Le transport à la voile face aux vents contraires

Le transport à la voile face aux vents contraires
Le transport à la voile face aux vents contraires

« Nous sommes en train de sacrifier le secteur du transport voilier. Il est impossible de financer des voiliers cargo en France comme les petits armateurs français, depuis le 1er janvier 2024, à moins d’avoir des taux de financement et des conditions de prêt très médiocres », tonne Guillaume Le Grand.

Le président de Towt, dont deux navires sont en construction aux chantiers Piriou et qui vise huit navires transatlantiques en 2027, s’en prend aux gouvernements français de l’ère Macron. « D’une part, ils n’ont jamais tenu la promesse, faite en 2019, de soutenir le développement de la filière voile via des certificats d’économie d’énergie », regrette-t-il.

Les erreurs des aides fiscales dites vertes

En revanche, «ils ont accordé 99% de la fiscalité verte sur investissement aux projets des grands armateurs et aux entreprises qui utilisent une énergie fossile, le gaz naturel liquéfié, vendu par les lobbys pétroliers comme énergie de transition». « Certes, le GNL émet moins de polluants et moins de CO2 lorsqu’il est brûlé que le fioul, mais ce n’est pas vrai sur l’ensemble du cycle de vie. Et surtout, il libère du méthane qui, nous dit le GIEC, réchauffe l’atmosphère 86 fois plus sur une période de vingt ans que le CO2 », insiste-t-il.

Quel est ce surinvestissement vert, que le gouvernement a dû revoir, fin 2023, pour se conformer à la réglementation européenne ? Il s’agit d’un système fiscal qui permettait d’absorber jusqu’à 40 % des surcoûts liés à la mise en place d’une technologie dite verte sur un navire, un système de gréement par exemple. Les deux premiers voiliers cargo de Towt, l’Anemos et l’Artemis, en ont bénéficié. La révision du système, perçu par l’Europe comme offrant des aides d’État indues, généralement orientées vers le GNL, a considérablement réduit le soutien financier auquel pouvaient prétendre les premiers voiliers cargo de nouvelle génération.

Le transport maritime exclu du classement vert européen

Un autre obstacle, européen cette fois, s’est opposé à l’industrie de la voile : la taxonomie verte. Controversé depuis son adoption en juillet 2022, ce label est censé classer les activités économiques selon leur impact durable sur l’environnement. Elle repose sur un seuil d’émission de CO2 en dessous duquel une activité est reconnue vertueuse, mais reconnaît par exemple le gaz comme énergie de transition. Sur cette base, l’Union européenne privilégie les fonds qui investissent dans le maritime. Le transport maritime, qui contribue à décarboner le secteur maritime, est exclu.

L’International Windship Association et Wind Ship, en France, ou des députés européens, comme le Brestois Pierre Karleskind, sont montés au créneau, mais rien n’a été fait. Il faudra attendre 2025 pour espérer qu’un amendement corrige cet oubli.

 
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