et la Fondation Mirella et Lino Saputo ont obtenu, l’an dernier, la préséance sur Investissement Québec (IQ) parmi les créanciers de Lion Électrique en cas d’effondrement financier, selon les informations obtenues par notre enquête du Bureau.
En 2023, lorsque le Groupe Mach et la Fondation conviennent de prêter 90 millions de dollars à Lion, IQ accepte discrètement de céder son rang de créancier au profit de ces deux investisseurs.
Cela signifie que dans le cas où Lion se placerait sous la protection des tribunaux, ils ont plus de chance de voir la couleur de leur argent que le bras financier du gouvernement québécois.
L’information a été confirmée à notre Bureau d’enquête par le ministère de l’Économie, dont IQ est un agent.
« Investissement Québec est derrière le Groupe Mach », a commenté le porte-parole Jean-Pierre d’Auteuil, ajoutant que cette information était publique et se retrouvait au Registre des droits personnels et réels mobiliers (RDPRM).
La question du classement des créanciers est d’une grande actualité, dans la mesure où Lion a annoncé pour la première fois, début décembre, la possibilité de se mettre à l’abri de ses créanciers en vertu de la Loi sur le concordat avec les créanciers. créanciers des entreprises (LACC). Le fleuron québécois, à court d’argent et qui a obtenu un sursis de ses prêteurs à la dernière minute, a jusqu’au 16 décembre pour obtenir un nouveau financement.
“Ça avance”, a déclaré Vincent Chiara seulement à propos des négociations en cours sur le financement, contacté par notre Bureau d’investigation.
Bien protégé
En entrevue, le vice-président exécutif de la Fondation Saputo, Francesco Miele, a indiqué qu’elle avait accepté l’an dernier de prêter à Lion à un taux d’intérêt inférieur à IQ pour pouvoir bénéficier de plus de garanties si les choses tournaient mal. L’usine de Saint-Jérôme de Lion a notamment été hypothéquée en juillet 2023 au profit de Mach et de la Fondation.
«J’ai veillé à ce que la Fondation soit protégée de toutes les manières possibles», a commenté M. Miele, rejetant les critiques selon lesquelles le prêt de la Fondation était trop risqué.
Le Québec prête à 12 % au Lion, alors que la Fondation le fait à 11 %, a-t-il soutenu. « Il y a eu une ouverture de la part d’Investissement Québec [à céder son rang de créanciers] parce qu’il y avait une différence de rendement », a-t-il expliqué.
M. Miele a également indiqué qu’actuellement la Fondation ne prévoit pas réinvestir dans Lion Électrique. «Ce sont davantage les représentants de la famille Saputo qui participent à ces pourparlers», a-t-il déclaré.
Photo prise depuis LinkedIn
VINCENT CHIARA PREND BRIGITTE ALEPIN
Le magnat de l’immobilier Vincent Chiara, dont le groupe a des millions en jeu dans Lion, a attaqué ce week-end la fiscaliste Brigitte Alepin sur LinkedIn pour ses commentaires sur le bien-fondé de l’investissement de la Fondation Saputo dans l’entreprise.
Dans un article publié la semaine dernière dans La Revuele fiscaliste, diplômé de Harvard et dont les travaux sont couverts par des médias prestigieux comme Bloomberg, s’était posé la question de savoir si c’était réellement le rôle d’une fondation bénéficiant de généreux crédits d’impôts de financer une entreprise en difficulté comme Leo.
Elle avait fait valoir que la Fondation ferait mieux de se concentrer sur son objectif officiel de « distribuer des dons à diverses fondations de recherche médicale et autres organisations caritatives ».
« Encore des bêtises ! […] S’il vous plaît, arrêtez de décourager nos philanthropes québécois d’investir en nous [sic] société », s’est exclamé Vincent Chiara. L’homme d’affaires a ajouté que l’investissement de la Fondation était « un geste pour aider un fleuron québécois et une industrie qui aura des impacts positifs pour la société québécoise ».
Vincent Chiara a réagi aux commentaires de Brigitte Alepin sur la fondation de Saputo sur LinkedIn, en lien avec le financement de Lion Électrique. Crédit photo : capture d’écran de LinkedIn
Photo prise depuis LinkedIn
Problème fondamental
Ce à quoi Brigitte Alepin a répondu que, selon ses calculs, « les contribuables perdent plus de 200 millions de dollars, en subventionnant, par des dons fiscaux, la mise sur pied et le fonctionnement de la Fondation Saputo ».
Photo PIERRE-PAUL POULIN
« Le problème fondamental est le système fiscal [des fondations]», a-t-elle insisté.
Brigitte Alepin a répondu à Vincent Chiara sur LinkedIn au sujet de la fondation de Saputo et du financement de Lion Électrique.
Photo prise depuis LinkedIn
Au téléphone mardi, Vincent Chiara a indiqué que son commentaire avait été tenu dans le feu de l’action, même s’il en souscrivait toujours au contenu. “L’objectif est que les fondations aient une certaine longévité”, a-t-il déclaré.
Réagissant à la controverse, Francesco Miele a indiqué pour sa part que ce n’était pas à la Fondation Saputo de dicter les règles aux fondations au Canada. Il a fait valoir que les montants que les fondations doivent verser chaque année ont été considérablement augmentés au cours des deux dernières années, passant de 3,5 % de leurs actifs à 5 %.
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