la Commission européenne envisage d’ouvrir une procédure disciplinaire contre la France

la Commission européenne envisage d’ouvrir une procédure disciplinaire contre la France
la Commission européenne envisage d’ouvrir une procédure disciplinaire contre la France

Bruxelles s’apprête à envoyer un carton jaune à la France en raison de son déficit public excessif. Maigre consolation, le pays est loin d’être le seul à être pointé du doigt par l’exécutif européen qui publiera mercredi des rapports sur la situation économique et budgétaire de chacun des 27 pays de l’Union européenne. La Commission constatera que près d’une dizaine d’entre eux ont dépassé l’an dernier la limite de 3% du PIB de déficit public fixée par le Pacte de stabilité. Adoptée en 1997, en vue de l’arrivée de la monnaie unique au 1er janvier 1999, elle fixe l’objectif d’équilibre des comptes.

L’exécutif européen a prévenu depuis plusieurs mois qu’il lancerait dès cette année des procédures contre les pays violant les règles réformées et réactivées cette année. Ils ont été mis entre parenthèses après 2020 en raison de la crise économique liée au Covid puis de la guerre en Ukraine.

L’Italie en tête des pays les plus endettés

Les déficits de l’UE les plus élevés ont été enregistrés l’année dernière en Italie (7,4% du PIB), en Hongrie (6,7%), en Roumanie (6,6%), en France (5,5%) et en Pologne (5,1%). Outre ces cinq pays, les procédures pour déficits excessifs devraient également concerner la Slovaquie, Malte (4,9%) et la Belgique (4,4%), note Andreas Eisl, expert de l’Institut Jacques Delors. Trois autres sont dans une zone grise, explique-t-il.

L’Espagne et la République tchèque ont dépassé les 3 % en 2023 mais prévoient de retrouver le cap cette année. L’Estonie a également franchi la barre des 3% mais sa dette publique, aux alentours de 20% du PIB, est faible et bien en dessous de la limite de 60% du PIB fixée par le Pacte de stabilité, contrairement aux autres pays cités.

La Commission décidera sur la base des chiffres de 2023 mais tiendra également compte des évolutions attendues pour 2024 et les années suivantes, souligne Andreas Eisl. Ces procédures laissent présager de nouveaux bras de fer politiques entre Rome et Paris, d’une part, et la Commission et les pays les plus soucieux du respect des règles budgétaires, dont l’Allemagne, de l’autre.

La crise politique en France inquiète

Le cas de la France est particulièrement préoccupant : le pays, dans le viseur des agences de notation, est en crise politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron après sa défaite aux élections européennes du 9 juin. La première économie du monde s’est soudainement redressée et la place financière de Paris est tombée sous l’emprise de l’instabilité.

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Les oppositions d’extrême droite et de gauche, en tête dans les sondages, envisagent d’ouvrir grand le robinet des dépenses mais aussi d’annuler les réformes emblématiques des retraites et du marché du travail préconisées par Bruxelles. De quoi compromettre la promesse de Paris, déjà jugée peu crédible, de repasser sous le seuil des 3% pour le déficit en 2027. Le déficit public a en effet atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d’euros de plus que ce que le gouvernement avait prévu. avait prévu (4,9%). Ce qui l’a amené à annuler 10 milliards d’euros de crédits pour 2024.

Aucune crise comparable ne justifie le déficit public de l’année 2023s’est alarmé le rapporteur général du budget Jean-François Husson (LR) lors d’une conférence de presse tenue au Sénat à la mi-juin, soulignant « une confusion entre la solidité, la rigueur des chiffres et le pari politique » de la part de l’exécutif. Le socialiste Claude Raynal a souligné « l’opacité de la communication budgétaire “, croyant qu’il l’était” pas prudent de s’accrocher toute l’année à un objectif de déficit de 4,9% devenu inatteignable « .

Les sanctions n’ont jamais été appliquées

Les deux parlementaires ont alors présenté un rapport sénatorial transpartisan, qui dénonçait « insouciance » du gouvernement sur les dérapages budgétaires des derniers mois, formulant des recommandations pour assurer une meilleure transparence des finances publiques. Auditionné par le Sénat, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a réfuté toute dissimulation.

Toutes les informations ont été fournies en temps utile au Parlement et aux Français, et toutes les décisions nécessaires ont été prises en temps utile pour corriger les conséquences de recettes fiscales inférieures aux prévisions. “, a-t-il soutenu.

Le nouveau Pacte de stabilité prévoit en principe des sanctions financières de 0,1 % du PIB par an pour les pays qui ne mettraient pas en œuvre les corrections imposées. Ils s’élèveraient par exemple à près de 2,5 milliards d’euros pour la France. En réalité, ces sanctions politiquement explosives n’ont jamais été appliquées pour ne pas pousser davantage des pays déjà en difficulté. Depuis la création de l’euro, la France est la plupart du temps en procédure de déficit excessif. Cependant, elle était absente depuis 2017.

Corriger les dérapages sera néanmoins difficile dans un contexte de faible croissance et de tensions géopolitiques. Les finances publiques sont fortement sollicitées pour soutenir l’Ukraine face à la Russie, mais aussi pour investir dans la transition verte afin de faire face au réchauffement climatique.

(Avec l’AFP)

 
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