Magasins d’occasion | Quand un article d’occasion coûte plus cher qu’un article neuf – .

Trouver un livre de recettes à seulement 4,25 $ chez Village des Valeurs, ou encore un range-couverts à 2,85 $ chez Renaissance, cela peut sembler être de bonnes affaires… à moins que l’étiquette Winners toujours collée sur le livre prouve qu’il ne coûte que 2,99 $ et que le site Web d’IKEA indique que le range-couverts ne coûte que 0,99 $.


Publié à 1h32

Mise à jour à 5h00



« C’est spécial quand je vois ça ; en dessous, tu vois l’étiquette Dollarama, 4$ ou 3$, et puis là, tu vois ça [le Village des Valeurs] mettez-le à 4,99 $. »

Jessica Laplante-Tremblay magasine souvent dans des friperies pour trouver des articles abordables pour décorer sa maison et habiller ses trois jeunes enfants. Toutefois, les prix des articles vendus dans des commerces comme le Village des Valeurs lui font douter qu’acheter de seconde main soit toujours une aubaine, surtout lorsque ces friperies revendent des articles d’autres marques à des prix supérieurs à leur prix d’origine.

Sa vidéo « Comes to the Village of Thieves » dénonçant ce problème cumule près de 75 000 vues sur TikTok.

Elle n’est pas la seule à avoir constaté ces disparités de prix dans les magasins d’occasion. « Une paire de leggings : on a regardé la grandeur et on a vu l’étiquette du Dollarama qui était 4 $, et le pantalon était rendu 9,97 $ [au Village des Valeurs] », dénonce Annie Lavallée, une institutrice qui achète dans les friperies par souci écologique.

Un problème répandu

Dans la semaine du 10 juin, La presse visité trois Villages des Valeurs et six succursales Renaissance à Montréal et à Laval. Dans tous les magasins sauf un, nous avons trouvé des articles provenant d’autres magasins affichant toujours leurs étiquettes d’origine indiquant un prix inférieur au prix de revente dans les friperies.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Village Valeur sur le boulevard Pie-IX

Dollarama, IKEA, Winners, Walmart : les articles hors de prix proviennent souvent de détaillants facilement reconnaissables.

Un ensemble salière et poivrière en mauvais état était affiché à 5,99 $ au Village des Valeurs sur le boulevard Pie-IX. Le même ensemble neuf chez Dollarama ? 4,25 $.

Une tasse à café vendue 4,97 $ chez Walmart est revendue 8,85 $ au Renaissance dans le quartier Côte-des-Neiges.

En cherchant sur le site d’IKEA, on découvre rapidement que le pot à fleurs Socker, vendu 2,99 $ au Village des Valeurs, vaut 1,99 $ chez l’entreprise suédoise.

50 ¢… 1 $… 3 $

Ces différences de prix peuvent paraître minimes, mais pour certains clients, il s’agit d’une question de principe.

Cela me choque, je me dis : ce sont des dons qu’ils reçoivent, pourquoi les vendre plus cher ?

Annie Lavallée, primary school teacher

Ce n’est pas la première fois que de telles disparités de prix sont constatées dans les grandes chaînes de friperies. En février 2024, CBC rapportait notamment un problème similaire dans les succursales de Value Village (société mère de Value Village au Canada) à Toronto.

Lire le reportage de la CBC (en anglais)

“Pour les consommateurs, cela crée un malaise car il y a une incohérence entre le positionnement, l’orientation de la marque de seconde main, et la pratique en tant que telle, [soit] « le prix qui est affiché », précise Myriam Ertz, experte en consommation et marketing durables.

Plusieurs de ces articles mal étiquetés identifiés par La presse ont été retrouvés dans des succursales de Renaissance, qui est un organisme à but non lucratif dont la mission est la réinsertion socioprofessionnelle. Ce statut lui permet également de ne pas imposer de taxes sur ses articles.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Friperie Renaissance sur le boulevard Pie-IX

Les politiques de prix par catégorie pourraient avoir joué un rôle dans ce phénomène, estime M.moi Ertz. « Le prix minimum pour vendre un livre dans certaines friperies sera peut-être de 1 $ ou 4 $ […]mais il s’avère [que] C’est plus élevé que le prix de vente dans les magasins de type Dollarama. »

L’inflation, qui affecte également l’économie de seconde main, pourrait être un autre facteur. «Les coûts sont plus élevés pour les friperies et elles doivent refléter cela dans leur prix de vente», explique le professeur de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Des erreurs d’étiquetage ?

Un représentant de Renaissance soutient qu’il s’agit simplement d’erreurs d’étiquetage.

« Ils sont humains. Nous avons beaucoup de participants [employés] dans chaque magasin. Chaque friperie est un lieu d’apprentissage pour les personnes qui retournent sur le marché du travail », affirme Linda Pimparé, directrice adjointe, communications et marketing, de Renaissance.

Selon elle, les clients qui constatent ces différences de prix peuvent négocier un ajustement de prix. «Ils doivent passer à la caisse et nous trouverons une solution», assure Linda Pimparé.

Le Village des Valeurs est du même avis. « En moyenne, un magasin Value Village/Village des Valeurs au Canada fixe le prix et la marchandise d’environ 30 000 articles par semaine », explique Sara Gaugl, directrice des communications de l’entreprise américaine. « Nous encourageons nos clients à parler à un gérant de magasin s’ils croient qu’un article a été mal évalué par inadvertance, afin que nous puissions remédier à la situation rapidement. »

Virginie Tremblay en a fait l’expérience. Pour cette mère de famille, ces prix disparates ne sont pas si graves. « Je pense que les gens au centre de tri en voient beaucoup et que parfois, ils n’y prêtent pas attention », explique celle qui fréquente les friperies depuis qu’elle est jeune, tout en fouillant dans la sélection de vêtements pour bébé d’un Renaissance. « On peut leur dire : tiens, ce n’est pas la bonne valeur, il y a une erreur ? Parfois, ils vont t’accommoder, parfois non. »

La presse J’ai également fait le test et les réponses étaient variées. Lors de nos trois tentatives de Renaissance, deux éléments ont été réduits. Au Village des Valeurs, un élément a été réduit, l’autre non.

Que dit la loi ?

Article 224c) du Loi sur la protection du consommateur précise qu’« aucun commerçant, fabricant ou annonceur ne peut, par quelque moyen que ce soit, exiger pour un bien ou un service un prix plus élevé que celui annoncé ». « Ainsi, le consommateur est en droit d’exiger le prix le plus bas indiqué, que l’étiquette apposée sur l’article provienne ou non d’un autre magasin. En cas de refus du commerçant, le consommateur peut s’adresser à l’Office [de la protection du consommateur] afin de porter plainte», assure Marie-Pier Duplessis, conseillère en communications de l’organisme provincial.

 
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